« Ce n’est pas juste une victoire personnelle, c’est la validation d’un modèle, c’est une vision qui triomphe, une preuve que l’on peut construire autrement » proclamait Aurore Abecassis, fondatrice et CEO d’Acmé mais aussi Femmes Forbes en 2024, à la remise de son award de la Meilleure Bootstrapeuse, décerné récemment par le Club Bootstrap.
Un club qui prend de l’ampleur au fil des ans puisqu’il réunit désormais plus d’une centaine d’entrepreneurs et entrepreneures qui veulent « promouvoir une autre figure de l’entrepreneuriat, en transition avec les codes parfois caricaturaux de la startup nation ». A l’heure où les financements se tarissent et que le chemin pour les obtenir est de plus en plus abrupt, beaucoup de startups font en effet le choix du bootstrap, donc de compter sur ses propres moyens pour se développer, sans faire appel à des investisseurs extérieurs.
Une philosophie entrepreneuriale audacieuse
Selon Aurore Abecassis, « c’est une philosophie entrepreneuriale audacieuse de bâtir une entreprise rentable, résiliente et fidèle à ses valeurs, mais à la création d’Acmé en 2019, le boostrap était une évidence pour garantir ma liberté, sans dépendre d’un tiers ». Un terme utilisé en écho par Wilfried Granier CEO de Superprof, qui a remporté l'award de la plus belle croissances externe au cours de la même soirée. « J'ai cherché à créer la boîte de mes rêves, que tu as envie de garder toute ta vie et pour cela tu as envie d'être totalement libre » témoigne celui qui est à la tête du « Airbnb des cours particuliers », présent aujourd'hui dans 54 pays avec un chiffre d'affaires de 60 millions d’euros en 2024 en croissance de 50 % par rapport à l’année précédente.
Un essor en grande partie porté par l’international, notamment les États-Unis où Superprof connaît une croissance de 100 %. Le pari était pourtant loin d’être gagné puisque l’entreprise a mis six années « avant d’y gagner le moindre dollar » précise Wilfried Granier. C’est d’ailleurs justement là où le bootstraping permet de prendre des risques quand « un fonds m’aurait dit d’abandonner au bout de trois ou quatre ans ». « Nous alternons entre prises de risques pour aller vite et gestion en plaçant nos trésoreries sur des comptes à terme » explique-t-il.
Le chiffre d’affaires et l’humain au cœur du projet
Selon lui, le nerf de la guerre, c’est d’ailleurs le chiffre d’affaires à développer par la vente de son produit « même s’il n’est pas parfait mais qui va s’améliorer ». Autre point clé : « surveiller son compte bancaire comme du lait sur le feu » car finalement le bootstraping permet de revenir aux fondamentaux d’une entreprise, gagner plus que ce qu’on dépense. « Cela nécessite une rigueur et la mise en place de process minutieux » conseille d’ailleurs Aurore Abecassis, qui vient de prendre un congé maternité pendant lequel « Acmé a tourné en autonomie grâce à sa structuration et l’implication des équipes. C’est une vraie réussite, car notre succès ne dépend pas d’une seule personne, c’est ce que permet aussi le bootstrap ».
L’humain, un terme mis en avant aussi par le Club Bootstrap « en proposant un cadre de travail épanouissant et bienveillant et en respectant ses parties prenantes ». « Je veux partager la valeur, et en plus d’être payés 10 à 15 % de plus que la moyenne du marché, mes salariés bénéficient d’un super bonus, pour partager de la valeur en fonction de la croissance qu'on fait » témoigne Wilfried Granier.