En France, 5,2 % des adolescents de 14 à 16 ans ne sont pas scolarisés et 110 000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme ni qualification selon l’Insee. Ce sont les jeunes issus des quartiers les plus défavorisés qui sont les plus touchés car la situation professionnelle des parents influence fortement le niveau d’études de leurs enfants.
D’autant qu’à cette problématique s’ajoute la moindre offre d’équipements sportifs et les freins à la pratique sportive dans les zones urbaines sensible alors que le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports considère que « les activités physiques et sportives constituent un élément important de l’éducation, de la culture, de l’intégration et de la vie sociale. Elles contribuent notamment à la lutte contre l’échec scolaire et la réduction des inégalités ».
L’École des XV
L’une des pistes proposées par la fondation Break Poverty pour changer la donne « consiste à ouvrir aux jeunes, dans le temps extra-scolaire, un champ riche d’opportunités et d’expériences sociales, culturelles, sportives, solidaires ou autres – toutes activités permettant aux jeunes d’avancer et de se construire ». C’est sur cette idée qu’a été imaginée en 2014 l'École des XV par Denis Philipon, président du club de Provence Rugby qui évolue en PRO D2 et fondateur de Voyage Privé. « L’idée n’est pas d'en faire des joueuses ou joueurs de rugby mais bien de redonner confiance en eux aux enfants pour qu'ils croient en eux et puissent réussir. Sur un terrain chacun a sa place, et ils peuvent s’y épanouir comme en classe finalement » explique Grégory Vignier, directeur général de l’École des XV.
La transmission des savoirs faire, des savoirs être et des savoirs devenir
Le projet a été bâti avec la volonté de transmission des savoirs faire, des savoirs être et des savoirs devenir. Les filles et garçons du CM2 à la 3ème issus de quartiers sensibles (QPV) sont ainsi accompagnés 12 heures par semaine sur le campus Voyage Privé où évolue l’équipe professionnelle de Provence Rugby. Ils sont accompagnés par des éducateurs, des professeurs et des bénévoles dans la gestion de leurs difficultés scolaires et sociales, afin d’améliorer leurs capacités d’apprentissage et de les aider à obtenir leur brevet. 4 heures sont aussi consacrées à la pratique du rugby, « où les notions de collectif, de confiance en soi et son partenaire, d’engagement, de respect sont fondamentales » souligne Vincent Bobin, directeur général de Provence Rugby. Lui-même est bénévole à l’École des XV, car « ces enfants n'ont pas les mêmes chances que les nôtres ». Provence Rugby a d’ailleurs remporté le trophée de l'Engagement Sociétal à la nuit du rugby organisée par la LNR.
L’essaimage du dispositif
« Après dix ans d’existence, l’ambition est d’essaimer ce dispositif à toutes les structures qui en font la demande sur d’autres territoires en difficulté, en plus des quatre déjà existantes » déclare Grégory Vignier. Depuis 2014, plus de 600 élèves ont ainsi suivi le programme au sein des Écoles des XV et plus de 1000 au sein des établissements scolaires sur la pause du déjeuner, avec « 100 % d'amélioration du comportement et 100 % d'orientations choisies et non plus subies ». Côté structures accompagnantes « nous pensons qu'un club de rugby sera plus performant s'il n'est pas que tourné sur lui » estime Vincent Bobin, dont les salariés du club sont quasiment tous bénévoles. « Nous avons de très fortes relations avec le monde de l’entreprise qui veut s’impliquer dans un projet sociétal de proximité par des dons financiers ou du mécénat de compétences, pour de l’aide aux devoirs ou des expertises juridiques, comptables ou autres » se réjouit d'ailleurs Grégory Vignier.