Après les baïonnettes, il y a eu les canons puis les lance-roquettes. Désormais les drones et l’intelligence artificielle font leur entrée sur les champs de bataille, qu’ils soient sur terre, en mer ou dans les airs. « Les robots mettent les soldats à distance mais il faut coordonner les différentes unités. Notre travail consiste à associer les drones et les soldats dans une nouvelle forme d’opération militaire. Ce changement radical de la défense implique de nouveaux outils pour commander plus efficacement les opérations » détaille Loïc Mougeolle, fondateur de Comand AI.

Après une première levée de fonds de trois millions d’euros à l’été 2023, la deeptech, fondée en 2023, annonce une nouvelle levée de 8,5 millions d’euros avec l’ambition de construire une équipe capable de concourir avec les meilleurs acteurs mondiaux de la défense mais aussi de la technologie. « La France possède l’une des meilleures industries mondiales de la défense avec des partenariats stratégiques qui facilitent l’internationalisation des startups mais le secteur doit s’ouvrir au domaine public car les concurrents de demain sont les leaders du numérique dans le civil. » Menée par Eurazeo avec la participation renouvelée de Frst, ainsi que l’entrée du fonds Expeditions Fund, cette levée réunit également des business angels parmi les plus prestigieux de la Silicon Valley.

Armée pour conquérir le monde

Les États-Unis ont pris la mesure de cette nécessaire transformation de leur défense en s’appuyant sur des profils plus technologiques depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie. « Il y a une urgence européenne pour rivaliser. » Pour accompagner la France et ses alliés, Comand AI a développé une plateforme, Prevail, avec deux modules. Le premier accélère le cycle de planification militaire pour démultiplier les capacités tactiques des officiers. « La planification est un travail collectif que nous accélérons pour que les décideurs puissent aller plus vite dans leur décision. »

Le second module tire quant à lui les enseignements des opérations menées en analysant les données afin de les intégrer dans la planification des prochaines missions. « En période de conflit, les décideurs ont besoin de ces analyses rapidement pour modifier la doctrine ou même l’entrainement des unités. » Désireuse d’avoir un impact réel sur les conflits en cours comme en Ukraine, Comand AI veut industrialiser sa solution qui allie le meilleur du monde de la défense au meilleur de la tech. La levée de fonds devrait donc lui permettre de passer d’une dizaine à une quarantaine de collaborateurs d’ici un an. « Nous hybridons deux mondes qui ne se côtoyaient pas. Nous sommes la seule entreprise du secteur de la défense à avoir intégré des personnes d’OpenAI. »

Après avoir conclu ses premiers contrats avec la France et six autres pays de l’OTAN, la startup souhaite augmenter sa force de frappe à l’international. « Nous avons déjà un bureau à Londres et nous envisageons un bureau dans un pays nordique ou pourquoi pas aux Émirats arabes. » Comand AI prévoit déjà une nouvelle levée à l’été 2025 pour consolider son développement.