Le changement est désormais officiel. Shine appartient désormais à l’entreprise danoise Ageras après la validation de l’acquisition annoncée au printemps par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Avec ce feu vert délivré par le gendarme français des services financiers, c’est donc une nouvelle ère qui s’ouvre pour la néobanque tricolore qui propose un compte pro en ligne pour les entreprises et les indépendants.

En juin dernier, Ageras, qui développe des logiciels de comptabilité, avait annoncé avoir conclu un accord exclusif avec Société Générale pour s’emparer de Shine. Une annonce qui est intervenue à peine quatre quatre ans après le rachat de l’entreprise française par le groupe bancaire. Mais ce dernier ayant changé de cap avec l’arrivée de Slawomir Krupa en tant que directeur général en mai 2023, les priorités ont changé.

Dans l’optique d’améliorer la rentabilité de Société Générale et de séduire davantage les investisseurs en redressant le cours de Bourse de la banque, le nouveau dirigeant est parti à la recherche d’économies. Et comme les stratégies d’innovation des grands groupes ont été revues à l’aune du contexte économique actuel, Shine a donc été mis en vente.

Shine, un tremplin vers la France pour Ageras

Désormais dans le giron d’Ageras, la néobanque française va nourrir l’ambition de son nouveau propriétaire danois pour l’aider à devenir un champion européen au service des petites entreprises. Dans ce cadre, les 150 000 clients de Shine ne seront pas de trop. Mais l’Hexagone hébergeant plus de 4 millions de PME, le potentiel à exploiter reste colossal.

Dans ce cadre, la licence d’établissement de paiement décrochée par Ageras dans le cadre du rachat de Shine devrait offrir à l’entreprise scandinave un tremplin bienvenu pour monter en puissance dans l’Hexagone. «En France, Shine est une référence du compte pro en ligne. Nous sommes impatients de proposer une solution complète et innovante aux entrepreneurs français, à l’image de ce que nous avons déjà réalisé dans d’autres pays», se réjouit Rico Andersen, co-fondateur et CEO d’Ageras.

Ce n’est donc pas un hasard si Shine constitue à ce jour la plus grosse acquisition d’Ageras, qui a levé 200 millions d’euros depuis sa création avec l’appui d’investisseurs comme Investcorp, Luxor Capital, Rabobank et Lazard. Toutefois, les modalités financières de l’opération n’ont pas été dévoilées. Mais Société Générale ayant déboursé 100 millions d’euros pour s’offrir Shine en 2020 selon la presse à l’époque, le montant est certainement inférieur au vu du contexte économique à l’heure actuelle et du souhait du groupe bancaire de se délester de cet actif pour lequel il ne nourrissait plus d’ambition.

La marque Shine va disparaître

Fondé en 2012 par Rico Andersen et Martin Hegelund, le groupe Ageras revendique plus de 300 000 PME clientes en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark. L’entreprise danoise entend s’appuyer sur Shine pour étoffer son offre de gestion comptable et administrative dans ces quatre pays. «Les entrepreneurs ont besoin de plus de simplicité dans un univers lourdement réglementé. Ils veulent gagner du temps, cherchent des solutions interconnectées. Le rapprochement entre Ageras et Shine est une évidence. Ensemble, nous proposerons une offre complète et innovante pour simplifier le quotidien de milliers d’entrepreneurs en France comme en Europe. Nous sommes impatients de débuter ce nouveau chapitre», indique Jean-Baptiste Sciandra, qui dirige Shine avec Fanta Duteïs depuis mars dernier. A noter qu’il est également devenu Chief Revenue Officer d'Ageras à la suite du rapprochement avec le groupe scandinave.

Dans cette nouvelle de son histoire, la marque Shine va-t-elle cependant survivre ? Entre les lignes, le patron d’Ageras indique qu’elle va disparaître à moyen terme. «Ageras n’est pas aussi connu que Shine en France, mais notre mission est de créer une seule plateforme. Et dans ce cadre, avoir un seul nom est la meilleure chose pour l’entreprise. Doucement, la marque Shine sera intégrée dans Ageras», explique ainsi Rico Andersen. Rien de très surprenant après une acquisition, mais c’est tout de même un acteur phare de l’écosystème fintech français qui s’apprête à disparaître. De son côté, Jean-Baptiste Sciandra préfère y voir «les opportunités excitantes pour se battre dans l’industrie fintech».