Les 10 et 11 février 2025, les projecteurs seront braqués sur Paris à l’occasion du Sommet pour l’Action sur l’Intelligence artificielle (IA). L’événement a vocation à prolonger les discussions initiées lors des sommets de Bletchley Park, en novembre 2023, et de Séoul, en mai 2024, pour «créer un mouvement collectif» autour des enjeux mondiaux sur l’IA, indique l’Élysée. L’impact environnemental de l’IA, son accessibilité et la gouvernance mondiale seront les principaux sujets évoqués lors de cet événement auquel Donald Trump et Elon Musk ont d’ores et déjà été conviés. Au total, une centaine de chefs d’État et 700 parties prenantes (entreprises, ONG, instituts de recherche…) sont attendus à cette occasion.
Pour préparer ce sommet, Emmanuel Macron s’est entouré d’une équipe emmenée par l’envoyée spéciale Anne Bouverot, ancienne directrice générale de la GSMA, l’association mondiale des opérateurs de télécommunications mobiles, et actuelle présidente du conseil d’administration de l’École normale supérieure. Elle a fondé la Fondation Abeona pour promouvoir une IA responsable et copréside l’Institut IA & Société à Paris.
Autour d’elle, il y a cinq envoyés thématiques pour travailler sur cinq axes forts du sommet : l’IA au service de l’intérêt public, l’avenir du travail, l’innovation et la culture, l’IA de confiance et la gouvernance mondiale de l’IA. Parmi ces envoyés, on retrouve des figures bien connues de l’écosystème tech dans l’Hexagone. Ainsi, Roxanne Varza, la directrice de Station F, s’occupe de la thématique dédiée à l’innovation et à la culture, tandis que Guillaume Poupard, directeur général de l’Anssi, l'agence nationale française de cybersécurité, de 2014 à 2022, et actuel directeur général adjoint de Décapote, la finale du numérique de La Poste, se consacre au sujet de l’IA de confiance.
Le Grand Palais, centre névralgique du sommet
A deux mois de l’événement, on connaît désormais les contours principaux de son organisation. Avant même le début officiel du sommet, la France passera «en mode IA» dès les 6 et 7 février, qui seront des journées scientifiques à destination des chercheurs et des économistes. L’Élysée assure que des prix Nobel et Turing seront présents pour l’occasion. Les 8 et 9 février, des journées culturelles prendront le relais avec «beaucoup d’événements ouverts au public», indique la présidence de la République. Ce sera l’occasion de sensibiliser le plus grand nombre aux questions soulevées par l’IA dans l’art et la culture.
Le 10 février, ce sera le coup d’envoi officiel du sommet. Celui-ci aura lieu au Grand Palais, à deux pas de l’Élysée à Paris. Près d’un millier de participants (chefs d’État, chercheurs, dirigeants d’entreprise, artistes, journalistes…) y sont attendus. «Ce sera une sorte de ruche», assurent les équipes d’Emmanuel Macron. Sous la verrière du Grand Palais, des ateliers et des conférences se tiendront pour débattre des sujets sur l’IA autour des cinq grandes thématiques retenues en amont. Cette journée se conclura par un dîner à l’Élysée avec les personnalités le plus emblématiques dans l’IA et les chefs d’État. Ces derniers se réuniront en comité restreint lors d’un sommet spécial IA le 11 février. En parallèle, sera organisé un «Business Day» pour les entreprises durant cette journée.
«Ce sera vraiment la semaine mondiale de l’IA à Paris»
A l’issue du sommet, des initiatives pourraient être annoncées, mais il est peu probable que des investissements dans l’IA soient révélés à cette occasion. «L’idée est de ne pas se cannibaliser avec Choose France, événement réservé aux annonces de grands investissements étrangers en France», précise l’Élysée.
Toujours est-il que Paris et la France vibreront donc au rythme de l’IA durant six jours consécutifs en février prochain. «Ce sera vraiment la semaine mondiale de l’IA à Paris. Elle permettra de mettre la France sur la carte mondiale du secteur», estiment les services du président de la République. L’Hexagone a déjà une place de choix sur la scène mondiale de l’IA, avec des pépites comme Mistral AI, les laboratoires de géants numériques américains, comme Google et Meta, et l’arrivée récente d’OpenAI, l’entreprise à l’origine de ChatGPT, à Paris.
Quelles attentes ?
Au-delà de faire de Paris l’épicentre de l’IA mondiale pendant plusieurs jours, que faut-il attendre de ce sommet ? L’Élysée assure que l’événement pourrait déboucher sur des mesures, comme une carte, des normes et des outils pour lutter contre la désinformation. «L’idée est d’avoir un discours plus concret sur les opportunités et les risques de l’IA pour que cela débouche sur de vraies mesures et actions», indiquent les équipes d’Emmanuel Macron. «On va accorder une place particulière à l’Europe dans ce sommet. Et c’est logique car nous avons un agenda européen très important autour de ce sommet», ajoutent ces dernières.
Après avoir déjà dégainé l’AI Act, l’Union européenne aura fort à faire dans les prochaines années pour trouver le bon équilibre entre innovation et régulation. «L’enjeu est de créer de l’unité dans un cadre de plus en plus fragmenté. Certains blocs s’isolent les uns des autres, et ce n’est pas ce qu’on souhaite. C’est l’un des objectifs de ce sommet, mais on veut faire en sorte que la dynamique se poursuive au-delà de celui-ci», indique l’Élysée. Avant d’ajouter : «L’IA ne doit pas être perçue comme une technologie élitiste, réservée aux grandes villes et aux startupeurs.» Il reste un peu plus de deux mois pour que le sommet français sur l’IA s’oriente dans cette direction. Plusieurs réunions de travail auront lieu d’ici là pour préparer l’événement, notamment ce vendredi 6 décembre, à la veille de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, avec une poignée d’entrepreneurs américains et de chercheurs.