Ils étaient 160 sur la ligne de départ et dix finalistes à pitcher hier devant un jury et une salle comble, à l’Institut du monde arabe. En fin de journée, le concours Mastercard For Fintechs a récompensé Rauva, une fintech fondée au Portugal en 2022 par Jon Fath et Sam Mizrahi, qui n’en sont pas à leur coup d’essai.
Les PME et les fintechs : une histoire prometteuse
Avec un compte pro, un service de facturation et une solution de gestion des dépenses, Rauva s’adresse avant tout aux entrepreneurs : « Start, run and grow your business in Portugal ». Rauva venait de souffler sa première bougie l’an dernier, quand elle a racheté… une banque ! Rauva a en effet annoncé fin 2023 l’acquisition de Banco Empresas Montepio (Portugal) pour un montant de 30 millions d'euros. Objectif : proposer de nouveaux produits financiers axés sur les petites et moyennes entreprises (PME), mais aussi des solutions de crédit.
Et ce positionnement vers les PME a sans doute largement séduit le jury. Paloma Real, Présidente de la division Europe de l'Ouest chez Mastercard, souligne que « l’indice EY Global Fintech Adoption de 2019 montre que 25% des PME ont adopté les solutions fintech à l'échelle mondiale, grâce à la grande variété de fonctionnalités et à leur facilité d'utilisation. Cet appétit des PME pour adopter des solutions fintech a considérablement augmenté après la pandémie de Covid. »
Dix pitchs intéressants
Parmi les finalistes, on trouvait deux Français, qui tous les deux avaient choisi l’angle de l’inclusion : Arbia Smiti, CEO de Rosaly et Ali Hamritié, CEO et co-fondateur de Rollee. Arbia Smiti était d’ailleurs l’unique pitcheuse (une femme sur dix finalistes), ce qui confirme les statistiques évoquées dans cet article.
Les dix finalistes (Rauva - Withless - Rosaly - Go Dutch - Embat - Finflag - Pay4You - Rollee - Tot - Silbo) ont présenté des offres très variées, de Go Dutch qui s’attaque aux marges des banques, à Silbo qui se glisse dans Whatsapp.
Rauva reçoit l’équivalent de 50 000 euros en soutien marketing, un accès aux actifs de parrainage de Mastercard, un accès privilégié à la journée finale de sélection du programme Start Path, ainsi qu’un mentorat de la part d'experts et de fondateurs de l'écosystème.
Partage d’expérience entre pairs
Plus de 290 participants de l'écosystème français des fintechs étaient présents hier et ont pu, entre les pitchs, assister à des tables rondes et des keynotes. On a ainsi entendu Albertine Lecointe, Vice-Présidente de la stratégie de Qonto, identifier les trois éléments qui ont permis le succès rapide de Qonto : l’identification d’un vrai « pain » sur le marché, l’arrivée en six mois seulement à un « bon product market fit » et l’expansion européenne pensée dès le départ, avec un nom et un design conçu pour l’Europe - et non pour la France seule.
Parmi les autres speakers, Brittney Urich VanHorssen, Expert UX, Paiements et Fintech, a donné sept conseils pour « des expériences utilisateur exceptionnelles », dont ces deux-là, qui font sourire, mais sonnent juste : « Évitez le jargon, personne ne s’est jamais plaint d’un contenu trop facile à comprendre. Et ne testez pas vous-mêmes votre produit.Vraiment. Vous ne pouvez pas faire ça. Comptez cinq testeurs pour obtenir un ratio efficace entre le coût et la capacité de détecter les problèmes. »
Vers des solutions « ESG-compatibles »
Observatrice privilégiée de l'écosystème européen de la Fintech, Paloma Real (Mastercard) relève l’essor de la « finance intégrée ». « Elle est soutenue par deux moteurs principaux : l’intérêt des consommateurs, qui adoptent largement les produits financiers proposés par des marques non financières. Et la montée continue des Fintechs, dont beaucoup ne sont pas régulées, qui auront besoin du soutien des acteurs BaaS (Banking as a Service) pour lancer leurs produits et services. »
Elle souligne aussi la montée en puissance des sujets de durabilité, qui sont « passés d'une discussion au niveau des conseils d'administration à des cas d'usage réels et à des entreprises fondées sur les principes ESG. Nous voyons de nouvelles entreprises dans toute l'Europe, en particulier au Royaume-Uni et en France, avec de nombreuses initiatives à vocation sociale, et pas seulement environnementale. En fait, nous sommes ravis de constater que 20% des fintechs qui rejoignent notre programme MFF se concentrent sur des solutions soutenant les objectifs ESG. »