Plus de tech, plus ouvertes sur les régions, plus d’impact : c’est ce qui ressort de l'étude publiée par Cambon Partners sur le paysage de la levée de fonds entre 10 et 50 millions d'euros en France. Menée auprès de 460 startups analysées entre juin 2018 et septembre 2024, elle permet de mieux comprendre les évolutions post-période d’euphorie. « Plutôt que de crise, je parlerais plutôt de phase de retour à la normale après des années de digitalisation à marche forcée suite à la pandémie » considère Romain Dehaussy, associé chez Cambon, qui a réalisé plus de 450 transactions depuis 20 ans, dont 50 rien que pour l’année 2023.

Les entreprises en phase de démarrage mettent ainsi désormais 6 ans en moyenne pour lever un premier tour de table de 10 à 50 millions d'euros dans le marché actuel contre 5,5 ans pendant la période d'euphorie. Et 45 % des cycles de financement ont été conseillés par un leveur de fonds contre 41 % auparavant. Selon Romain Dehaussy, « le marché progresse, mûrit et cette étude nous a permis d’en soulever des aspects importants, certains intuitifs et d’autres étonnamment beaucoup moins ».

Les régions et la tech gagnent du terrain

« Nous pensions notamment que dans ce contexte, le marché aurait tendance à se concentrer sur la région parisienne, alors que les chiffres montrent l’effet inverse », poursuit-il. 30 % des startups qui ont en effet levé un tour de table de 10 à 50 millions d'euros sont situées en dehors de l’Île-de-France, alors qu’elles n’étaient que 17 % pendant la période d'euphorie. De nouveaux pôles émergent aussi puisque plus que 70 % au lieu de 83 % des sièges sociaux des startups sont situés en région parisienne.

D’ailleurs les startups basées à Paris sont plus souvent fondées par des entrepreneurs en série que celles situées en dehors, 43 % à Paris contre 30 % en dehors de Paris. « C’est un point qui nous a marqués : de plus en plus d’entrepreneurs ne sont pas issus de l’écosystème des startups avec un profil plus tech, hardware » souligne Romain Dehaussy. 74 % des startups ont au moins un fondateur qui a étudié un sujet STEM (science, technologie, ingénierie ou mathématiques) dans le marché actuel contre 65 % auparavant. Il faut dire aussi que les startups orientées B2C ne représentent plus que 16 % des levées de fonds de 10 à 50 millions d'euros contre 25% auparavant.

 

Moins de bits et plus d’atomes

« Il semblerait aussi qu’il faille moins de bits et plus d'atomes, avec des startups plus tournées vers l’énergie et l’impact » résume malicieusement Romain Dehaussy. Si les Fintech et Insurtech dominent toujours les tours de 10 à 50 millions d'euros, les Agtech et Foodtech occupent désormais une plus grande place, mais surtout l’énergie à 13 %, contre 5 %. Une donnée qui s'explique aussi en partie par les investissements étrangers qui se maintiennent malgré la crise (58 % versus 57 %). « C'est aussi effectivement une surprise, mais aussi une bonne nouvelle parce que les fonds étrangers sont en général plus spécialisés et ça permet de mieux grandir, surtout dans un marché du financement mondialisé, ou en tout cas européeanisé » conclut-il.