Coup de tonnerre dans la tech : Northvolt est proche de la sortie de route ! En effet, l’entreprise suédoise, qui affichait de très grandes ambitions sur le marché des batteries électriques, a demandé ce 21 novembre son placement sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Une manière pour l’entreprise scandinave de se restructurer sans être plombée par les demandes des créanciers, dans l’espoir de repartir sur de bonnes bases dans quelques mois.
Dans la foulée, le co-fondateur du groupe, Peter Carlsson, a démissionné de son poste de PDG, a annoncé vendredi le groupe en grandes difficultés financières. Un scénario catastrophe qui envoie un signal alarmant aux acteurs acteurs de l’écosystème européen. Ces derniers ayant du mal à faire face à la concurrence des acteurs chinois, qui affichent des coûts faibles intenables à suivre, ils vont devoir se réinventer pour ne pas sombrer.
La «Silicon Valley européenne des batteries» a du plomb dans l’aile
En attendant, les mois à venir s’annoncent particulièrement difficiles pour Northvolt et 2025 scellera le rebond ou la disparition d’une entreprise qui semblait avoir un appétit sans limite pour devenir un mastodonte européen des batteries électriques. Chez Maddyness, nous avions d’ailleurs pu constater par nous-mêmes les efforts déployés par la société pour être à la hauteur de ses ambitions. Et pour cause, nous avons visité le laboratoire de recherche de Northvolt, à une heure de train de Stockholm, en juin dernier. «Ici, nous voulons créer la Silicon Valley des batteries», assurait alors Sami Haikala, Chief Development Officer de Northvolt, qui menait la visite. Des propos qui ont pris un sacré coup de vieux seulement quelques mois plus tard.
Pourtant, les responsables du groupe suédois étaient encore confiants au printemps dernier, en faisant l’éloge de son centre R&D, qui représente l’équivalent de 96 piscines olympiques, de sa méga-usine de Skellefteå, cette petite ville du nord de la Suède, et d’un carnet de commandes s’élevant de 55 milliards de dollars. Des chiffres impressionnants, mais qui témoigne de la folie des grandeurs ayant mené Northvolt au bord du gouffre.
Descente aux enfers après une commande avortée de 2 milliards d’euros
Les dirigeants de la société scandinave n’avaient pas anticipé les difficultés à maîtriser la technologie, ce qui a entraîné des retards de production et fait perdre patience à certains clients, à commencer par BMW. Ainsi, le constructeur automobile allemand a annulé en juin dernier une commande de 2 milliards d’euros. Un premier gros coup dur qui annonçait des mois suivants encore plus pénibles. Comme l’entreprise a eu les yeux plus gros que le vente, en multipliant les projets d’usine dans le monde alors que sa première gigafactory ne tournait pas encore à plein régime, le retour de bâton n’en a été que plus violent.
Alors que la survie de Northvolt ne tient plus qu’à un fil, c’est tout un pan de la tech européenne qui retient désormais son souffle. Surtout que les difficultés actuelles du groupe suédois ne sont pas un cas isolé. Le fabricant ACC (Automotive Cells Company), coentreprise lancée par Stellantis, Mercedes et TotalEnergies, traverse également une passe difficile, au point de revoir à la baisse ses ambitions pour sa première gigafactory dans le nord de la France.
Un signal qui doit inviter Verkor à la prudence
Tout ce faisceau de signaux négatifs suscite une forte inquiétude pour les autres acteurs technologiques qui évoluent sur le marché des batteries électriques. Dans la French Tech, les espoirs reposent notamment sur Verkor, startup grenobloise qui a de fortes ambitions dans le secteur.
La société tricolore a frappé fort l'an passé, avec une série C de 850 millions d’euros, renforcée par un financement bancaire de 600 millions d'euros de la Banque européenne d’investissement (BEI) et des subventions françaises d’un montant d’environ 650 millions d’euros. En amassant plus de 2 milliards d'euros, Verkor s'est donné les moyens de faire sortir de terre sa première gigafactory, un terme qui semblait jusque-là réservé à des mastodontes comme Tesla.
Située dans le port de Dunkerque, cette usine de 100 000 m2, construite sur 80 hectares, devrait être opérationnelle d’ici 2025, avec l'ambition de lancer une production initiale de 16 GWh/an (50 GWh/an en 2030) capable d’équiper 300 000 véhicules électriques par an. Des chiffres qui font rêver mais qui doivent être en ligne avec la réalité économique et technologique du moment. Northvolt ayant essuyé les plâtres, Verkor est désormais prévenu.