Fin 2024, selon les derniers chiffres, près de 3 000 startups revendiquent une vocation industrielle en France, soit près de 500 supplémentaires par rapport à la même période de l’année précédente. Pourtant, bien que le nombre de jeunes pousses innovantes et soucieuses de contribuer tant à renforcer la souveraineté qu’à augmenter la compétitivité de la France, ne cesse de croître, elles rencontrent davantage de difficultés à passer échelle.

Ce ne sont pas tant les résultats du Baromètre 2024, qui portent sur l'année précédente, que les projections de ses auteurs qui confirment cette tendance. En effet, le contexte économique s'est avéré plus difficile pour l'écosystème des startups cette année. Une réalité confirmée sur une tonalité néanmoins optimiste par Paul-François Fournier, directeur exécutif Innovation Bpifrance qui sonde régulièrement l’écosystème des TPE-PME et startups françaises à travers les études du Lab et l’Observatoire des startups et PME industrielles : “Tous les acteurs concernés unissent désormais leurs efforts et ce baromètre se veut être une base commune. Il offre une vision complète à l'aide de nombreuses données chiffrées. Certes, des obstacles peuvent parfois entraver notre progression, mais notre ambition demeure intacte. Chez Bpifrance, elle se renforce même et nous observons une transformation assez profonde de la façon dont la production se met en place par l’innovation. Ça passe, entre autres, par l'apparition de ces startups industrielles.”

Des chiffres à la baisse 

En 2023, 50% des fonds levés l'avaient été par des startups industrielles. Toutefois, selon Raphaël Didier, directeur du Pôle Investissement amorçage industriel chez Bpifrance, cette part devrait diminuer de 10 à 20 points en 2024, en raison de l'augmentation du fléchage des levées de fonds vers le secteur de l'IA. « La dynamique est moins positive , résume-t-il, avant d'ajouter : Cela se ressent également dans le nombre de sites inaugurés cette année, que nous estimons à une trentaine, bien que l'année ne soit pas terminée”.

En 2023, 60 sites industriels avaient été inaugurés par des startups contre 58 par des TPE PME. Cependant, étant donné les conditions économiques plus difficiles rencontrées par les startups en 2024, il est en effet désormais plus que probable que cet équilibre soit rompu “Nous sommes en train d'acquérir une expertise dans la création d'usines pour les startups, et il est évident que nous avons parfois été trop ambitieux. Néanmoins, cela ne remet pas en cause le rôle essentiel des startups en tant que moteur de la réindustrialisation française. Elles constituent un outil complémentaire, relativement unique en Europe.”

Des enjeux bien identifiés

"Pour Paul François Fournier, directeur exécutif Innovation, il n'y a pas lieu de s'alarmer : "La dynamique reste présente, comme en témoigne la création d'usines remarquables en 2024, notamment Expliseat. Il est désormais primordial de continuer à attirer davantage de capitaux privés", rappelle-t-il. D'autres inaugurations d'usines sont à signaler en 2024, telles que Limatech dans le domaine des batteries ou encore Dracula Technologies dans le photovoltaïque.

Raphaël Didier, directeur du Pôle Investissement amorçage industriel chez Bpifrance, partage cet optimisme et rappelle la multitude de dispositifs mis en place par Bpifrance pour soutenir les startups industrielles : "Les appels à projets 'Première usine', le prix 'Nouvelle industrie', le fonds Bpifrance amorçage industriels, sont autant d'outils à leur disposition. À cela s'ajoutent tous les dispositifs d'accompagnement en amont de la phase d'industrialisation, notamment en matière de R&D."

Sandrine Coquelard, directrice des expertises juridiques et Économiste pour l'attractivité des investissements à Business France, qui accompagne des startups industrielles étrangères, identifie trois autres enjeux majeurs en plus du financement : "À cela s'ajoutent des problématiques de formation, nécessitant le développement d'initiatives comme les écoles de la batterie dans le nord de la France. S'y ajoutent également les enjeux liés à l'accès au foncier et à l'implantation sur les territoires, ainsi qu'un besoin de simplification des démarches administratives", énumère-t-elle.