Intelligence artificielle générative. Si le sujet a explosé il y a deux ans avec l’arrivée de ChatGPT, les entreprises se sont emparées des questions d’intelligence artificielle il y a quelques années déjà. Alors comment s'organisent les services de data, la mise en place de l’IA dans les grands groupes et les ETI ? Où en est-on ? Et un chief IA officer, combien gagne-t-il ?
Le cabinet de chasse de tête Heidrick & Struggles dévoile son étude mondiale sur les organisations de direction, les rémunérations et les acteurs de l’IA : «L’IA continue de s’implanter durablement dans les entreprises.» 82% des répondants estiment que l’intelligence artificielle est pleinement intégrée à la stratégie de leur entreprise. Une part en hausse de six points par rapport à l’année dernière. Une évolution non négligeable et qui se ressent dans les organisations et leur gouvernance.
Des équipes bien installées : depuis au moins 5 ans
Les équipes chargées de l’intelligence artificielle sont de mieux en mieux intégrées dans les process et la stratégie des entreprises, au plus haut niveau. «L’IA est de plus en plus mature, les organisations sont claires», appuie Frédéric Groussolles, associé chez Heidrick & Struggles. 31% des experts de l’IA et de la data dans les entreprises sont en poste depuis 5 ans ou plus. Les équipes tendent également à se rationaliser et à se stabiliser. La part des équipes de plus de 100 personnes diminue de 10%, au contraire des équipes de 25 à 50 personnes et de 75 à 100 personnes qui augmentent légèrement pour représenter 25% et 12% du panel.
«Les fiches de poste sont mieux définies, les différentes fonctions s’articulent mieux en elles, il y a une meilleure compréhension des besoins et des méthodes de travail, ce qui fait qu'on rationalise le fonctionnement des équipes de manière à ce que chacun travaille de manière fluide», souligne Frédéric Groussolles. Il note également deux cas d’usages majeurs pour l’intelligence artificielle (générative ou non) dans les entreprises : en interne, l’accélération de la productivité et des process, en externe : la relation client.
292 000 dollars annuels de rémunération en France
L’étude mondiale, qui a interrogé des responsables IA et/ou data dans des entreprises mondiales ETI, scaleups ou grands groupes mais aucune spécialisée dans l’intelligence artificielle, relève que les salaires de ces acteurs ont également significativement augmenté. «En Europe, elles sont passées de 261 000 dollars annuels en moyenne l’année dernière à 291 000 dollars, hors bonus.» Si l’on zoome sur la France, la rémunération moyenne de ces cadres hors bonus se place autour des 292 000 dollars de rémunération annuelle. Cette tendance à la hausse concerne presque toutes les entreprises interrogées.
Cette hausse des salaires s'accompagne de nouvelles responsabilités. «Le nombre de responsables data ou IA qui rapportent directement au CEO a doublé. De 17% en 2023, ils sont 31% en 2024», relève l’expert d’Heidrick & Struggles. «C’est positif.» 71% des répondants considèrent être suffisamment en contact avec leur conseil d’administration. Là, on note un changement par rapport à l’année passée, qui traduit une réelle prise de conscience : ce chiffre est en hausse de 15 points. Enfin, autre donnée en hausse, 51% de ces top exécutives considèrent que les membres des boards ont une compréhension satisfaisante des sujets relatifs à l’IA, à la data, contre seulement 46% l’année dernière.
Les grandes organisations, les ETI, les organisations se sont donc bien embarquées dans la transformation IA même si les cas d’usages restent à définir et à mettre en place dans les entreprises. 59% des responsables IA et data considèrent qu’ils disposent d’un budget adéquat pour la mise en place de cette technologie. L’autre grands défis de ces groupes : structurer, organiser et mettre à profit leur data.