Comme bon nombre de startups, Enky est née d’une quête personnelle, mêlée à un heureux concours de circonstances. Alors qu’il loue des appartements meublés, Aïssa Laroussi, déjà entrepreneur et à la recherche d’un nouveau projet professionnel enthousiasmant, s’interroge sur le marché. Il n’a pas envie d’investir inutilement dans des meubles onéreux, mais est tiraillé entre cette contrainte et son amour, depuis très longtemps déjà, du beau design. En cherchant des alternatives sur le marché, il s’aperçoit qu’il n’y a pas vraiment de services qui corresponde à ses exigences de qualité, de durabilité et de circularité… En revanche, il y a bel et bien “un marché énorme”.
Il imagine alors une solution étonnante : proposer un ensemble de meubles design et de qualité à louer sous forme d’abonnement, à moindre coût, à des acteurs professionnels. L’offre varie selon leurs besoins : avec ou sans option d’achat, avec une option de rachat par Enky à la fin du contrat.
Une plateforme de crowdlending pour financer le mobilier
A côté, Aïssa Laroussi et ses équipes imaginent Enky Invest : une plateforme d’investissement participatif via laquelle chacun peut investir dans le mobilier durable d’entreprises. L’achat de mobilier de la startup est ainsi financé par ces investisseurs. En 3 mois, 1 million d’euros est levé, grâce à plus de 1000 investisseurs.
“C’est une solution d’investissement avec un rendement de 6 à 8,5%, décorrélé du marché financier classique, justifie le CEO d’Enky. On a choisi de ne pas faire peser le risque sur les investisseurs. En cas de défaut de paiement, nous garantissons que l’on puisse récupérer sa mise de départ. Surtout, c’est un business facile à comprendre et tangible, axé autour de nouveaux modes de consommation : une mission à laquelle nos investisseurs adhèrent largement !”.
5 millions d’euros de meubles mis sur le marché
Dès le départ, ce “modèle vertueux”, entre abonnement et crowdlending, connaît un important succès.
Enky s’adresse aux bureaux, mais aussi à d’autres secteurs comme l’hôtellerie, ou les coworkings. Au total, la société a mis sur le marché depuis sa création du mobilier d’une valeur de 5 millions d’euros.
La première motivation des entreprises qui font appel à Enky “reste financière”, concède Aïssa Laroussi. “L’argument pratique et celui de la flexibilité ne font pas toujours mouche au début, même si finalement, les clients qui se laissent tenter par l’essai finissent par le constater : 80% d’entre eux nous sont fidèles !”
Et puis, il y a évidemment l’argument de l’écologie. Fini, l’achat de mobilier bas de gamme, faute de trésorerie suffisante. Fini aussi, les tonnes de matériel jetées à la fin d’un bail commercial…
Une levée de fonds pour promouvoir la seconde main
Fort de l’engagement de sa communauté actuelle, Enky a lancé le 6 novembre une nouvelle campagne de crowdfunding en propre pour financer d’autres projets. “Jusqu’à présent, le mobilier que l’on faisait entrer en circulation était un mobilier neuf, fabriqué en Europe. Mais on s’est aperçus que la demande pour le mobilier de seconde main était énorme. Il y a là encore un véritable marché !” s’enthousiasme Aïssa Laroussi.
Les chiffres lui donnent raison : la seconde main connaît actuellement une croissance exponentielle, de 22% par an.
“Les solutions de seconde main qui existent pour le moment ne sont pas suffisamment complètes et constantes. Il y a beaucoup de petits acteurs, mais la qualité n’est pas toujours là, et les process sont encore laborieux”, explique le dirigeant. Son objectif est d’aller sourcer un matériel de qualité, à rénover dans ses propres ateliers, en France, puis à Londres, où la société s’implante peu à peu. La seconde main sera pleinement intégrée dans le modèle d’abonnement déjà proposé par l’entreprise, afin de promouvoir l’achat circulaire.