Entre 38 et 40 % des entrepreneurs d’Ile-de-France s’avèrent être des femmes. « C’est un progrès ! En 2011, quand nous avons lancé le concours Créatrices d’Avenir, elles n’étaient que 28 % » se souvient Francine Savidan, présidente d’Initiative Ile-de-France. Si l’écosystème de la création d’entreprise s’est saisi de l’entrepreneuriat des femmes, les chiffres traduisent les progrès qui restent à faire.
Dans une étude menée auprès de 755 femmes de son réseau à l’occasion de l’édition 2024 du concours Créatrices d’Avenir, Initiative Ile-de-France montre que le sexisme demeure un frein dans l’entrepreneuriat des femmes. 51% des entrepreneures déclarent ainsi avoir déjà été confrontées à des obstacles ou discriminations directement liés à leur genre.
Encore des progrès à faire
Parmi elles, près de 70% ont dû faire face à des stéréotypes sexistes tandis que près de 60% ont eu à réagir à des commentaires déplacés. « Etes vous sûre de vouloir faire ce métier, ce n’est pas pour les femmes ? ou encore Comment allez-vous gérer une entreprise et la gestion du foyer ? Ces questions relèvent de la discrimination. Il m’est arrivé d’intervenir dans les jurys d’attribution auxquels je participe pour faire cesser ces stéréotypes » regrette Francine Savidan qui identifient encore quelques secteurs d’activité peinant à se féminiser comme le bâtiment, les transports, la mécanique et la mobilité.
La présidente s’insurge même quand elle met en avant le chiffre de 7%, le nombre de femmes interrogées confrontées à des situations de harcèlement sexuel ! « Il y a encore des résistances dans l’entrepreneuriat des femmes. » Les situations amènent quatre entrepreneures sur dix à considérer leur genre comme un handicap auprès de leurs partenaires qu’ils soient clients, prospects, investisseurs ou encore partenaires commerciaux ; au point que leur statut de femme pèse pour certaines comme un frein dans le développement de leur projet d’entreprise.
Les compétences n’ont pas de genre
Toutefois, les femmes contribuent parfois elles-mêmes à véhiculer ces préjugés. « Elles ont tendance à minimiser leurs projets et ont plus de mal à engager des emprunts par exemple. » Au cours de son étude, Initiative Ile-de-France a interrogé les entrepreneures sur les outils qui les aideraient à dépasser les discriminations dont elles sont victimes. « Je pensais qu’elles auraient besoin de développer leur confiance en elles mais elles plébiscitent un appui d’ordre financier à 81%, une aide au montage de projet pour 79% d’entre elles, ou encore un soutien à la mise en réseau à hauteur de 67%. »
Au-delà des chiffres, Francine Savidan insiste sur ce qui fait le succès d’un projet d’entrepreneuriat. « La capacité de la personne à mobiliser sa clientèle, à attaquer son marché, à réunir les fonds, à s’intégrer dans un écosystème, à se faire une place sur les réseaux sociaux… Ce sont les problématiques d’un bon entrepreneur et le genre n’intervient pas. Toutefois, il reste un long processus d’acculturation ce qui amène encore les femmes à penser qu’elles doivent fournir le double d’efforts pour montrer leurs compétences. » A travers le concours Créatrices d’Avenir, le Réseau d’Ile-de-France entend donner de la visibilité aux joyaux féminins de son territoire et faire émerger des rôles modèles aussi bien dans l’artisanat, l’innovation que dans les quartiers.