Saviez-vous que certaines bases du “deep learning” auraient vu le jour en Autriche, à Linz ? C’est en effet là-bas, au sein du laboratoire d'Intelligence Artificielle de l'Institut de Technologie de Linz (LIT) que le professeur Sepp Hochreiter a développé dès les années 1990 des théories sur l’architecture des réseaux de neurones, qui ont trouvé plus tard des applications dans la reconnaissance vocale.
Un environnement propice pour déployer plus facilement sa solution
Aujourd’hui, le pays poursuit sur cette lancée : il s’est construit de solides expertises de recherche en IA dans la robotique, la conduite autonome, l’analyse d’image et de vidéos, le traitement du langage et la reconnaissance vocale, ou encore la maintenance prédictive pour l’industrie 4.0. Mais l’IA n’est pas son seul point fort : l’Autriche entend également jouer un rôle de premier plan dans les domaines de la cybersécurité et des technologies quantiques.
Pour y parvenir, le pays dispose de nombreux atouts, comme l’explique Renaud Viot, membre du board de l’association French Startups Vienna : “en Autriche, les entreprises technologiques et deep tech bénéficient d'un soutien financier significatif, d'un accès facilité à des réseaux efficaces et de l’accompagnement d'experts et de partenaires, notamment de l'Austrian Business Agency (ABA). Cet environnement propice permet de présenter et de déployer plus facilement une solution sur le marché autrichien que dans d'autres pays”.
Un centre mondial pour la technologie quantique
Plusieurs startups européennes du secteur de l’informatique quantique se sont déjà laissées convaincre par ces arguments, à l’image de l’allemande planqc, pionnier dans le développement d'ordinateurs quantiques, qui a ouvert un bureau à Innsbruck.
“L’environnement de recherche autrichien dans le domaine de la technologie quantique est depuis de nombreuses années parmi les meilleurs du monde. C'était donc une étape logique pour planqc d'étendre nos activités en Autriche”, explique ainsi Alexander Glätzle, son CEO et co-fondateur. Au passage, celui-ci met aussi en avant un autre argument déterminant : “l'écosystème local du quantique nous permet d’accéder à un important vivier de talents, dans lequel se trouvent certains des talents les plus brillants de notre secteur”.
Dans le domaine de l’informatique quantique, l’Autriche peut en effet s’appuyer sur son centre d’excellence à l’Université d’Innsbruck, où a enseigné le prix Nobel Anton Zeilinger, célèbre pour ses expériences sur l'intrication quantique et sa contribution à l’IA dans ce domaine. L'Institut autrichien de technologie (AIT) s'est aussi imposé comme une institution de premier plan dans la recherche quantique européenne : il a été désigné pour diriger des projets menés dans le cadre de l'initiative européenne "OPEN QKD" et contribue au développement d'une infrastructure de communications quantiques à l'épreuve du piratage.
“L'Autriche est un centre mondial pour la technologie quantique, ce qui offre à ParityQC de très bonnes conditions, grâce à ses institutions de recherche renommées et à son vaste réseau d'experts dans le domaine”, confirment pour leur part Wolfgang Lechner et Magdalena Hauser, les deux co-CEO de ParityQC, un spin-off de l'université d'Innsbruck et de l'Académie autrichienne des sciences, qui développe des systèmes d'exploitation pour ordinateurs quantiques et génère déjà des revenus avec ses solutions.
Des dispositifs de soutien et d’accompagnement
Les deux co-CEO de ParityQC soulignent aussi la qualité des dispositifs de soutien et d’accompagnement pour les deeptechs en phase de lancement, notamment par le fonds d’investissement local aws Funder Fund et la FFG, l'agence autrichienne de promotion de la recherche, qui a investi plus de 100 millions d’euros dans le financement de projets innovants de startups en 2023.
La FFG n’est pas le seul acteur public qui compte : le Fonds autrichien pour la science (FWF) dispose quant à lui de 52 millions d'euros pour financer des projets de recherche fondamentale. En 2025, 140 millions d'euros seront également attribués via le "Fonds pour l'avenir de l'Autriche" (“Fonds Zukunft Österreich”). Les entreprises innovantes peuvent aussi bénéficier d’un crédit d'impôt recherche de 14%, quelle que soit la taille, le secteur ou la structure de l'entreprise, tandis que les chercheurs qui s'installent en Autriche bénéficient également d'avantages fiscaux intéressants.
Des réformes récentes, telles que l'introduction de la "société flexible" (Flexible Kapitalgesellschaft, ou FlexCo), une forme juridique simple et efficace pour les startups qui facilite le processus de création d'entreprises contribuent également à faciliter l’implantation de sociétés innovantes.
Conseil, mise en réseau, aide à l’implantation, accompagnement dans la recherche de financements et partenaires : l’ABA facilite toutes les démarches. Verena Gruber y est le point de contact pour les startups européennes. Elle sera notamment présente à Paris pour Hello Tomorrow, en mars 2025.