Pasqal avait prévenu en début d’année : 2024 sera l’année du passage à l’échelle. Et comme des actes valent mieux que des paroles, l’un des fers de lance français dans l’informatique quantique n’a pas tardé à frapper fort en signant au printemps un contrat avec Aramco, mastodonte mondial de la production de pétrole basé en Arabie saoudite. Si les modalités financières de cette alliance n’ont pas été dévoilées, il y a fort à parier qu’il s’agit d’un juteux partenariat, compte tenu de la puissance de la compagnie pétrolière saoudienne qui devrait recevoir un ordinateur quantique de l’entreprise tricolore, doté d’une puissance de 200 qubits, l’an prochain.
Après ce joli coup réalisé au Moyen-Orient, Pasqal ne veut pas s’arrêter là. Face à l’appétit de la région pour les nouvelles technologiques, et notamment l’IA et le quantique, la société française est consciente du potentiel commercial à exploiter dans cette partie du monde, au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie. Dans ce contexte, il n’était pas étonnant de retrouver Pasqal au Gitex de Dubaï en ce mois d’octobre.
«Le Moyen-Orient est notre deuxième marché»
Après une première participation l’an passé, sur le site dédié aux startups (Expand North Star) à Dubaï Harbour, l’entreprise tricolore s’est cette fois invitée dans le cœur du réacteur, au Dubaï World Trade Centre, pour se mettre davantage en avant. «C’est un salon à faire, car il est essentiel que l’on se montre. On se doit donc d’être au Gitex pour asseoir notre positionnement au Moyen-Orient», résume Florent Verthuy, en charge de l’expansion internationale de la société.
Avant même son contrat avec Aramco, le Moyen-Orient était déjà une région stratégique pour Pasqal. «Nous avons ouvert une filiale en Arabie saoudite il y a deux ans. Aujourd’hui, le Moyen-Orient est notre deuxième marché, après l’Europe mais devant l’Asie et les États-Unis, qui sont à l’heure actuelle deux régions en forte progression également. Clairement, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Qatar sont prêts à investir dans les dernières ruptures technologiques. Ils souhaitent créer des pôles de compétences importants. Par conséquent, être au Gitex, le salon IT le plus impactant au Moyen-Orient, s'avère être une évidence», explique Christophe Legrand, responsable des ventes pour la région Europe, Afrique et Moyen-Orient.
Ce dernier a joué un rôle clé dans la signature du contrat avec Aramco. «J’étais à l’initiative du deal avec Aramco. Certes, nous avons un fonds saoudien au capital : Wa’ed, bras armé financier d’Aramco dans le venture capital. Mais il fallu qu’on leur montre comment développer des cas d’usage au-delà de leur cœur de métier», précise-t-il. En attendant la livraison de la machine en 2025, le dirigeant espère que la présence de Pasqal au Gitex va permettre d’initier des discussions avec des acteurs locaux, notamment dans l’industrie logistique et le secteur portuaire.
Vers un nouveau tour de table pour accélérer la phase d’industrialisation
En attendant que le carnet de commandes se remplisse encore davantage dans la région, Pasqal pourrait être tenté de réaliser un nouveau tour de table pour passer la vitesse supérieure après avoir bouclé un financement en série B de 100 millions d’euros en janvier 2023. «Il est toujours important d'avoir des fonds et des investissements nous permettant d'accélérer l'expansion et l'industrialisation à l'international, et notamment au Moyen-Orient», confirme Florent Verthuy.
Dans un secteur aussi concurrentiel que l’informatique quantique, il est également indispensable de renforcer la R&D pour faire la différence à moyen terme au niveau commercial. La startup tricolore espère ainsi produire une machine embarquant une puissance de 10 000 qubits d’ici deux ans.
Pour passer à la phase d’industrialisation, elle pourra aussi compter sur l’apport du programme «Proqcima» de la Direction générale de l’armement (DGA). «C’est un vrai coup de boost, avec 500 millions d’euros déployés sur 15 ans», souligne le responsable du développement à l’international de Pasqal. Un soutien utile pour la société, comme pour d’autres pépites françaises du quantique, comme Quandela, C12, Alice&Bob et Quobly.