Le choix de Dunkerque pour accueillir la 25e édition des Assises Européennes de la Transition Énergétique, placée sous le thème « Transformons nos contraintes en opportunités », n’est pas anodin. La cité de Jean Bart a été retenue par l’Union européenne dans le cadre du programme NetZeroCities qui vise à accompagner 100 villes pour être climatiquement neutres et intelligentes d’ici 2030. La Communauté urbaine de Dunkerque a en effet adopté une stratégie ambitieuse de décarbonation pour répondre à ce défi majeur pour revisiter les modes de production, de consommation, et de transport.

C’est d’ailleurs sur ce territoire qu’a été lancé en 2019, Euraénergie (devenu aujourd’hui ÉcosystèmeD), un catalyseur des actions menées en matière de transition énergétique. Dunkerque fait aussi partie de la Vallée française de la batterie avec l’implantation de gigafactories comme celle de Vektor et Prologium, de la préparation de composants au recyclage, en passant par la recherche et développement. Autant d’atouts pour accueillir les acteurs engagés dans la transition énergétique des territoires pour cet événement qui réunit plus de 3000 participants avec plus de 150 rendez-vous : plénières, tables rondes, ateliers ou encore visites de sites.

La place de la France dans la mobilité décarbonée

Selon François Gemenne, politologue et co-auteur du 6e rapport du GIEC, et grand témoin de l’événement, « à nous de montrer concrètement que la transition est en marche, et qu’elle peut être le moteur d’un formidable projet économique et d’un nouveau contrat social ». Notamment sur la place de la France dans la mobilité décarbonée en Europe qui était le thème abordé lors d’une table ronde. Le transport constitue en effet la première source d’émissions de gaz à effet de serre dans le pays à hauteur de 30 %, produits à 53 % par les voitures particulières. « Avec 1,2 million de véhicules 100 % électriques, nous faisons partie des plus gros parcs européens, mais aussi le premier exportateur d’électricité, ça prouve que nous devrions réussir à prendre une place importante » prédit Alfred Richard, cofondateur de Nelson Mobility le premier logiciel entièrement dédié à la transition énergétique des flottes de véhicules d’entreprises.

« L’électrification est en marche, aujourd’hui le TCO est inférieur en électrique que le thermique, sur beaucoup de cas d’usages » a souligné François Oudot, cofondateur de Bump, spécialisée dans l'installation de bornes de recharge pour véhicules électriques. Encore faudrait-il que les entreprises accélèrent franchement sur ce sujet car selon lui « les entreprises ont une responsabilité de faire naître le marché car elles achètent 50 % des véhicules neufs qui finissent ensuite dans le marché d’occasion pour le particulier ». L’électrification d’une flotte d’entreprise nécessite cependant d’engager un grand projet de transformation, très transverse, puisqu’il engage de nombreuses directions, immobilière, gestionnaire de flotte, RH… Et c’est là où les startups ont une carte à jouer par l’expertise et la flexibilité qu’elles procurent.

L’industrie, nouvel eldorado pour les startups françaises

La relation entre startups et grands groupes faisait d’ailleurs l’objet d’une autre table ronde, spécifiquement dans le secteur industriel. Selon l’un des intervenants, Jean-Pierre Triquet, directeur du Digital Lab d’ArcelorMittal, « il y a à peu près 12000 startups en France, dont 950 taguées industrie 4.0, donc la vraie question c’est comment initier une dynamique forte pour permettre à des startups de venir proposer des solutions à des industriels ». Une des réponses : l’open innovation, comme la pratique notamment EDF Pulse. « Nous sommes surtout des connecteurs entre la startup et les bonnes personnes dans le groupe, ses clients, partenaires ou équipes R&D. C’est un peu un Tinder de l’innovation » a expliqué Catherine Fraissenon, sa responsable, qui rêve de pouvoir « identifier un besoin métier, regarder les solutions en interne et en externe, et faire des sprints très courts tous ensemble pour régler le problème ».

Pour Jean-Pierre Triquet, l’open innovation se construit « d’abord avec les gens du métier pour faire du transfert de connaissances vers la startup et leur transmettre leurs problématiques, mais aussi en ouvrant les portes des lieux industriels pour que les startups comprennent la réalité et les besoins réels ». Sur ce sujet, le rôle des acteurs institutionnels et privés territoriaux est primordial comme cela a d’ailleurs été le cas à Dunkerque, entre le milieu industriel, la Communauté urbaine de Dunkerque, le Grand Port Maritime de Dunkerque et la Chambre de Commerce et D’industrie du Littoral Hauts-de-France.