200 000 visiteurs attendus, 6 500 exposants, 1 200 investisseurs… Pour son édition 2024, le Gitex ne veut pas faire dans demi-mesure. A l’image de l’extravagance de Dubaï, ville gigantesque aux accents futuristes, le Gitex s’étale sur une surface impressionnante (250 000 mètres carrés) et deux sites majeurs (le World Trade Centre avec ses 25 halls et le Dubaï Harbour avec 10 halls). La capitale économique des Émirats arabes unis a sorti le grand jeu pour mieux concurrencer les principaux événements tech mondiaux comme le CES de Las Vegas, l’IFA de Berlin ou encore VivaTech à Paris.

L’événement n’est pas nouveau puisqu’il a été créé en 1981 sous l’appellation GITE (Gulf Information Technology Exhibition), avant que le X n’y soit accolé en 1988 à l’occasion du lancement de MacWorld. Mais c’est véritablement depuis le début du XXIe siècle et le développement éclair XXL de Dubaï que l’événement a commencé à monter en puissance. Dans la lignée du rayonnement mondial initié par des tours vertigineuses comme celle du Burj Khalifa (plus haut gratte-ciel du monde) et des mesures mises en place par les autorités locales pour attirer des talents occidentaux (cadre de vie, fiscalité, sécurité, santé, éducation…), le Gitex est devenu une destination incontournable à l’échelle régionale, mais pas encore à l’international.

Un événement en pleine accélération

Après la pandémie de Covid-19, les organisateurs ont décidé en 2022 de baptiser son événement phare «Gitex Global» pour acter cette ouverture plus large au monde entier. Ces deux dernières années, le salon a ainsi changé d’envergure et pour cette 44e édition, il veut s’affirmer pour de bon comme un événement incontournable aux yeux de tous les continents. Et en étant à la croisée de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, Dubaï et le Gitex ont de sacrés atouts à faire valoir. Si la capitale de l’émirat du même nom est souvent réduite à être la terre d’accueil des influenceurs - ce qui tend à changer ces derniers temps au vu de la mauvaise image véhiculée par certains d’entre eux - elle ambitionne d’être un carrefour mondial de l’innovation et des nouvelles technologies.

Les organisateurs ne se sont pas contentés de simplement appeler le monde entier à venir jusqu’à Dubaï. Ils ont structuré le salon avec une approche très B2B pour se différencier du CES de Las Vegas, qui propose pléthore d’innovations pour le grand public, ou de VivaTech, qui met largement en avant les corporates et leurs stratégies d’innovation avec les startups. Pour que les jeunes pousses puissent rayonner sans être éclipsées, le Dubai World Trade Centre, l’entité qui organise le Gitex, a d’ailleurs pris soin de lancer en 2016 un événement qui leur est dédié : l’Expand North Star (ex-Gitex Future Stars). Cette année, celui-ci accueille plus de 1 800 startups et 70 000 visiteurs. La Corée du Sud y est présente en force, mais aussi les pays européens avec 250 représentants, dont un peu moins d’une trentaine en provenance de France.

Un hub régional majeur face à l’Arabie saoudite et au Qatar

En attirant de plus en plus d’acteurs étrangers (ils sont 40 % de plus cette année), le Gitex commence à percer au-delà du Moyen-Orient. Cela permet non seulement à Dubaï d’affirmer son statut de passage incontournable pour les forces vives de l’innovation mondiale, mais aussi aux Émirats arabes unis de renforcer sa réputation de principal hub régional face à l’Arabie saoudite et au Qatar, qui veulent aussi s’imposer des destinations majeures en matière de tourisme, de culture, de sport et donc d’innovation.

En 2024, le Gitex semble en train de passer un nouveau cap de son histoire. Ce sera à confirmer en 2025, année pour laquelle les organisateurs ont de gros projets. Au vu de la puissance financière qui est celle des Émirats arabes unis, il ne fait pas de doute que le Gitex devrait encore monter en puissance l’an prochain. Avec un cadre unique, aux portes du désert et au bord de la mer, avec l’Europe, l’Afrique et l’Asie à portée de main, c’est peut-être une nouvelle ère de la tech qui s’ouvre au Moyen-Orient.