Alors que le Fundtruck continue à sillonner les régions à la rencontre des startups les plus prometteuses, l’étape PACA vient de sacrer trois lauréats : BedBoat, Entent et AMK Biotech. Trois startups issues d’univers distincts – l’hébergement de tourisme, les énergies renouvelables et la recherche médicale – qui, toutes, proposent d’en bousculer les usages grâce à une offre inédite.

BedBoat est ainsi la première plateforme d’hébergement touristique à proposer des nuits sur bateaux à quai, ce qui, explique son fondateur Félix Nacach, permet « d’utiliser une ressource disponible – les bateaux amarrés et la plupart du temps inoccupés – tout en renouvelant l’offre d’hébergement sans construire ni polluer ». Entent a mis au point une technologie de rupture qui transforme la chaleur résiduelle de toute activité industrielle en électricité. « Avec, pour l’entreprise, le double bénéfice de réduire son empreinte carbone et de générer des revenus, résume Mathias Fonlupt, son fondateur. Enfin, AMK Biotech, laboratoire pionnier dans le diagnostic du cancer du foie, a développé une imagerie innovante permettant « une détection plus fiable et donc, explique Aïda Meghraoui, un traitement précoce des risques de rechute ».

Maillon manquant

Lorsque, fin 2021, elle crée sa startup spécialisée dans l’analyse des tissus et, plus précisément, des tumeurs du foie, c’est avec l’ambition d’en faire « le maillon manquant » entre « l’expertise pointue des laboratoires de recherche et les besoins réels de l’industrie pharmaceutique ». 

Pour cela, elle imagine un test basé sur une technologie d’imagerie permettant d’augmenter la fiabilité du diagnostic et de prédire les risques de rechute d’un patient pour le traiter précocement. À cette expertise « labo », Aïda Meghraoui ajoute celle de développeurs d’algorithmes qui, grâce à l’IA, analysent les images générées pour les rendre encore plus précises et leurs conclusions encore plus fiables. Ce qui, pour une pathologie comportant entre 50 à 70% de risques de récidive, s’apparente à un véritable enjeu de santé publique. 

Innovation de rupture

Autre champ d’expertise mais même souci de protéger le vivant : celui qui pousse Mathias Fonlupt, début 2018, à créer Entent, une startup spécialisée dans « l’économie des ressources et le développement des énergies renouvelables ». 

Son idée ? Un moteur capable de convertir la chaleur liée à l’activité industrielle en électricité. Autrement dit, « de transformer un déchet en énergie verte », résume celui qui insiste sur la véritable valeur ajoutée de son innovation : sa capacité à être opérationnelle sur des températures dites basses - de 60 à 150 degrés, soit, sur 70% de la chaleur perdue par l’industrie. « Cela en fait une technologie de rupture qui, une fois commercialisée, poursuit Mathias Fonlupt, se traduira à la fois par un projet de décarbonation à grande échelle et par une source de revenus supplémentaires pour les entreprises ».

Révolutionner les usages

C’est également pour valoriser une ressource inutilisée qu’au printemps 2022 Felix Nacach crée Bedboat, une startup née d’un double constat : en France, près d’un million de bateaux inoccupés dorment dans les ports et leur entretien coûte une fortune à leur propriétaire. 

Ajoutez à cette réalité l’engouement croissant pour les hébergements dits « insolites » et vous obtenez le concept BedBoat. Une plateforme proposant des nuits à bord et à quai avec, à la clé, la possibilité pour les propriétaires d’amortir une partie de leurs charges sans risque et celle, pour les vacanciers, d’accéder à un logement original et idéalement situé pour un tarif allant de 70 euros pour le simple voilier à 1500 pour un yacht avec jaccuzi… « Cette formule fondée sur l’utilisation d’une ressource inexploitée révolutionne les usages », estime Félix Nacach qui, avec un volume d’affaires de 700 000 euros attendu sur 2024, entend désormais exporter le concept de la Côte d’Azur à l’ensemble des ports français.

Un prix à l’effet « tremplin »

Pour cela, le fondateur de BedBoat, comme les deux autres lauréats de l’étape PACA, mise sur l’effet « tremplin » du prix. « Etendre notre présence implique de développer notre plateforme mais aussi notre communication auprès du grand public, explique-t-il. Pour cela nous avons besoin de financements et ce prix, en nous faisant gagner en visibilité, devrait nous faciliter l’accès aux investisseurs ». Chez Entent, Mathias Fonlupt espère, lui aussi, le voir accélérer une troisième levée de fonds et, de là, « la création d’un site industriel et la réalisation de premières pré-séries pour une commercialisation qui pourrait débuter dès 2027… ».

Idem chez AMK Biotech où Aïda Meghraoui voit dans cette victoire d’étape « le moyen de lever les fonds qui permettront de booster le développement du test pour, espère-t-elle, pouvoir le commercialiser d’ici quatre ans ». Et, de là, le dupliquer à d’autres cancers, tels que ceux du poumon et du sein.