«Après quatre ans seul à la tête de l’entreprise, j’étais en quête de retrouver un associé, un sparring partner au quotidien», livre Jean Moreau, cofondateur de Phénix. Juste après son dixième anniversaire, l’entreprise, qui récupère les invendus alimentaires, renforce sa gouvernance.
La fonction de PDG se scinde entre président et directeur général. C’est donc Simon Baldeyrou qui prend la direction de Phénix tandis que Jean Moreau reste à la présidence. Simon Baldeyrou a été COO de Getaround (ex-Drivy) puis président Europe de 2017 à 2023. Il a également été directeur général délégué groupe et DG France de Deezer pendant sa phase d’expansion entre 2009 et 2016. «Diriger Phénix n’est pas très éloigné de ce que j’ai connu ces dernières années», commente le nouveau directeur général. «J’ai dirigé Getaround où l’engagement sociétal était extrêmement fort. La mission de Phénix est un peu différente puisque nous agissons sur le gaspillage alimentaire et non la diminution de la voiture. Il y a des impacts environnementaux et sociaux. C’est ce qui m’a attiré en premier lieu.»
«Relancer une phase de croissance»
Phénix ouvre également «la saison 3» de son histoire. Rentable depuis l’an dernier avec 750 000 euros d’Ebitda, elle vise le million d’euros cette année. 200 collaborateurs sont répartis en France métropolitaine et dans les DROM-COMs, en Espagne et au Portugal. «Notre prochain défi est de trouver les bons relais de croissance qui nous font passer de 20 à 50 à 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous voulons relancer une phase d’ambition, de croissance et retrouver un bon équilibre entre rentabilité et conquête», explique Jean Moreau.
Une phase de scale que Simon Baldeyrou connaît bien : «Les entreprises où j’ai travaillé se ressemblent beaucoup, ce sont des entreprises françaises de 200 personnes soutenues par des fonds d’investissement, capables d'accélérer, et avec des capacités de croissance. L'avantage de Phoenix est sa position de leader. Nous devons conserver cette position dominante.»
Pour faire face à son concurrent danois Too Good To go, meneur sur le marché de la lutte contre le gaspillage alimentaire, Phénix se concentre principalement sur le marché BtoB. Près de 80% de son chiffre d’affaires provient des abonnements souscrits par les grands distributeurs pour que la startup collecte et distribue leurs invendus alimentaires aux associations caritatives.
Depuis sa création en 2014, Phénix a permis de sauver 400 millions de repas, 200 000 repas par jour. «C’est une fierté pour toute l’équipe ! Nous visons le milliard de repas sauvés.»
Un plan stratégique en construction
Pour continuer à grandir le nouveau COMEX est en train de «co-construire» un plan stratégique. «Nous avons un mandat pour accélérer à la fois de manière organique et grâce à de la croissance externe», développe le cofondateur. Le nouveau duo de tête n’est pour le moment pas prêt à dévoiler cette roadmap mais se projette. «On part sur un horizon de 3 à 5 ans. Nous réinvestissons dans une nouvelle équipe pour ouvrir ce nouveau cycle de croissance. Il n’y a pas de pression à la revente et pas de stress du côté des investisseurs», reprend Jean Moreau.
Autre point fort de Phénix : son cash. la jeune pousse a levé 15 millions d’euros en 2022 et a cédé l’année dernière pour dix millions d’euros sa filiale Nous Anti-Gaspi au fonds d’investissement Creadev, rattaché à la famille Mulliez.
Au bout de 10 ans, Jean Moreau ne projette pas de quitter la startup qu’il a cofondé. «Pour nous c’est la saison 3 de la série Phénix et je serai un personnage au casting de cette saison !»