Près d’un an après sa levée de fonds de 10 millions d’euros annoncée en novembre 2023 et l’entrée à son capital de la banque américaine Citi (via son fonds Citi Ventures), Defacto s’attaque à un nouveau marché : celui des acteurs bancaires traditionnels. En effet, la startup co-fondées par Jordane Giuly (précédemment cofondateur de Spendesk en 2016), Morgan O'hana et Marc-Henri Gires, vient de lancer “Core”, sa plateforme de “lending-as-a-service” (LaaS) agréée par l’ACPR à destination des institutions financières traditionnelles.
Son ambition ? “Rendre le financement des PME plus rapide, agréable et efficace”, en fournissant de nouveaux outils aux banques pour collecter, analyser et traiter les dossiers entrants et financer les besoins de trésorerie de leurs clients. “Nous avons construit un ‘core lending’ constitué de plusieurs briques fonctionnelles : une première autour de l’underwriting, pour évaluer la solvabilité d’une entreprise, une deuxième pour l’origination, c’est-à-dire l’émission d’un contrat de prêt et le financement, et une troisième pour la gestion des échéances et l’orchestration des paiements“ explique Jordane Giuly.
10 000 PME déjà financées, en 27 secondes en moyenne
Depuis sa création en 2021, Defacto indique avoir déjà financé 10 000 PME, pour plus de 600 millions d'euros dans cinq pays, grâce à sa technologie “facile à utiliser”. La fintech affirme notamment que son approche par API lui permet de réduire le délai de décision d'octroi de financement à 27 secondes grâce à la collecte et à l’analyse des données financières de ses prospects en temps réel, là où les demandes de prêts traditionnels peuvent prendre de 2 à 4 semaines selon les chiffres de la BCE.
Des places de marché B2B ou des Fintechs comme Qonto, Pennylane ou Malt utilisent déjà ces outils pour proposer des prêts à leurs clients. Les banques traditionnelles vont désormais aussi pouvoir les adopter, en choisissant la partie de la solution Defacto qui les intéresse : “nous avons découplé nos différentes briques, pour les proposer à des acteurs un peu plus spécialisés. Par exemple, certaines banques veulent garder une partie de leur underwriting en interne, d’autres vont nous utiliser en complément, pour automatiser leurs processus” précise le co-fondateur, qui indique avoir déjà signé avec trois nouveaux clients, dont la fintech RollingFunds. Des discussions avec des banques traditionnelles sont aussi en cours.
Associer l’agilité des fintechs aux ressources des institutions bancaires
“Les banques consacrent des ressources à l'innovation, mais manquent souvent de flexibilité pour améliorer leur expérience utilisateur. Les fintechs, quant à elles, prospèrent en répondant à des enjeux spécifiques avec une attention particulière à l'expérience utilisateur”, explique Socheat Chhay, responsable du Corporate Ventures chez Sopra Steria et ancien responsable de la transformation numérique et de l'Open Finance à Bpifrance. En associant “l’agilité des fintechs” aux moyens dont disposent les institutions bancaires, “l’innovation à grande échelle” devient possible.
A noter : déjà, en début d’année, October, pionnier sur le marché du financement des PME avec sa plateforme de crowdfunding lancée en 2014, avait annoncé la cession d’October Connect - sa technologie permettant l’origination, le filtrage, le traitement des demandes de prêts et la gestion de portefeuille - à Sopra Banking Software, dans la foulée de la décision de “diminuer radicalement [ses] capacités d’origination.”