Imaginez, dans les prochaines années, qu’un porte-container ou un pétrolier puisse être propulsé en partie par un procédé technique semblable à une queue de baleine. Avec sa levée de quatre millions d’euros, Bluefins devrait équiper un navire de 45 m de ce système biomimétique afin qu’il réalise les premiers essais en mer en février prochain. « C’est une étape de concrétisation de notre R&D » se réjouit Philippe Ruffin, dirigeant de Bluefins.
Après avoir essayé en bassin son foil de cinq mètres de long et de deux mètres de corde ; comprendre de large en langage nautique ; la startup installera cet équipement et les bras articulés nécessaires au fonctionnement à un bateau. Le navire partira tester le système pendant deux mois en pleine mer au cœur de l’hiver 2025. « Nous voulons assoir notre crédibilité vis-à-vis des armateurs déjà intéressés par notre solution mais qui attendent qu’on leur démontre. »
Bluefins veut convaincre pour commercialiser
Bluefins espère ensuite signer un contrat pour un pilote commercial dès 2025 et vise en particulier les armateurs français et européens dont plusieurs figurent parmi les leaders du marché mondial. « Si un armateur s’engage, nous pourrons équiper un navire qui partira en opération réelle pendant 12 à 18 mois. » Un projet qui pourrait voir le jour au plus tard en 2027.
La technologie de la jeune pousse puise sa force dans le mouvement de la houle et le tangage du navire. Elle repose aussi sur le mouvement de la nageoire caudale de la baleine, capable de propulser cet animal volumineux avec facilité. « Nous avons conçu et designé le système et confié la production à une métallerie bretonne de la l’industrie du chantier naval. Nous avons également fabriqué les algorithmes de pilotage pour s’adapter à la houle, en changement constant. L’ensemble est breveté.»
Une levée pour économiser
Le concept de Bluefins devrait permettre aux bateaux équipés de réduire de 20 % leur consommation de fuel et par répercussion, réduire d’autant leur empreinte carbone. « Notre cible ce sont les navires qui sillonnent les routes maritimes et commerciales. Ils mesurent de 100 à 450 mètres de long. » Ce projet vise à atteindre les objectifs de neutralité carbone fixé par l’Organisation maritime internationale à 2050. « Les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime représente 3 % des émissions mondiales. » 100 000 navires constituent la flotte mondiale actuelle, indispensable pour acheminer jusqu’à 90 % des produits manufacturés.
Pour cette levée, qui contribuera enfin à renforcer ses effectifs pour passer de 11 à près de 20 personnes, Bluefins s’est entourée de BNP Paribas Développement,GTT via son fonds GTT Strategic Ventures et du fonds Breizh Up de la Région Bretagne. « GTT, désormais cotée en bourse, est une pépite devenue leader de son marché sur le transport de gaz. Il y a une connaissance du secteur et une façon de bâtir sa réussite en s’appuyant, comme nous, sur la propriété intellectuelle. » Phlippe Ruffin complète ce choix pour ses partenaires en mettant l’accent sur la vision financière apportée par BNP et sur la dimension régionale de Breizh Up.