Chaque année, 27 millions de traumas crâniens et de commotions ont lieu dans la seule Europe et aux États-Unis. Parmi eux, 5 millions sont considérés comme graves et 750.000 très sévères vont se terminer en unité de soins intensifs avec une défaillance du système immunitaire. Si seulement une algue bretonne et le savoir-faire d’une biotech française permettaient de trouver une solution. C’est l’histoire d’Olgram, la startup qui développe de nouveaux médicaments pour soigner les maladies immunitaires et les infections grâce à des molécules découvertes dans les algues.
D’une ETI bretonne à une biotech savoyarde
L’histoire d’Olgram débute au sein d’Olmix, une belle ETI bretonne présente dans 80 pays avec plus de 900 salariés. Depuis 1995, Olmix propose des solutions biosourcées pour le bétail et les cultures. En cours de route, ils découvrent les capacités d’une algue pour améliorer le système immunitaire des animaux, arrivant à diminuer jusqu’à 92 % l’utilisation des antibiotiques dans les élevages de cochons par exemple.
Hervé Balusson, fondateur d’Olmix, se demande si cette même algue pourrait être utilisée pour bénéficier à la santé humaine. Il recrute alors Pierre Rocheteau, un docteur en biologie et biotechnologie tout juste sortie de l’Institut Pasteur pour répondre à cette question. Face aux premiers résultats très encourageants, la décision est prise de donner son indépendance à l’équipe pour venir créer une biotech spécifiquement dédiée à ce sujet. Olgram naît début 2021 grâce à une opération de Management Buy Out.
Suite à une récente augmentation de capital de 3 millions d’euros, qui a permis de prouver le potentiel de la molécule découverte, Olgram s’installe dans le Biopark d’Archamps en Haute-Savoie, en plein cœur de la « Health Valley ». « C’est un lieu exceptionnel pour le développement d’une biotech, explique Pierre Rocheteau, CEO d’Olgram. Il y a tout le matériel nécessaire pour faire de la bonne biologie moléculaire avec des machines très coûteuses qui sont mises à disposition des équipes. C’est aussi un écosystème assez stimulant et nous avons plusieurs grosses biotechs comme voisin avec Caliditas qui a été revendu pour plus d’un milliard il y a quelques mois. Cela nous projette aussi dans la « Health Valley » qui va de Bâle à Archamps en passant par Genève et Lausanne. Cela me permet de recevoir des CV de très haute qualité. »
Plus de 150 millions d’euros nécessaires pour arriver au bout
L’histoire d’une biotech est pourtant souvent jalonnée de nombreuses levées de fonds qui permettent de finaliser le Graal de la phase 3 (des essais cliniques réalisés sur une large population humaine) et pouvoir enfin lancer la production et la distribution vers les patients. Olgram est donc actuellement en train de réaliser une levée de 9 millions d’euros pour transformer cette molécule en médicament et réaliser la phase 1. Pierre Rocheteau se mettra ensuite de nouveau en quête de financement pour la phase 2 prévue en 2028. Il lui faudra cette fois lever 25 millions d’euros. Pour terminer l’aventure, le CEO de la biotech se projette déjà sur un scénario où il nouera un partenariat avec un grand acteur de la pharma pour aller chercher les 120 millions d’euros nécessaires à la finalisation de la phase 3.
Ne brûlons pourtant pas les étapes, la levée de 9 millions actuelle nécessite 5 millions en equity puisque 4 millions sont déjà sécurisés par Bpifrance. Pierre Rocheteau se montre confiant malgré le parcours du combattant qui se présente face à lui : « Aujourd’hui, il n’y a pas de solutions thérapeutiques quand il y a une défaillance du système immunitaire. Le marché est très important. Et si nous nous focalisons aujourd’hui sur les traumas crâniens, je suis persuadé qu’il y a aussi un potentiel énorme pour ces molécules marines pour d’autres pathologies. »