Rentrée sur les chapeaux de roues pour Alan. En effet, la licorne tricolore, qui bouscule le marché de l’assurance-santé, annonce un tour de table en série F de 173 millions d’euros mené par Belfius, banque belge en assurance santé collective. A cette occasion, les investisseurs historiques, à savoir OTTP, le fonds de pension des enseignants de l'Ontario, au Canada, le fonds souverain singapourien Temasek, le fonds suisse Lakestar et le fonds new-yorkais Coatue, ont également remis au pot. A l’issue de ce tour de table, Alan précise que «la gouvernance de l'entreprise est inchangée et contrôlée par les deux fondateurs, premiers actionnaires, qui détiennent avec les salariés plus de 40 % du capital et la majorité des droits de vote».

Le montant de l’opération est un peu moins élevé que la précédente réalisée en mai 2022. Lors de celle-ci, Alan avait bouclé une série E de 183 millions d’euros. Mais entre ces deux levées de fonds, la valorisation de l’entreprise tricolore s’est envolée. En deux ans, elle est ainsi passée de 2,7 milliards à 4 milliards d’euros. Rares sont les acteurs de la French Tech à pouvoir se targuer d’une telle évolution sur la période, à l’exception évidemment de Mistral AI qui frôle déjà les 6 milliards d’euros de valorisation. Pour n’anecdote, les fondateurs d’Alan, Jean-Charles Samuelian et Charles Gorintin, figurent parmi les actionnaires de la première heure de Mistral AI.

Belfius, un atout de taille pour accélérer en Belgique

Outre cette nouvelle levée de fonds qui va permettre à Alan d’étoffer sa plateforme et d’accélérer son développement à l’international, le partenariat noué avec Belfius, qui n’est autre que le deuxième bancassureur de Belgique, offrira à la licorne française de gagner rapidement du terrain au «Plat Pays». Et pour cause, Belfius, né dans la foulée de l’effondrement de sa holding Dexia, va proposer les services d’Alan à l’ensemble de ses clients, qu’il s’agisse d’institutionnels, de PME ou de grandes entreprises. Un vivier de millions de collaborateurs bienvenu pour Alan qui devrait lui permettre de doubler sa taille en Belgique en un clin d’œil avant de se mesurer aux poids lourds locaux que sont AXA, Ethias et Ageas. Cerise sur le gâteau, les 7 000 salariés de Belfius seront couverts à terme par Alan. Pour accompagner cette montée en puissance en Belgique, ce ne sont pas moins de 25 recrutements qui sont prévus par le spécialiste français de l’assurance-santé dans les prochains mois.

«Ce partenariat privilégié avec Belfius, dont la transformation au cours des 10 dernières années a été très inspirante, ouvre la voie à une nouvelle ère pour Alan en Belgique. L’investissement de Belfius nous permettra d’accélérer notre développement et d’élargir notre capacité à offrir des produits et services de santé à l’avant-garde, adaptés et accessibles à un public très large», se réjouit Jean-Charles Samuelian, co-fondateur et CEO d’Alan. A noter que Belfius est loin d’être un investisseur inconnu dans la French Tech, puisque la banque belge est entrée au capital de Mistral AI en juin dernier lors du tour de table de 600 millions d’euros de la pépite tricolore.

Série de contrats décrochés dans la fonction publique en France

La série F d’Alan intervient dans une période favorable pour la licorne française. Et pour cause, elle décroche de plus en plus de contrats dans la fonction publique, à l’image de l’appel d’offres récemment remporté pour couvrir les agents des services de Matignon. Au total, ce sont près de 15 000 personnes qui seront concernées dans le cadre de ce contrat qui sera appliqué à partir du 1er janvier 2025.

Alan s’est également distingué en remportant l’appel d’offres des ministères de la Transition écologique et de la Transition énergétique, ainsi que du secrétariat d’État chargé de la Mer, il y a quelques mois pour toucher 60 000 fonctionnaires (et même 140 000 en incluant les ayants droit et les retraités). L’an passé, Alan avait déjà marqué les esprits en remportant l’appel d’offres de l’Assemblée nationale pour assurer la couverture santé des assistants parlementaires et de leurs familles, soit près de 3 000 personnes au total. Un enchaînement de succès qui constituent autant de coups durs pour la MGEN, première mutuelle de la fonction publique, et la Mutuelle nationale territoriale (MNT).

Actuellement, les planètes semblent donc parfaitement s’aligner pour l’entreprise française, qui vise la rentabilité en France dès 2025 puis au global en 2026. Après avoir concédé 59 millions d’euros de pertes l’an passé malgré un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros, la société espère donc enregistrer ses premiers bénéfices dans quelques mois dans l’Hexagone. En attendant, Alan table sur 450 millions d’euros de revenus annuels récurrents en 2024, avec plus de 650 000 salariés couverts via 23 000 entreprises.