« Lorsqu’on cherche à cultiver ses propres fruits et légumes, on est très vite limité par la taille de son jardin, ses compétences en la matière, mais également le temps que cela prend. » Pour répondre à ces enjeux et permettre aux familles d’avoir leur propre potager, Myfood s’est lancée dans la production de serres bioclimatiques. « On utilise différentes techniques, comme l’aquaponie mais aussi la permaculture. Le but est de produire 60 à 80 % de l’alimentation d’un foyer, même sur une surface de seulement 22 m², en y consacrant pas plus d’1h30 à 2 heures par semaine », détaille Matthieu Urban, le cofondateur de la startup, née en 2015.

« De plus en plus de terres agricoles consacrées à la culture du maïs »

A l’époque, avec son associé Mickaël Gandecki, l’entrepreneur voyait déjà le vent tourné dans le domaine de l’agriculture. « De plus en plus de terres agricoles étaient déjà consacrées à la culture du maïs pour produire du bioéthanol. On voyait une logique de concentration se dessiner et de moins en moins de place pour le maraîchage, avec des sols épuisés par l’agriculture intensive », précise Matthieu Urban.

L’avenir lui a donné raison. Après le lancement de son produit sur le marché en 2018, la startup a connu un gros coup d'accélérateur. « La crise du Covid-19 a renforcé notre activité. A cette période, les foyers ont cherché à être davantage autonomes en matière d’alimentation et ont quitté les villes pour s’installer à la campagne », souligne le cofondateur de Myfood. Puis la crise inflationniste a, elle aussi, entretenu l’engouement pour les serres bioclimatiques de la startup. Résultat : Myfood est devenue rentable en 2023 et a enregistré un chiffre d'affaires de 4 millions d’euros. Cette année, la société devrait boucler son exercice avec un million de plus.

Réunir au moins 600.000 euros

Pour commencer à distribuer son produit à grande échelle, la société lance une nouvelle campagne de financement participatif. Son objectif : réunir au moins 600.000 euros. « On espère même atteindre un million, pour internaliser la production, baisser les coûts et ainsi les prix. Mais aussi améliorer notre notoriété », énumère Matthieu Urban.

En 2019, la startup avait déjà réuni 3 millions d’euros grâce au crowdfunding, mais également à des business angels. D’ici 2030, son ambition est de déployer un millier de serres par an et d’enregistrer un chiffre d’affaires annuel de 20 millions d’euros. « Nous avons à peine effleuré le potentiel du marché. Il y a 15 millions de jardins en France. En devenant un réflexe de société, on peut voir très loin », poursuit le dirigeant.

« En Suisse, le coût de l'alimentation favorise la recherche d’autonomie »

Myfood cible également plusieurs pays européens. La société réalise déjà 30 % de son chiffre d’affaires en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne, en Suisse et en Autriche. « Nous sommes basés en Alsace, cela a facilité notre entrée sur le marché allemand. Mais surtout il s’agit d’un pays très orienté vers le jardinage et l’alimentation saine. En Suisse, c’est plutôt le coût de l'alimentation qui favorise la recherche d’autonomie. » Dans ces pays, la startup qui emploie 20 salariés espère « augmenter significativement, la part de son chiffre d’affaires ».