Après quelques années difficiles, tous les voyants sont au vert pour Archeon Medical. L’innovation de la startup, née à Besançon en 2018, est issue d’un projet de recherche académique. « Nous avons développé un type de capteur qui s’intègre sur les masques à oxygène. Grâce à cela, nous pouvons contrôler la ventilation des patients victimes d’arrêts cardiorespiratoires », précise Alban De Luca, le dirigeant.

Dans les services de réanimation, des ventilateurs mécaniques permettent de contrôler les constantes respiratoires des patients. Mais ces appareils ne peuvent être transportés. Dans les véhicules de secours, seuls des masques à oxygène sont présents et les secouristes ventilent à la main. « Sauf que les pompes manuelles ne permettent pas de connaître les besoins en oxygène du patient. Si on envoie trop d’oxygène, ou pas assez, on tue la victime », assure Alban De Luca. Résultat : le taux de survie n’est que de 5 %. « Grâce à notre technologie, nous avons fait passer ce taux à 15 % », souligne le dirigeant, qui, grâce à son capteur, parvient à mesurer les débits d’oxygène entrant et sortant de la victime.

Multiplier par trois les chances de survie

Fin 2023, une étude clinique américaine a en effet montrer que la technologie d’Archeon Medical permettait de multiplier par trois les chances de survie. Une étude qui a d’ailleurs permis de débloquer le marché pour la startup. « C’était la preuve clinique manquante jusqu’à présent, cela nous permet de valider le concept », indique Alban De Luca, qui s’apprête à boucler un second tour de table de « plusieurs millions d’euros », après avoir levé 5,5 millions d’euros en 2022. Une levée de fonds qui a pour objectif de s’implanter aux Etats-Unis.

« Nos débuts en France et en Europe n’ont pas été faciles. Nous sommes arrivés avec une technologie très nouvelle, bien reçue par les utilisateurs mais qui s’est rapidement confrontée aux problématiques de financement de la santé », indique le dirigeant qui a lancé son produit pendant la crise sanitaire du Covid-19. « Nos clients sont les services d’urgence et il était impossible d’y accéder », rappelle-t-il. Depuis, la startup a obtenu le marquage CE en Europe et vient de décrocher l’agrément permettant de commercialiser son capteur aux Etats-Unis.

« Les prises de décisions sont moins structurées aux Etats-Unis »

« Le marché américain a beaucoup d’atouts. Alors qu’un produit de santé doit faire consensus en Europe pour pouvoir être remboursé et distribué largement, aux Etats-Unis, les contraintes ne sont pas les mêmes. Chaque établissement de santé peut investir dans les technologies qui lui paraissent pertinentes. Les prises de décision sont moins structurées », indique Alban De Luca, qui a déjà noué plusieurs partenariats avec des ambulanciers et des établissements de santé, testant actuellement son produit

Dans le même temps, le dispositif d’Archeon Medical vient d’être mentionné par une société savante européenne qui publie tous les cinq ans de nouvelles recommandations à destination des médecins. « Nous devrions voir le marché se débloquer de manière massive en 2025 », espère le dirigeant qui emploie 25 salariés.