On connaît les nouvelles sartups qui vont rejoindre Y Combinator. Six mois après sa dernière sélection, le prestigieux accélérateur américain a dévoilé sa liste des jeunes pousses retenues pour intégrer sa promotion estivale. Au total, ce sont 234 entreprises qui ont été sélectionnées.

Plus de la moitié de cette cohorte fait la part belle à l'IA, ce qui est loin d'être une surprise au vu de l'engouement actuel pour ce secteur. Pour l'anecdote, Sam Altman, co-fondateur d'OpenAI, l'entreprise à l'origine de ChatGPT, a d'ailleurs été le président de l'accélérateur américain entre 2014 et 2019.

Parmi les jeunes pousses de cette promotion estivale, on retrouve une écrasante majorité de startups nord-américaines (192), mais seulement 11 sociétés européennes, dont deux basées dans l’Hexagone : Argil et The Forecasting Company.

Argil pour créer des vidéos en se «clonant»

Lancée l’an passé par Laodis Menard et Brivael Le Pogam, la startup Argil est l’une des nombreuses jeunes pousses de cette promotion estivale qui veulent surfer sur la vague d’euphorie autour de l’IA. En effet, la société développe une plateforme pour générer facilement des vidéos à partir d’une seule prise. Concrètement, la solution, qui embarque un modèle deepfake, vise à se «cloner» à l’aide d’une vidéo de 2 minutes pour la décliner en une multitude de vidéos (ou d’avatars) pour faire passer différents messages. Pour cela, l’utilisateur peut saisir un texte ou fournir un script vocal pour générer la vidéo désirée, avec sous-titres, en quelques clics.

Avec cette technologie, les deux fondateurs espèrent faire gagner du temps aux acteurs de la publicité et aux créateurs de contenus pour générer facilement des contenus attrayants en quelques minutes et ainsi étendre leur audience. Il faut dire que le tandem connaît bien le secteur, puisqu’ils se sont rencontrés il y a dix ans chez Teads, spécialiste tricolore de la publicité vidéo récemment racheté par Outbrain pour un milliards de dollars. Ensemble, Laodis Menard et Brivael Le Pogam ont également créé Owls.co en 2016 et Snipets en 2022.

The Forecasting Company pour des prévisions optimales

Faire des prévisions s’avère être un impératif dans des nombreux secteurs, notamment dans la logistique. Dans ce cadre, The Forecasting Company s’attèle à concevoir des systèmes de planification à partir de plus de 50 milliards de points de données sur tous les types d’informations possibles, qu’ils s’agissent de conteneurs exportés depuis Osaka à des déclarations financières de Wall Street. Pour en bénéficier, il suffit pour l’utilisateur de solliciter le modèle avec ses points de données récents pour établir des prévisions précises.

Derrière ce projet, on retrouve Joachim Fainberg et Geoffrey Négiar. Le tandem espère pouvoir proposer sa technologie à une large typologie d’acteurs, qu’il s’agisse d’une épicerie qui prévoit la quantité de stock à commander ou d’un site sportif qui prévoit la fréquentation d'un match de football.

7 % du capital cédé pour 3 mois d’accompagnement

Les représentants tricolores de ce «batch» d’été vont désormais pouvoir bénéficier d’un accompagnement de trois mois au sein de l’accélérateur situé à San Francisco. Lancé en 2005, ce dernier est connu pour avoir propulsé des pépites de la tech mondiale, à l’image d’Airbnb, Stripe ou encore Dropbox, et se montre donc particulièrement intransigeant dans son processus de sélection avec un taux d’acceptation compris entre 1 et 2 % parmi les milliers de candidatures déposées par des startups du monde entier dans l’espoir de vivre cette aventure californienne destinée à leur donner des ailes. En près de 20 ans d'existence, Y Combinator a investi dans près de 5 000 sociétés dont la valorisation combinée dépasse désormais les 600 milliards de dollars.

Cependant, marcher dans les pas d’Airbnb et consorts aux États-Unis n’est pas gratuit. Et pour cause, les startups retenues par Y Combinator doivent céder 7 % de leur capital à l’accélérateur californien en échange d’un investissement pré-amorçage de 500 000 dollars. Une pratique qui fait parfois l’objet de critiques pour un accompagnement d’à peine trois mois, surtout au sein d’une promotion surpeuplée.

Toutefois, le jeu en vaut la chandelle, notamment grâce à un puissant réseau alumni et le soutien de mentors comme Nicolas Dessaigne (Algolia), quand on voit la trajectoire de la plupart des entreprises passées dans les rangs de Y Combinator. Charge désormais à Argil et The Forecasting Company de tirer leur épingle du jeu.