À l’occasion des Jeux Paralympiques de Paris 2024, les secteurs du sport et de la handitech bénéficient d’un coup de projecteur sans précédent, en France comme à l’international. “Les Jeux Olympiques en général - et les Jeux Paralympiques en particulier - sont une vitrine pour beaucoup d'entreprises. On a tous vu le succès des JO ; les Jeux Paralympiques vont maintenant donner une capacité de démonstration sans précédent à des entreprises qui font des efforts technologiques importants pour le handicap“, observe ainsi Hervé Amar, le président du groupe de conseil en business performance Ayming.
Outre la visibilité qu’il apporte, l’événement est également un puissant moteur pour l’innovation : “le sport est l'un des grands sujets qui peuvent porter les efforts de R&D, puisqu'il est question à la fois de performance humaine et technique. On voit en permanence de grands progrès sportifs portés par l’innovation”, ajoute-t-il.
10% de la population concernée directement par le handicap
Cela étant, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ne sont que l’arbre qui cache la forêt, puisque les initiatives se multiplient ces derniers temps pour valoriser et développer le secteur de la handitech dans l’hexagone : lancement d’un Observatoire de la Handitech, construction d’une Cité Universelle à Pantin, ouverture d’un Handilab à Saint-Denis, création d’un Label “Conception Universelle”…
Cet intérêt accru pour le sujet est particulièrement bienvenu, car, comme le rappelait Laurence Vergès, la déléguée générale de l'association La Handitech, à Maddyness fin 2023, “on a besoin de pédagogie, de faire comprendre que le handicap est une réalité multiple et que la handitech n’est pas un marché de niche. Il y a 10 millions de personnes en situation de handicap en France. C’est 10% de la population”.
Ces initiatives arrivent donc à point nommé, alors que l’écosystème n’a jamais été aussi florissant en France. L’association “La Handitech” répertorie pas moins de 700 projets issus de la plateforme Connect4Good, alimentée notamment par les candidatures du Handitech Trophy, un concours organisé chaque année depuis 2017 par Job in Live et Bpifrance pour récompenser des solutions innovantes à destination des personnes en situation de handicap.
Un secteur en recherche de financements
En 2024, l’Observatoire de la Handitech réalisé par CoWork’HIT s’est appuyé sur les 161 startups qui ont candidaté à la troisième édition du concours «Startup & Handicaps » pour établir un panorama du secteur. Il en ressort que la plupart des startups du secteur ciblent plusieurs catégories de handicap à la fois (mental, cognitif, auditif, visuel ou moteur), mais que 75% d’entre elles visent le handicap moteur. Un chiffre “cohérent avec le fait qu’il soit le plus représenté dans la population française de 15 ans ou plus vivant à domicile”, expliquent les auteurs de l’Observatoire.
Mais quel que soit le type de handicap abordé, la question des financements reste la principale problématique des startups de la handitech : “parmi les entreprises sondées, 31% n’ont aucune source de financement et 30% ne se financent qu’avec des subventions. Cela montre une fragilité économique des startups du secteur”, souligne encore l’étude.
Face à ce constat, l’association La Handitech a organisé en mai 2024 le premier “Demoday du Financement de la Handitech”, cofinancé et organisé par la Fondation Valentin Haüy, en partenariat avec Bpifrance. Le but ? Mettre en évidence le potentiel de la handitech comme secteur économique puissant au niveau national et comme outil de rayonnement de la France à l’international.
“Des innovations conçues pour le sport ou le handisport peuvent trouver d'autres applications plus larges”
Dans leur quête de financement, l'enjeu des parties prenantes de cet écosystème est aussi de démontrer que les innovations pensées en réponse à des situations de handicap peuvent, in fine, bénéficier à la société dans son ensemble, et inversement. “Comme avec la NASA qui a développé des technologies pour la conquête spatiale qui ont trouvé ensuite des applications dans le monde civil, des innovations conçues pour le sport ou le handisport peuvent trouver d'autres applications plus larges”, explique ainsi Hervé Amar d’Ayming.
Télécommandes et assistants vocaux ont par exemple d’abord été conçus pour des personnes en situation de handicap, avant de devenir des outils du quotidien. Il en va de même pour les rampes d'accès dans les bâtiments publics : si elles ont été installées pour faciliter le déplacement des personnes à mobilité réduite, elles sont aussi largement empruntées par tous les usagers (avec des poussettes, des valises, des vélos...).
C’est d’ailleurs le sens du lancement récent par l’association La Handitech de son label “Conception Universelle”. Celui-ci est destiné à distinguer les organisations “proposant des services et des produits destinés à toutes et tous”, c’est-à-dire des entreprises qui, dès la conception de leurs produits et services, raisonnent en termes d’accessibilité et d’inclusion.
Universalité, visibilité, financement, rayonnement international… Autant d’enjeux auxquels les 30 personnalités du MAD30 Sport & Handitech s’attaquent au quotidien.