Les Toulousains de Micropep veut passer la vitesse supérieure pour rendre l’agriculture plus durable. Dans ce sens, l’entreprise toulousaine, spécialisée dans le développement de micropeptides pour protéger les cultures face aux agents pathogènes et les mauvaises herbes résistantes, annonce avoir bouclé un tour de table en série B de 27 millions d’euros.

Cette levée a été menée par le fonds Ecotechnologies 2 géré pour le compte de l’État par Bpifrance dans le cadre du plan France 2030, et par le fonds suisse Zebra Impact Ventures. A cette occasion, les investisseurs historiques, à savoir Sofinnova Partners, Supernova Invest, Fall Line Capital, FMC Ventures et IRDI Capital Investissement, ont également remis au pot. Cette opération porte à plus de 48 millions d’euros le montant total levé par la société depuis sa création.

Une plateforme pour dénicher de nouveaux micropeptides bioactifs

Spin-off du Laboratoire de recherche en sciences végétales du CNRS et de l'université Paul-Sabatier à Toulouse, la société a vu le jour en 2016 sous l’impulsion de Thomas Laurent et Jean-Philippe Combier. Elle s’est fixée pour mission de tirer profit du potentiel des micropeptides, de courtes molécules protéiques naturelles qui ciblent et régulent les gènes et les protéines des plantes, pour prémunir les cultures des maladies, mauvaises herbes ou insectes qui pourraient les menacer. Et pour cause, ces petites protéines naturelles permettent de contrôler et de diriger temporairement la génétique des plantes.

«Trouver une séquence de micropeptides ayant une activité biologique d’intérêt sur les plantes n'est déjà pas facile. Mais ce qui est le plus compliqué, c’est d’arriver à la transformer en un produit formulé efficace et abordable en termes de prix pour les agriculteurs», explique Thomas Laurent, co-fondateur et directeur général de Micropep.

Pour surmonter ces difficultés, Micropep a mois au point la plateforme Krisalix, qui vise à dénicher de nouveaux micropeptides bioactifs de manière beaucoup plus rapide et efficace que les méthodes traditionnelles. Dans ce sens, elle mise sur l’intelligence artificielle et la biologie synthétique pour identifier, tester et sélectionner rapidement de nouveaux micropeptides à destination de l’industrie du biocontrôle. «La technologie pionnière des micropeptides promet de révolutionner l'agriculture de manière durable», estime Lionel Artusio-Payot, General Partner chez Zebra Impact Ventures.

Faire un pas de plus vers la phase de commercialisation

Si Micropep a déjà de quoi dans un pays agricole comme la France, la société toulousaine nourrit également de fortes ambitions aux États-Unis, où elle a entamé son expansion en 2022. Il y a quelques mois, l’entreprise a d’ailleurs franchi un cap majeur outre-Atlantique en voyant l’un de ses traitements biologiques être classé principe actif biochimique par l'Agence de protection de l'environnement américaine. Une reconnaissance qui lui ouvre la porte à une homologation sous deux ans aux États-Unis de son biofongicide pour remplacer les pesticides actuels. Une fois homologué, ce produit phytosanitaire pourra alors être commercialisé sur le marché américain.

En attendant, Micropep entend s’appuyer sur son nouveau financement pour multiplier les partenariats stratégiques et compléter les études réglementaires de sa première molécule biofongicide. La biotech souhaite également élargir son spectre d'ingrédients actifs de micropeptides. «Notre ambition est de travailler main dans la main avec des partenaires sélectionnés à différentes étapes du cycle de développement des produits et dans différentes géographies pour apporter le plus vite possible nos solutions aux agriculteurs», indique Thomas Laurent. Avant d’ajouter : «C’est, selon nous, la meilleure stratégie durable pour développer une entreprise comme la nôtre et rendre nos ingrédients actifs de micropeptides accessibles à un maximum d'agriculteurs dans le monde entier.»