Alors que certaines entreprises défendent l’idée du télétravail à 100 %, et que d’autres insistent pour le retour de leurs salariés à plein temps dans leurs locaux, un acteur comme Worklib veut évangéliser une voie au milieu : celle du travail hybride.
Une solution qui permet aux organisateurs et à leurs collaborateurs de trouver le bon espace de travail, au bon moment, en fonction de l’usage qu’ils souhaitent en faire et des tâches qu’ils ont à accomplir.
La plateforme Worklib permet ainsi de responsabiliser les collaborateurs qui vont planifier leur semaine en ayant la flexibilité de s’aménager des plages horaires aussi bien à la maison (en facilitant la déclaration des jours télétravaillés), au bureau (avec la possibilité de réserver des espaces), mais aussi dans l’un des 20.000 espaces tiers auxquels il est possible d’accéder en quelques clics.
Le modèle hybride en réponse aux postures extrêmes
Comme beaucoup de monde, Alexandre Cadain et Charles Vestur ne s’étaient pas forgés des convictions fortes autour du télétravail avant 2020. Le premier, entrepreneur dans le domaine de l’intelligence artificielle ; et le second, consultant avec une spécialité en data science, s’y sont pourtant confrontés brutalement avec l’arrivée des confinements successifs. Ils échangent pourtant très vite sur cette transformation des modes de travail et sur l’opportunité de créer quelque chose dans ce secteur.
Et si les statuts de l’entreprise sont tout juste déposés en juin 2021, le groupe Accor va parier sur les deux hommes en venant financer leur levée de pré-seed pendant ce même été.
À cette date, ils n’ont pourtant que deux choses : un prototype autour de la réservation d’espace tiers et dans l’entreprise, et une conviction forte sur la transformation en cours. Ce sera suffisant pour mettre Worklib sur les rails.
« Le modèle hybride nous semble être le bon équilibre pour préserver des moments de renforcement du collectif. Ces moments qui ont pu se déliter quand les entreprises ont été trop loin dans le télétravail, explique Charles Vestur, CEO de Worklib. Mais aussi de donner plus d’autonomie aux collaborateurs pour qu’ils puissent garder du temps en externe lorsqu’ils ont un besoin de concentration pour accomplir certaines tâches. »
Quelques mois plus tard, la plateforme se lance pour permettre aux organisations de gérer un réseau personnalisé d'espaces de travail (internes et externes) pour permettre aux collaborateurs de se synchroniser avec leurs équipes, mais aussi de venir réserver l’un des 20.000 espaces déjà disponibles (dont 6.000 en France).
Accélérer en même temps que le marché
Cette position d’entre-deux, tentant de capter le meilleur des deux mondes, permet à Worklib de séduire rapidement de nombreuses entreprises parmi lesquelles Accor, Atos, Capgemini, Bearing Point, Generali, Leboncoin, OpenClassrooms et Prestashop. Les deux cofondateurs ont la conviction que le moment d’accélérer est venu.
En avril 2023, Worklib annonce donc une levée de seed de 10 millions d’euros auprès de Starteq, Alpha Star et à nouveau le groupe Accor ainsi que Bazeo (la structure d’investissement personnel de Sébastien Bazin).
De manière concomitante, Worklib officialise l’acquisition de Neo-Nomade, un acteur créé 11 ans avant eux (en 2010). Les 20 collaborateurs de cette startup rejoignent l’équipe de 15 de Worklib.
« On avait le privilège de la jeunesse, partage Charles Vestur. Nous sommes nés avec le COVID et l’émergence du travail hybride. Nous n’avions pas de dettes techniques et ils s’étaient concentrés sur les tiers-lieux uniquement. Ils apportaient pourtant une expérience précieuse sur ce secteur d’activité. Le mariage s’est très bien passé, autant en termes d’équipe, que de culture ou d’organigramme. »
L’acquisition leur permet d’accélérer plus rapidement pour arriver aux 50 collaborateurs qu’ils sont aujourd’hui. Ce premier rachat est rapidement suivi par un autre, celui de Deskalot, leur homologue plus modeste en Belgique. « On n’est pas une entreprise de build up, prévient pourtant Charles Vestur. On est ouvert aux opportunités, mais notre stratégie ne repose pas uniquement sur des acquisitions. »
L’opération vient pourtant envoyer un message très clair vers l’international : Worklib a compris que son marché n’était pas uniquement français et il se prépare à grandir bien au-delà de ses frontières natales. La part de l’immobilier flexible en 2020 était de 3 à 4 % sur des marchés matures comme les États-Unis (d’après une étude de JLL). Ce chiffre devrait passer à 20 ou 30 % en 2030.
Worklib a la conviction d’avoir atteint le product market fit, la startup souhaite maintenant accompagner la tendance du travail hybride au fur et à mesure de son déploiement dans nos vies.