AG2R La Mondiale est un groupe de protection sociale et patrimoniale français, qui assure les particuliers, les entreprises et les branches, pour protéger la santé, sécuriser le patrimoine et les revenus, prémunir contre les accidents de la vie et préparer la retraite.
AG2R La Mondiale est aussi un investisseur institutionnel. Le groupe gère plus de 70 milliards d’euros, provenant de ses assurés et épargnants. Pour mieux comprendre comment sont investis et gérés ces capitaux, Maddyness a rencontré Jean-Louis Charles, directeur des investissements et du financement du groupe AG2R La Mondiale et Cyrille Roustang, responsable du private equity au sein du groupe d'assurance.
Plus de 20 ans d'expérience dans le non coté
Sur les 70 milliards d’euros gérés, 85% sont investis dans des produits de taux, 6% en immobilier et 7% environ en actions, comprenant le non coté. Bien que le non coté soit minoritaire, puisqu’il ne représente pas plus de 500 millions d’euros, il joue un rôle essentiel dans l’allocation. « C’est une classe d’actifs qui a toute sa place dans notre allocation. Elle répond à notre volonté d’investir dans l’économie de façon directe. À travers les fonds régionaux, le non coté nous permet aussi d’afficher notre soutien aux régions où le Groupe est présent », commente Jean-Louis Charles. Grâce aux rendements qu’elle offre, la poche de PE est relativement stable en poids malgré des ratios de solvabilité imposés de plus en plus stricts.
« Nous avons plus de 20 ans d’expérience dans le non coté », avance Jean-Louis Charles. La classe d’actifs est gérée par une équipe relativement réduite de trois personnes, dirigée par Cyrille Roustang. « C’est une classe d’actifs suivie de près, qui intéresse beaucoup nos administrateurs », souligne Jean-Louis Charles. Ces derniers valident chaque année une enveloppe d’une centaine de millions d’euros qui sera investie puis déployée via des fonds d’investissement. « En private equity, les durations sont relativement longues, on sait que l’argent investi n’est pas toujours directement déployé », précise Jean-Louis Charles.
À travers ses investissements dans le non coté, le groupe de protection sociale cherche notamment à se diversifier. À ce titre, il a récemment créé une enveloppe de 300 millions d’euros dédiée au financement de la transition écologique, qui vient s’ajouter aux 100 millions d’euros alloués annuellement.
Des critères de sélection relativement classiques
Au sein du private equity, 20% est dédié au capital-innovation, allant de l’early-stage au growth/tech LBO, 60% est dédié au capital développement et capital transmission, plutôt sur le small et mi-cap, 10% à la dette mezzanine et 10% au secondaire. AG2R La Mondiale réalise aussi des co-investissements avec ses fonds partenaires.
« Pour les fonds, nous avons des critères de sélection relativement classiques », indique Cyrille Roustang. « Nous étudions la stratégie d’investissement, la pérennité, la stabilité de l’équipe de gestion, le track record, ainsi que les termes et conditions », détaille-t-il. Sur ce dernier point, le groupe indique être particulièrement attentif aux frais de gestion qu’il juge rester particulièrement élevés dans le private equity. Le responsable du private equity, observe aussi des critères ESG, et tend à n’investir désormais que dans des fonds article 8 ou article 9 SFDR, bien que cela reste selon lui parfois difficile sur le secondaire.
L’équipe investit majoritairement dans des fonds généralistes. Cependant, elle sélectionne également des fonds régionaux et des fonds thématiques sur des secteurs divers tels que les services financiers, l’hôtellerie ou encore l’environnement. AG2R La Mondiale, n’investit en général pas dans des fonds de moins de 150 millions d’euros, à l’exception des fonds régionaux où le groupe peut entrer dès 50 millions d’euros. Le groupe ne s’interdit pas les first time fund, comme cela a été le cas pour Infravia Growth même s’il vise plutôt à concentrer son portefeuille de gérant.
Parmi les fonds, on retrouve aussi des mastodontes comme Ardian. « Nous accompagnons depuis de nombreuses années des sociétés, dont Ardian, qui ont connu une forte croissance. Ces fonds, qui pèsent des milliards d’euros, continuent à nous accueillir, car nous sommes à leurs côtés depuis leurs débuts », partage Jean-Louis Charles.
Le Groupe est partenaire des initiatives Tibi, et s’était engagé à hauteur de 110 millions d’euros pour Tibi 1. Pour Tibi 2, il s’est engagé à hauteur de 70 millions d’euros, un peu moins de la moitié a déjà été déployée. « Nous avons un biais France assez fort, car notre objectif est avant tout de soutenir les PME et ETI françaises », commente Cyrille Roustang. Les investissements se font de manière totalement indépendante par rapport au CVC ALM innovation, mais Cyrille Roustang indique qu’il existe des synergies notamment au niveau du dealflow, bien que les secteurs d’intérêt diffèrent un peu.