C’est désormais presque une tradition. Quand le mois de juin touche à sa fin, c’est le moment de dresser le bilan annuel de Station F. Inauguré en grande pompe par Emmanuel Macron, le président de la République, en 2017, le campus XXL de startups est devenu une véritable vitrine de l’essor de la French Tech aux yeux du monde entier.
Depuis son ouverture, l’ancienne Halle Freyssinet, qui s’étend sur 34 000 mètres carrés, a vu défiler des milliers d’entrepreneurs entre ses murs. Et alors que Station F s’apprête à souffler sa 7e bougie, l’équipe du campus parisien initié par Xavier Niel a partagé quelques données pour mieux se rendre compte de son impact.
65 nationalités représentées sur le campus
Dès le départ, Station F s’est voulu très ouvert au monde entier. Ainsi, des entrepreneurs des quatre coins de la planète ont choisi de poser les premières pierres de leur projet au sein de l’incubateur parisien. Ce sont ainsi 65 nationalités qui se côtoient au quotidien à Station F.
Sans surprise, la nation la plus représentée après la France est les États-Unis (et ce depuis l’ouverture de la structure en 2017), qui devance le Maroc, l’Italie, la Tunisie et la Corée du Sud. A noter que plus d’un tiers des résidents du campus tricolore viennent de l’étranger. Ces derniers peuvent même dormir près de Station F avec la résidence de coliving Flatmates, située à Ivry-sur-Seine, à dix minutes à vélo de l’incubateur star de l’écosystème français.
Si ce brassage humain est déjà conséquent, l’équipe de Station F veut tout de même davantage l’étoffer. C’est pourquoi elle a annoncé en débit d’année le lancement d’un programme pour accompagner des startups étrangères qui souhaitent se développer sur le marché européen. Celui-ci a été inauguré avec la Corée du Sud, pays qui est une terre d’innovation par excellence, avec des géants mondiaux comme Samsung, LG ou encore Hyundai.
39 % des startups créées grâce aux allocations chômage
Alors que la réforme de l’assurance-chômage se profile à l’horizon, l’équipe de Station F s’est penchée sur l’impact de ces allocations pour les entrepreneurs accompagnés dans son enceinte. Ce sont ainsi 39 % des startups actuelles du campus qui ont été créées grâce aux allocations chômage.
L’équipe de la structure s’attendait à ce que ce chiffre soit 10 % plus élevé. «Cela pourrait être en partie dû au fait que nous voyons davantage de fondateurs récurrents (actuellement plus de 50 % de notre population sont des fondateurs récurrents), ce qui signifie qu'ils ont plus de facilité à lever des fonds, peuvent s'auto-financer ou ne sont pas éligibles à ces allocations», analyse cette dernière.
Au niveau des aides qui contribuent au décollage des jeunes pousses accompagnées, 57 % des startups du campus ont été épaulées par Bpifrance. Un chiffre qui ne comprend pas les financements perçus de la part de fonds soutenus par Bpifrance. Au total, 28 % des entreprises de Station F ont bénéficié des allocations chômage et de l’aide apportée par Bpifrance. Là aussi, l’équipe de la structure s’attendait à ce que cette portion soit plus imposante.
Plus d’un milliard d’euros levés chaque année par les startups de l'incubateur
Capable d’héberger jusqu’à 1 000 startups en même temps, Station F capte logiquement une part non-négligeable des investissements réalisés par les fonds de capital-risque. Ainsi, les entreprises du campus parisien dirigé par Roxanne Varza ont capté ensemble plus d’un milliard d’euros par an ces deux dernières années, ce qui représente environ 15 % du volume global de l’écosystème français en 2023.
L’année 2024 est partie sur des bases légèrement plus élevées que l’année précédente, puisque les startups de Station F ont levé environ 400 millions d’euros sur les six premiers mois de l’année, contre 360 millions au premier semestre 2023. «C'est légèrement moins qu'en 2022, mais nous sommes assez confiants dans la capacité de nos entreprises à continuer à attirer des investissements», assure l’équipe du campus.
Sans surprise, ce sont les startups positionnées dans l’IA qui ont récolté le plus de fonds ces derniers temps. En 2023, cette thématique a reçu quatre fois plus de financements que n’importe quelle autre thématique. Ce n’est ainsi pas une surprise si l’IA représente un quart de la dernière promotion du Future 40, l’indice qui vise à mettre en avant les jeunes pousses les plus prometteuses hébergées au sein du campus parisien. A noter que l’équipe de Station F observe que les startups de la cleantech, en référence aux entreprises et aux technologies qui encouragent le développement durable et le respect de l'environnement, ont également le vent en poupe.
«Nos fondateurs sont beaucoup plus long-termistes dans leur façon de construire leurs projets»
Mais peu importe leur secteur d’activité, les jeunes pousses actuelles accompagnées par Station F espèrent marcher dans les pas d’entreprises comme Hugging Face, Yuka, Interstellar Lab, 900.care ou encore Stonly, qui ont pris leur envol dans la structure du XIIIe arrondissement de Paris. De plus en plus de sociétés incubées à Station F tapent également dans l’œil de géants de la tech, comme Apple, Samsung ou encore SAP, qui ont jeté leur dévolu sur certaines d’entre elles pour se renforcer.
Sept ans après son ouverture, l’attractivité du campus parisien ne se dément pas. «Nous avons vu beaucoup d'évolutions positives que je n'aurais jamais imaginées depuis notre lancement. Évidemment, il y a encore beaucoup de choses à renforcer, mais je suis surtout ravie de voir que nos fondateurs sont beaucoup plus long-termistes dans leur façon de construire leurs projets. Chacun est beaucoup plus conscient de son impact, et les entrepreneurs veulent créer des entreprises durables qui contribuent de façon positive au monde de demain. C'est un discours qu'on avait beaucoup moins entendu il y a quelques années», confie Roxanne Varza, la directrice de Station F, à Maddyness.