En janvier dernier, L’Oréal annonçait le rachat de Gjosa, startup suisse pionnière dans le développement de la micronisation de l’eau, proposant ainsi à ses partenaires coiffeurs une solution pour consommer moins d’eau. En 2023, NetZero, startup française spécialisée dans le stockage de carbone de long terme, inaugurait au Brésil l'un des plus grands sites de production au monde. NetZero produit du biochar, un charbon à base de résidus végétaux, qui stocke le CO2. Elle a convaincu Stellantis, CMA CGM ou encore Nestlé (Nespresso), qui finance des sites de production. En contrepartie, le groupe récupère des crédits carbone et va pouvoir amener à ses producteurs de café une solution pour se débarrasser de leurs déchets de production.
Ce sont deux exemples parmi des centaines d’autres possibles, qui montrent que les grandes entreprises et les greentechs resserrent leurs liens. Les 2.750 greentechs françaises (selon Bpifrance) ont le vent en poupe. Une étude BCG, RaiseLab et RAISE Sherpas dévoilée ce 25 juin souligne qu’en 2023 elles ont attiré plus d’argent que jamais, captant un tiers des levées de fonds malgré une diminution globale des flux. « La Greentech française a levé quasiment +10 %, dans un marché qui a baissé de 30 % », résume Olivier Sampieri, directeur associé senior au BCG.
Les CVC particulièrement intéressés par les greentechs
Pour 93 % des startups à impact environnemental, sécuriser des fonds est une priorité absolue. Cet enjeu est particulièrement prononcé pour les greentechs industrielles, dont le modèle de développement est plus long et nécessite davantage de capital, souligne l’étude.
Mais au-delà d’une capacité à lever des fonds, il faut aussi trouver… des clients ! C’est leur second défi, mentionné à 84 %. Or, cela passe souvent par le fait de nouer des partenariats avec les grandes entreprises.
Les chiffres sont positifs : « 85 % des entreprises du SBF 120 ont communiqué dans leur plan stratégique des engagements pour réduire leur empreinte carbone », indique Olivier Sampieri. Or, les greentechs représentent une part croissante de leurs investissements, en direct ou via leurs fonds de Corporate Venture Capital (CVC). Aujourd’hui, 45 % des CVC ont plus de 30 % de greentechs dans leur portefeuille.
« Allez trouver les industriels très vite, le plus tôt possible »
Pour Anne-Sophie Gervais, co-head de Raise Sherpas, le rapprochement entre startups et grands groupes autour des enjeux environnementaux constitue une espèce d’âge d’or, comme l’avait déjà été il y a dix ans leur rapprochement autour de la transformation numérique. « On est dans le même type d’élan. Ce qui est nouveau, c’est qu’avant la R&D restait la boîte noire de l’entreprise, tandis que cette fois elle devient un sujet pour toutes les directions. Mon conseil aux greentechs : ne tardez pas. Allez à la rencontre de vos futurs partenaires industriels très vite, le plus tôt possible. »
Une autre tendance intéressante soulignée par l’étude : les entreprises qui investissent dans les startups le font aussi pour améliorer leur scope 3, c’est-à-dire les émissions carbone qu’elles suscitent en amont ou en aval de leur chaîne de valeur. A charge aux CVC de créer les synergies positives entre les startups vertes et les métiers historiques de l’entreprise. « Des progrès peuvent clairement être faits dans cette articulation », estime Olivier Sampieri.
Enfin, une greentech s’appuie-t-elle forcément sur une innovation technologique ? La question mérite d’être posée. « Les startups à impact ESG ne sont pas forcément tech, affirment Olivier Sampieri et Anne-Sophie Gervais. On peut avoir une dimension tech nulle ou quasi nulle et un impact très important, comme l’ont montré les fondateurs de la Fresque du Climat. Les startups Low Tech sont en train de prendre de l’ampleur notamment sur le S de ESG : le social. »