Comme pour la tech en général, la Fintech est bel et bien sortie de la période d’euphorie qui a caractérisé les années 2021 et 2022. « Un point d’inflexion semble avoir été atteint, 2021 et 2022, avec des levées totalisant plus de 2 milliards d’euros, sont aujourd’hui reconnues comme des années atypiques », partage Mikaël Ptachek, président de l’Observatoire de la Fintech.

Selon le dernier rapport de l’Observatoire de la Fintech, après s’être contractées de 57% en 2023, les levées de fonds restent relativement stables pour le secteur par rapport au 1ᵉʳ semestre 2023. Elles atteignent 630 millions d’euros, via 51 opérations, soit un léger recul de 6%. « Les investisseurs sont par ailleurs très sollicités sur les sujets d’intelligence artificielle et d’impact, qui viennent préempter une partie des fonds disponibles aux autres verticales de la tech dont la Fintech fait partie », indique Mikaël Ptachek. Depuis la naissance de ce secteur, les fintechs françaises ont levé 9,8 milliards d’euros.

Quelles tendances pour les fintechs française au 1ᵉʳ semestre ?

D’après les résultats l’étude, à mi-année, l’écosystème serait stable avec 490 fintechs actives. Les services de gestion BtoB captent 76% des levées de fonds du semestre. Ils regroupent les services collaboratifs avec les corporates et les entreprises, comme les plateformes de pilotage de l’entreprise, l’ESG et la cybersécurité. « Au sein des services B2B, on voit un intérêt très marqué pour la finance embarquée. Cela se note à travers les levées de fonds, mais aussi avec les opérations de M&A », relève Mikaël Ptachek, faisant notamment référence aux rachats de Regate par Qonto et de Shine par Ageras.

L’Assurtech et le paiement, qui restent en tête des investissements fintechs en cumul avec 1,9 milliard d’euros chacun, sont en pause ce semestre chez les investisseurs.« On assiste à une inversion complète de la tendance, le paiement et l’assurance n’atteignent respectivement que 17 et 18 millions d’euros sur ce semestre », commente Mikaël Ptachek.

Le taux d’échec reste faible avec douze cessations d’activité au 1ᵉʳ semestre 2024. Néanmoins, après la chute de Luko au second semestre 2023, celle d’October ce semestre a fait du bruit. « L’échec fait partie intégrante de l’innovation. Ce qui nous interpelle, en revanche, c’est qu’aujourd’hui les cessations d’activité ne représentent que 4,5% des fonds levés. C’est relativement faible dans l’innovation, et cela va certainement se matérialiser différemment, soit par des M&A parfois contraints, soit par des refinancements, soit par une nouvelle vague de cessations », analyse Mikaël Ptachek. Les opérations de M&A, n’ont en effet jamais été aussi nombreuses, avec 33 opérations au 1ᵉʳ semestre 2024, pour des cibles ayant en moyenne 11 ans.

Un nouvel indicateur suivi : la performance boursière des fintechs 

L’étude mesure aussi la santé de la Fintech à travers la performance boursière des fintechs internationales cotées. « Nous nous sommes employés à mesurer cette évolution à travers un échantillon de 40 acteurs internationaux cotés, le #Fintech40. Tout en consolidant de 4% sur le semestre, la capitalisation boursière pondérée de ces derniers a pris 51% en cinq ans. La somme des capitalisations boursières des 40 sociétés de l’indice à fin juin 2024, totalise 685 milliards USD », indique Antoine Fraysse-Soulier, responsable en France de l’analyse des Marchés eToro. 

« Quand on voit les valorisations auxquelles certaines jeunes fintechs font leur exit, cela laisse présager de très belles réussites pour les investisseurs », ajoute Mikaël Ptachek. Selon lui, le secteur reste très attractif pour les investisseurs, en raison notamment des belles possibilités d’exit industriel. « L’intérêt est toujours là, il a juste été déplacé des métiers en concurrence directe avec les banques aux métiers collaboratifs », commente-t-il.