« Environ un milliard de dispositifs médicaux (tels que les oxymètres et tensiomètres) sont nécessaires chaque année pour le des patients, mais seulement 100 millions sont produits annuellement. Et selon l’organisation mondiale de la santé, 50 % de la population manque toujours de soins primaires. » C’est le constat alarmant que dresse Alain Habra, le dirigeant de Quantiq. Pour tenter de répondre à cet enjeu, cet entrepreneur a mis au point une technologie permettant de transformer n'importe quelle caméra, webcam ou smartphone en un dispositif médical capable de mesurer les paramètres vitaux à distance. Une solution qui combine les expertises médicales, la physique, le traitement d’images avancé et l’intelligence artificielle.

« Pour les patients, une vidéo de 30 secondes, à la manière d’un selfie, suffit. Cela permet de mesurer la fréquence respiratoire, le rythme cardiaque, la variabilité cardiaque, le stress et la cohérence cardiaque, via la mesure du taux d’absorption de la lumière par le sang, circulant sous la peau du visage », détaille le dirigeant.

Dans les cabines de téléconsultation

Grâce à cet outil, les soignants qui utilisent les plateformes comme Doctolib, peuvent connaître les constantes d’un patient avant leur téléconsultation. « L’objectif pour nous est d’intégrer notre solution à une application existante », souligne Alain Habra. Quantiq cible ainsi les plateformes de téléconsultations et de surveillance, mais également les cabines de téléconsultation, qui voient le jour notamment aux Etats-Unis. « Notre outil peut également permettre de faire du tri aux urgences. Nous avons réalisé une étude qui prouve que cela peut faire gagner jusqu’à 21 % du temps aux soignants qui s’occupent d’orienter les patients. »

A terme, Quantiq souhaite également cibler les assurances et les mutuelles, qui veulent connaître l’état de santé de leurs adhérents afin d’avoir de la visibilité sur leurs dépenses. Et dans un troisième temps, la société espère adresser les groupes pharmaceutiques pour réduire les temps d’études cliniques.

Une levée de fonds de 2,6 millions d'euros

Mais avant cela, la startup née en 2020 doit faire certifier sa solution sur les marchés européen et américain. Pour cela, Quantiq vient de lever 2,6 millions d’euros auprès d’un pool de business angels. « Sans certification, impossible d’adresser le milieu médical. Cela fait 3 ans que nous y travaillons et les démarches, qui sont coûteuses, devraient être finalisées à l’automne », souligne Alain Habra, qui précise que « toutes les réglementations du monde dérivent des certifications européenne ou américaine. » Pour adresser d’autres pays, les démarches devraient donc être plus simples.

Grâce à cette levée de fonds, la startup envisage également de poursuivre le développement de son produit en intégrant l’analyse de paramètres supplémentaires. « D’ici 2025, nous envisageons d’intégrer trois nouvelles constantes vitales : la pression artérielle, le taux d'hémoglobine pour éviter une prise de sang et les fibrillations atriales, responsables de 30 % des AVC dans le monde », précise le dirigeant.

La startup de 10 salariés, qui a déjà commencé à pré-commercialiser son produit, souhaite également développer sa force de vente. Elle prépare déjà une série A pour accélérer, quand son produit sera certifié.