«Mon rôle, c’est d’aider les entrepreneurs à oser plus fort», affirme Oussama Ammar. L’entrepreneur, installé à Dubaï depuis trois ans, se faisait plus discret. Il se concentrait sur son activité de création de contenus sur YouTube, où il publie de longues vidéos destinées aux entrepreneurs. Il garde toujours son activité de conseil individualisé “Better Call Ouss”. 

Il prépare désormais son retour sur la scène startup avec un nouveau projet : The Labyrinth. Annoncé dans un mystérieux message sur X, il y a une dizaine de jours, le projet a rapidement suscité beaucoup d’enthousiasme au sein de sa communauté. En exclusivité pour Maddyness, Oussama Ammar a partagé les détails de The Labyrinth et son ambition. 

100% en distanciel, international et très ambitieux, voici les premiers traits de ce que pourrait être The Labyrinth. Oussama Ammar imagine un accélérateur dédié aux startups qui utilisent l'intelligence artificielle pour leur solution. The Labyrinth repose sur trois piliers. D’abord un rôle de coach et de mentor auprès des CEO accompagnés par la future structure. Deuxième pilier : «il faut prendre soin d’eux -les entrepreneurs-. Et cela ne peut pas être que par moi. Je suis en train de créer un réseau d’une trentaine d’advisors», développe Oussama Ammar. «Comme pour ‘Better Call Ouss’ - son service de conseil personnalisé aux startups, ndlr -, le calendrier de ces advisors est disponible et réservé aux membres de la promo. Ils peuvent prendre rendez-vous pour parler produit, design, marketing etc…»

Troisième pilier : accompagner les startups pour lever des fonds. L’entrepreneur franco-libanais a développé une solution pilotée par de l’intelligence artificielle qui permettrait aux startups de chercher des financements beaucoup plus vite. La solution est actuellement en phase de test, assure Oussama Ammar. «Pour chaque ligne d’entreprise, on va lui créer des centaines et des centaines d'intros personnalisées, en utilisant l'intelligence artificielle, pour aller trouver les investisseurs les plus pertinents pour elle», se réjouit-il. 

«Ce qui m’intéresse, c’est plutôt les profils de gamins de 17 ou 18 ans, hyper brillants»

«Je vais prendre tout le savoir-faire et tout le savoir-être que j'ai créé à The Family pendant 10 ans et le mettre à jour pour cette nouvelle génération de startups qui utilisent massivement l'IA», assure-t-il encore. Dans les critères de sélection pour The Labyrinth, l’intelligence artificielle est donc majeure. 

Chaque projet doit se baser ou intégrer l’IA pour rejoindre les premières cohortes. Oussama Ammar veut commencer avec une première promotion de 25 startups au mois de septembre. Chaque programme durera trois mois.  

L’objectif est de monter deux promotions de 25 projets par an. Condition sine qua non pour intégrer cet accélérateur en remote : The Labyrinth et son fondateur prennent 5% de la structure en equity. «C’est un peu un système de ‘satisfait’ ou ‘remboursé’», précise le Franco-libanais avant de développer : «Le deal est très simple. On dit aux gens qu’en 90 jours, on les aide. On définit un jalon en termes d’impact ou en termes de levées de fonds. Si cet objectif n’est pas atteint au bout de 90 jours, ils peuvent reprendre leurs 5%.»

Oussama Ammar ne vise pas les entrepreneurs surdiplômés, sortis de l’X, d’HEC ou d’autres grandes écoles d’ingénieurs. «Moi, ce qui m'intéresse, c'est plutôt le gamin de 17, 18 ans qui est hyper brillant, qui n’a pas les codes, qui ne sait pas pitcher, qui ne sait pas se présenter et qui a besoin vraiment d'un véritable mentorat profond pour, non seulement, changer son savoir-faire, mais surtout son savoir-être.»

«Oussama Ammar est extrêmement compétent, brillantissime. Il se focalise sur ce qui va te faire grandir. C’est un coach exceptionnel», nous confie un entrepreneur passé par The Family. Avant de poursuivre : «Oussama a gardé du réseau de The Family ceux qui se sont plantés, ceux qui ne sont pas très sérieux… Il reste un peu un gourou.»

Oussama Ammar veut étendre son influence

Quand on s’intéresse à l’écosystème startup, impossible de passer à côté d’Oussama Ammar sur les réseaux sociaux. Des extraits de ses interviews sont partagés et largement consommés sur Instagram et TikTok. Mais jamais par lui-même, assure l’homme d’affaires. En tout cas, il a bien compris la puissance des réseaux et s’apprête à étendre sa zone d’influence. «On a une stratégie assez marrante. On a créé un Oussama en IA. Et ce Oussama parle 7 langues avec mon intonation de voix. Donc là, on lance un compte de contenus en russe, en japonais, en espagnol, en italien, en anglais et en français.» Le but derrière cette stratégie multilingue : se faire connaître partout dans le monde et attirer les meilleurs potentiels dans The Labyrinth. 

«Ces trois ans à Dubaï m’ont vraiment changé», confie Oussama Ammar. «La leçon, c’est de faire des choses globales. Il y a 196 nationalités dans cette ville !» Le projet sera donc international : «La vraie posture, c’est d’attirer les entrepreneurs ambitieux où qu’ils soient. En France où j’ai mon audience, mais aussi en Russie, en Ukraine, dans les pays de l'Est, dans les pays du Nord, dans les pays africains, dans les pays d'Amérique du Sud, où qu'ils soient.» 

The Labyrinth sera, d’ailleurs, 100% anglophone. «Je serai intransigeant sur le niveau d’anglais», promet Oussama Ammar. Il aurait déjà reçu une centaine de candidatures. «Soyons honnêtes, sur les 100, il y en a 25 qui sont sérieuses. Je pense qu’il y en a 3-4 à prendre.»

Un fonds de litige pour financer ses procédures judiciaires

Néanmoins, sur un autre front, Oussama Ammar est toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. D’abord au Royaume-Uni, où deux procédures sont en cours. Mais aussi aux Îles Caïmans. Condamné une première fois dans cette juridiction, l’entrepreneur a obtenu la réouverture des dossiers et la tenue d’un nouveau procès où il pourra se défendre, selon ses dires. Une procédure pénale est également active en France pour «abus de confiance, faux et usage de faux, avec soupçon de blanchiment». Ses anciens associés de The Family et certains souscripteurs du fonds d’investissement de The Family l’accusent d’avoir utilisé l’argent à des fins personnelles.

Et Oussama Ammar prépare également son retour sur le terrain judiciaire. Il ne veut plus simplement se défendre, il veut attaquer. Et passer à autre chose. «Je n'ai pas envie de passer 10 ans de ma vie à gratter du papier», dit-il. Sa solution : lancer un fonds de litige. Peu répandu en France , il n’y en aurait que 5 ou 6, mais plus courant aux États-Unis, un fonds de litige permet à des souscripteurs d’investir dans une potentielle condamnation, nous confirme un avocat spécialisé dans le contentieux des affaires. 

En investissant dans un tel fonds, ils permettent de financer des procédures (frais d’avocats, etc.) et, en échange, ils reçoivent une part des dommages et intérêts, accordés  aux plaignants. «En général, c’est 30% mais cela peut aller jusqu’à 40%», nous précise un avocat parisien. De son côté, Oussama Ammar promet de redistribuer 100% de ce qu’il touchera potentiellement. Il discute d’ailleurs avec plusieurs cabinets d’avocats et conseils pour l’accompagner dans ces procédures.

Comment ce retour sera-t-il accueilli par l’écosystème ? Oussama Ammar, lui, ne prévoit pas de revenir s’installer en France et accorde peu d’importance à ce que peut penser le milieu des startups et de la tech parisienne. «Il est brillantissime mais sans foi ni loi. Lui confier son argent serait stupide», conclut un investisseur de The Family qui préfère rester anonyme.