Allianz est un groupe d'assurances allemand créé en 1890 à Berlin. Il est le troisième assureur et le huitième gestionnaire d'actifs au monde. Le groupe est diversifié entre l'assurance-dommage et l'assurance-vie, et est actif en Allemagne, en Suisse, en France et en Italie. La France est la première filiale mondiale. Allianz est aussi un important Limited Partner. Pour en savoir plus sur cette activité, Maddyness a rencontré Martine Legendre, responsable des investissements alternatifs d’Allianz France. « Nous sommes responsables d’un capital qui appartient aux assurés. C’est la difficulté par rapport à un business angel par exemple. Si nous perdons de l’argent, nos fonds propres sont attaqués, car nous offrons des garanties en capital », introduit-elle.

Une organisation par pays et par classes d’actifs

« Chez Allianz, chaque pays est responsable de son bilan. Nous avons aussi des “strategy teams”, dans lesquelles figurent des représentants par pays et par classes d’actifs et qui se réunissent pour échanger sur la stratégie d’investissement globale », explique Martine Legendre, qui siège, elle, au sein de la strategy team private equity.

De manière générale, Allianz Group investit dans le Capital Equity via Allianz Capital Partners, la société de gestion maison. Cette dernière travaillait initialement uniquement avec l’assureur, mais s’est ouverte depuis quelques années à des tiers. Allianz France a recours à Allianz Capital Partners mais aussi à son équipe pour sélectionner les fonds d’investissement. « C’est une différence qui tient à ma personnalité. Je considère que pour pouvoir proposer des stratégies d’investissement pertinentes, il faut être au plus près du marché », commente Martine Legendre. 

Pour les investissements aux États-Unis et en Asie, Martine Legendre et son équipe passent donc via Allianz Capital Partners, mais pour l’Europe, deux autres canaux sont utilisés. « Nous travaillons avec Eurazeo, chez qui nous avons des fonds de fonds dédiés, et nous investissons dans des fonds que nous allons sourcer », partage-t-elle.

Une capacité d’investissement solide, mais actuellement réduite

« Nous gérons l’argent des primes d’assurances versées par les clients d’Allianz. Cela vient des contrats d’assurance, auto, habitation, responsabilité civile ou professionnelle, mais aussi de l’épargne en assurance vie. Nous sommes donc contraints, car d’un côté, il faut être capable de payer pour les sinistres et de l’autre, les actifs peuvent être arbitrés par les investisseurs particuliers ou bien encore rachetés pour récupérer des liquidités », explique Martine Legendre.

« Dernièrement, nous avons, comme tous les assureurs, été affectés par le contexte macro-économique et en particulier par la hausse des taux. Notre capacité d’investissement et la taille des tickets ont donc été significativement réduits, notamment parce que certains de nos clients qui faisaient des investissements leveragés ont stoppé, et parce que les particuliers ont arbitré leurs investissements vers des livrets A ou des dépôts à terme », partage Martine Legendre. Néanmoins, elle reste optimiste pour l’avenir. « Aujourd’hui, nous observons une légère baisse des taux, et en avril, les assureurs français ont eu, pour la première fois depuis novembre 2021, une collecte nette positive », avance-t-elle.

À cela, s’ajoutent les contraintes édictées par le groupe suite à la hausse des taux, invitant à baisser l’exposition aux actifs alternatifs en actions non cotées. « Cette exposition avait largement progressé ces dernières années. Aujourd’hui, nous avons encore plus de 30% investis dans les actifs non cotés. Hors immobilier, nous sommes passés d’une exposition de 3,5% en 2015 à plus de 10% aujourd’hui sur les portefeuilles généraux », indique Martine Legendre.

Une grande sélectivité dans le choix des gérants

« Mon rôle est d’apporter de la diversification, du rendement et de la duration à nos portefeuilles. Le Private Equity est, de loin, la classe d’actifs la plus rentable, mais c’est aussi la plus risquée et couteuse en capital. Nous devons donc sélectionner les meilleurs gérants et les meilleures stratégies », avance Martine Legendre.

Plus que jamais, Allianz est donc très sélectif dans le choix des gérants. « Pour ceux chez qui nous avons déjà investi, nous regardons la manière dont l’argent a été déployé, leur performance, la manière dont ils ont communiqué avec nous, etc. Nous regardons tout cela d’autant plus près que nous ne serons pas en mesure d’investir dans tous les fonds successeurs », partage Martine Legendre.

À quelques exceptions près, Allianz ne fait pas de first time team ou de first time fund. La société favorise les gérants plus établis. Allianz investit notamment de manière récurrente chez Eurazeo, Serena, Partech, Infravia, Jolt ou Revaia.

 « Dans le private equity, je considère que le plus important, c'est l’équipe. Nous regardons attentivement la manière dont elle est constituée. Nous apprécions les équipes dans lesquelles il y a de la diversité, car c’est ce qui fait la richesse du sourcing et crée l’accès aux sociétés. L’investissement est un métier d’hommes et de femmes, nous sommes donc attentifs aux compétences de chacun et à l’entente au sein de l’équipe », confie Martine Legendre. Elle ajoute qu’elle apprécie particulièrement les sociétés de gestion qui ont des operating partners ou des senior advisors. « Ce sont pour moi de vrais atouts, qui font la différence auprès des meilleures startups qui ont le choix de leurs investisseurs », commente-t-elle.

L’impact est également au cœur de la stratégie d’investissement. En parallèle des due diligence, une équipe ESG opère de manière indépendante une due diligence ESG.

Concernant l’écosystème français, Allianz voit d’un œil positif les initiatives Tibi. « Ces initiatives ont le mérite de diriger l’argent et de soutenir significativement les fonds français. Pour Tibi 2, les assureurs ont un peu moins d’argent, mais des corporate comme Pfizer, la Française Des Jeux ou Mérieux sont venus nous rejoindre, ce qui permet de fédérer tout un écosystème », commente Martine Legendre. « Cela va devenir plus compliqué pour les fonds de VC ou de growth qui ne seront pas labelisés Tibi », ajoute-t-elle.