Au cœur de l’Europe, le Luxembourg se trouve dans une position stratégique pour  permettre aux entreprises de toucher tout à la fois la France, la zone DACH (Allemagne, Autriche, Suisse) et le Benelux. Mais pour développer son attractivité, ce pays de seulement 2 586 km2 ne mise pas seulement sur son atout naturel : il s’appuie aussi sur une volonté forte d’investir dans l’innovation. 

C’est tout particulièrement le cas dans le secteur de la mobilité, une des priorités de l’Etat luxembourgeois, qui a fixé d’ambitieux objectifs de décarbonation et de réduction du trafic routier. “Le Luxembourg est un petit pays, mais avec énormément de travailleurs transfrontaliers : 100 000 depuis la France, 50 000 depuis l’Allemagne, autant depuis la Belgique… Ce sont donc plus de 200 000 personnes qui font des trajets aller-retour chaque jour”, explique Joost Ortjens, Head of International Business Development en charge des sujets “Smart Mobility” au sein de l’agence Luxinnovation

Une des mesures phares en matière de mobilités “douces” est d’ailleurs la gratuité des transports en commun, en place depuis le 1er mars 2020. “La question n’est pas tant la gratuité, c’est surtout d’enlever un frein : sans paiement, on n’a plus besoin de se poser la question des zones, des tickets, des modes de paiement ou des compagnies de transport…”, précise-t-il.

Approche “bottom-up” de l’innovation

Dans cette d​​émarche de réinvention des transports et des mobilités, Luxinnovation joue un rôle clé : cette agence nationale de l'innovation accompagne depuis 1984 les entreprises et les organismes de recherche engagés dans des démarches d’innovation et de R&D. En son sein, un “cluster manager” est dédié au sujet de la mobilité : il accompagne les porteurs de projets dans leur installation au Luxembourg et les aide à obtenir contacts et subventions. 

“Notre approche de l’innovation dans le secteur de la mobilité est bottom-up : le gouvernement ne décide pas des sujets de recherche qu’il finance, c’est l’écosystème qui apporte les projets”, explique Joost Ortjens, qui précise que “du dépôt du dossier jusqu’à la décision de subvention, il faut compter autour de 2 à 3 mois.”

La startup Circu Li-ion, qui développe des solutions robotiques pour démanteler automatiquement les batteries électriques afin de permettre la réutilisation des cellules et des composants, ainsi que la mise en place de flux de recyclage propres, a bénéficié des différents dispositifs d’accompagnement de l’agence depuis sa création en 2021. “L'écosystème luxembourgeois nous a beaucoup soutenu, d’abord avec le programme ‘Fit 4 Start’ de Luxinnovation, puis avec les aides à la R&D du ministère de l’Économie ainsi qu’avec des subventions. Luxinnovation nous a aussi aidé à obtenir des subventions à l’échelle européenne”, explique Antoine Welter, le CEO & co-fondateur de Circu Li-ion. 

Celui-ci salue également la rapidité des circuits de décision et la qualité du bassin d’emploi, avec la possibilité de recruter facilement des talents anglophones, francophones ou germanophones. Avec 47% de sa population résidente composée d’étrangers, le Luxembourg est le pays le plus international d’Europe.

Navettes autonomes, robotaxis et développement européen

“Luxinnovation a joué un grand rôle dans notre implantation ici”, confirme également Robert Sykora, le directeur d’Ohmio Group en Europe. Après la Corée du Sud et les Etats-Unis, cette startup néo-zélandaise, qui développe des véhicules autonomes, a fait le choix du Grand-Duché pour son implantation en Europe, en 2021. A l’issue d’un appel d’offres, la Société Nationale des Chemins de Fer Luxembourgeois (CFL) lui a déjà passé commande de deux navettes autonomes, dont la mise en circulation est imminente. 

Depuis le Luxembourg, le groupe néo-zélandais gère désormais aussi ses autres projets européens, en Finlande et à l’aéroport d’Amsterdam, notamment. “Les opérateurs publics de transports ont besoin de nouvelles solutions pour les premiers et derniers kilomètres, et nous pensons que les véhicules autonomes seront une composante importante de la mobilité de demain. Nous notons d’ailleurs beaucoup de marques d’intérêt pour notre technologie et nous répondons à différents appels d’offres en Europe”, ajoute Robert Sykora. 

Son concurrent américain Pony.ai - qui développe notamment des robotaxis - ne le contredira pas : il vient lui aussi de choisir le Luxembourg pour son siège européen, avec l’ouverture annoncée d’un centre de recherche sur place.

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