Courant 2020, Marie Ekeland annonçait la création de 2050, un fonds evergreen qui ambitionne de mettre la tech au service des grands enjeux planétaires. Olivier Mathiot, l’a rejoint en 2021, en tant que directeur général. Le cofondateur de PriceMinister et l’investisseuse, passée par Daphni et Elaia, avait déjà collaboré à la présidence de France Digitale. Un fonds relativement récent donc, mais dont les associés sont parmi les plus expérimentés du marché.

« J’ai rejoint Marie Ekeland, car elle proposait une approche très innovante sur le marché. Elle pointait les limites du VC traditionnel sur le modèle de la “croissance à tout prix” qui ne cherchait qu’à créer des champions purement digitaux », raconte Olivier Mathiot. Les deux associés ambitionnent de créer un fonds qui, après la révolution digitale, permettra de soutenir ce qu’ils appellent la révolution durable. « La tech va continuer à jouer un rôle clé si on la met au service de la résolution des grands problèmes contemporains, environnementaux et sociétaux », explique Olivier Mathiot.

Mettre le digital au service des grands enjeux planétaires

Derrière la création de 2050, on retrouve donc la volonté de se rapprocher de la science. Le fonds travaille étroitement avec des universités et des centres de recherche pour mieux comprendre les grands enjeux. « Réfléchir à la manière dont on va nourrir la planète, comment on va traiter les problèmes de santé, et imaginer une agriculture régénérative et vertueuse, tout cela est intrinsèquement lié », constate Olivier Mathiot.

« Prenez l’exemple des maladies chroniques, comme le diabète qui se développe de plus en plus tôt et massivement. Cela pose des questions sur la manière dont on se nourrit, la manière dont on se soigne, mais aussi des questions concernant la sécurité sociale et la capacité de nos systèmes de solidarité à tenir », partage Olivier Mathiot. « La tech et l’IA peuvent et doivent se mettre au service de la résolution de ce type de problèmes », poursuit-il.

Le fonds est Article 9 SFDR et attache une importance particulière à la lutte contre le greenwashing. Pour cela, il a mis en place un outil d’analyse propriétaire, les KAPIs, pour Key Alignment Performance Indicators, qui vise à mesure l’impact dès la due diligence, via un net impact score. « Nous investissons dans des sociétés “impact by design”. Mais nous ne faisons pas de l’impact à proprement parler. Nous cherchons à aligner les performances financières et extra financières », précise Olivier Mathiot. L’analyse a déjà été appliquée à quatre des startups et le sera désormais sur toutes les suivantes.

Changer le rapport au temps grâce à un fonds evergreen

Pour permettre à la tech de jouer pleinement ce rôle de facilitateur, les dirigeants de 2050 considèrent qu’il faut changer le rapport au temps. « Transformer profondément des filières comme celles du transport, de l’énergie ou de l’alimentation prend du temps. Or la finance et les fonds VC fermés fonctionnent sur des temps courts », souligne Olivier Mathiot. Pour palier à cela, 2050 a structuré un fonds dit evergreen. Ce dernier a obtenu l’agrément AMF en 2021, un pari qui n’était pas gagné d’avance pour ce modèle qui sortait de la grille de lecture classique du régulateur.

« Contrairement aux fonds fermés, qui en réalité n’investissent que pendant 4 à 5 ans, puis après ne font que du réinvestissement, nous ne risquons pas d’être démodés et nous pouvons évoluer en même temps que la science », explique Olivier Mathiot. Quand un actionnaire entre dans le fonds, il est actionnaire de toutes les participations, y compris des participations passées. « Ainsi, il n’y a pas de compétition entre les Limited Partners », commente Olivier Mathiot. 

Parmi les LPs, on trouve des entrepreneurs qui ont fait des exits, des business angels reconnus, mais aussi des family offices, des corporate comme Ubisoft et Pro BTP et des institutionnels comme Crédit Mutuel Arkéa. « Le ticket minimum est de 300 000 euros, ce qui nous permet d’avoir des profils de LP variés », commente Olivier Mathiot. Le fonds étant agréé par l’AMF, il se doit d’offrir à ses LP des solutions de liquidité. « Aujourd’hui, il y a un problème de liquidité sur l’ensemble du marché, au sein des fonds fermés également. Nous avions anticipé ce sujet en prévoyant différentes portes de liquidité pour nos LP », indique Olivier Mathiot. Une fois par an, le fonds propose déjà de racheter une partie des parts, il prévoit également de proposer cela à chaque exit et de mettre en place dès 2026 un marché secondaire pour permettre aux actionnaires de revendre leurs parts directement à d’autres actionnaires.

12 startups déjà financées

Aujourd’hui, 2050 a plus de 135 millions d’euros sous gestion et a investi dans 12 sociétés, telles que Withings, Sweep, Fifteen, WeTradeLocal et Tilli pour des tickets compris entre 1 et 12 millions d’euros. Le fonds est multi-stage. « Comme nous sommes sur le temps long, cela nous permet d’avoir un meilleur couple rendement/risque », commente Olivier Mathiot. Pour cela, il utilise aussi la diversification géographique, l’essentiel des investissements est en France, mais quatre investissements ont déjà été réalisés en Scandinavie et aux Pays-Bas.

Au départ, 2050 s’est principalement intéressé au risque climatique et aux sujets de mesure du carbone, ce qui, de fil en aiguille, l’a conduit à creuser le sujet de l’Agritech, celui de la préservation des sols et jusqu’à celui de l’assiette, avec une société comme Omie. Aujourd’hui, le fonds se penche sur la préservation des océans et la bluetech. « Nous recevons beaucoup de dossiers, mais en réalité, nous ne regardons pas tellement le dealflow entrant. Nous sommes des chasseurs, nous faisons des deep dives sur des problématiques précises, comme actuellement la bluetech, puis nous allons chercher les solutions », souligne Olivier Mathiot.