« Si je devais me définir, je dirais que je suis gourmand. Je trouve que la vie est trop courte. Il y a tellement de choses possibles, j’ai envie de tout croquer. » Depuis un an et demi, Benoît Roblin est directeur de Bpifrance Le Hub. L’homme de 45 ans, père de deux filles, a, à ce titre, été récompensé lors des Maddy Awards, comme Service Provider de l'année, pour son investissement dans l’écosystème de l’innovation. Mais avant cela, Benoît Roblin, qui se rêvait enfant professeur d’histoire, a eu plusieurs vies.
C’est d’ailleurs son parcours, rythmé par différentes expériences professionnelles, qui lui permet aujourd’hui d’accompagner les 330 startups financées par Bpifrance. D’abord en leur mettant à disposition des startups managers mais également en leur apportant des conseils, sur la manière de fixer leurs prix, de mesurer leur besoin de trésorerie ou de négocier leurs contrats.
« On pouvait être envoyé au bout du monde »
Benoît Roblin a commencé sa carrière dans le conseil industriel, sur des plateformes pétrolières. Au large des Emirats Arabes Unis, en Nouvelle-Zélande mais aussi au Royaume Uni et aux Etats-Unis.
« En fonction des langues qu’on parlait, on pouvait être envoyé au bout du monde. C’était passionnant mais ce n’était pas le meilleur job pour fonder une famille. » Au bout de 4 ans, Benoît Roblin décide de rentrer à Paris. Il décroche un poste de manager au sein du cabinet de conseil KPMG à La Défense. « Parfois on travaillait 15 heures par jour. C’était dans la culture de la boîte. A 21h, il y avait encore 40 % des consultants au bureau », se souvient-t-il. Un rythme pas idéal non plus pour profiter de sa vie de famille. Mais surtout, Benoît Roblin prend conscience qu’il ne souhaite pas devenir partner. « Une fois que j’ai tiré ce constat, je me suis dit que ça n’avait pas d’intérêt de continuer à travailler dans ce milieu si ce n’était pas pour viser plus haut. »
Benoit Roblin entame alors sa troisième vie. Il rejoint le groupe Avis Budget et travaille pour le compte de la startup Zipcar, spécialisée dans l’autopartage. « Au départ, la société est en pleine expansion. Je m’occupe de son lancement dans de nouveaux pays, des nouveaux services. Puis, assez vite, on me demande de réduire la voilure », raconte Benoît Roblin. Après deux ans, l’activité s’arrête à Paris à cause d’une forte pression concurrentielle. Benoît Roblin quitte alors le navire et s’installe peu de temps après comme conseiller en stratégie freelance. « A ce moment-là, je suis devenu operating partner pour un fonds, afin de développer des projets de transformation digitale. »
Approché par un chasseur de tête
Ce n’est que quelques années plus tard que le professionnel « touche à tout » est contacté par Bpifrance. « J’ai été approché par un chasseur de tête, qui cherchait un profil un peu atypique pour la direction du Hub », raconte celui qui concède « trouver du confort dans l’inconfort. » Et bien qu’il ait travaillé deux ans dans une startup, ce nouveau rôle est une totale découverte. « Je ne serai jamais entrepreneur, je n’ai pas le grain de folie qui permet de partir d’une feuille blanche. En revanche, je suis plutôt dans la structuration d’une organisation. Et ce que j’apprécie vraiment aujourd’hui est d’échanger avec ces entrepreneurs. De me lancer dans une aventure à laquelle je ne connais rien. »
Alors pour les années à venir, tout reste incertain pour Benoit Roblin. « Je n’ai jamais compris les personnes capables de se projeter sur 10 ans. Moi je ne sais pas ce qu’il se passera, ce qui m’animera. J’aurais sans doute toujours envie de relever de nouveaux défis. »