Créé en 2016 par le serial entrepreneur Bernard Gilly et l’investisseuse Alexia Perouse, iBionext est un Venture Studio dédié à la création, au développement et au financement de startups innovantes. Premier Venture Studio créé en France dans le secteur de la santé, iBionext a développé une approche qui vise à réduire les risques opérationnels et créer des entreprises sur la base d’une science et d’une technologie de rupture. 

Le Venture Studio initie des projets dans la Healthtech et la Medtech avec l’objectif de construire des entreprises solides qu’il accompagnera jusqu’à la sortie. « Nous investissons avant même la création de l’entreprise et nous suivons sur chaque tour », commente Jean-Christophe Dantonel, le troisième associé qui a rejoint l’aventure il y a un an.

Le Venture Studio, un animal hybride

iBionext est une société de gestion agréée par l’AMF. Comme un fonds de VC classique, le venture studio lève des fonds, auprès de Limited Partners, qu’il investit ensuite dans ses sociétés. Son premier fonds a levé et déployé 90 millions d’euros à travers six sociétés. Aujourd’hui, iBionext lève son second fonds, avec un objectif de 300 millions d’euros pour accompagner huit à dix sociétés.

« Nous ne sommes pas un fonds d’amorçage, ni un fonds de série A, ni un fonds de growth, nous sommes tout cela », souligne Jean-Christophe Dantonel. Entre la création de la société et la série A qu’il va mener dans la foulée, iBionext peut être amené à prendre la majorité, le reste étant dédié aux fondateurs ainsi qu’un plan d’intéressement dédié à l’équipe de management qui sera recrutée. Au fur et à mesure des tours de table, d’autres investisseurs entrent au capital au côté d’iBionext. Dans le fonds 1, iBionext a investi au total entre 12 et 18 millions d’euros par société. 

Le modèle de Venture Studio est relativement récent puisque le premier date de 1996. Aujourd’hui, on en recense 700 à travers le monde. « Il me semble que la France est encore un peu en retard dans la compréhension du modèle. Les entrepreneurs ont parfois tendance à nous évaluer comme un VC classique alors que notre approche est loin d’être la même », remarque Jean-Christophe Dantonel. En effet, les modèles diffèrent bien, en particulier sur l’axe fondamental qu’est la manière de gérer le risque. « Dans le VC classique, on fait du “spray and pray”, c'est-à-dire qu’on gère le risque avec la diversification du portefeuille. Avec le modèle de Venture Studio, on gère le risque opérationnel via de l’investissement extra-financier », explique Jean-Christophe Dantonel.

Cette différence se note aussi en matière de performance. « Un fonds de VC va chercher des multiples entre x5 et x10, pour que quelques participations puissent rembourser la totalité du fonds. Un Venture Studio, au contraire, a peu, voire pas du tout de sinistralité, nous sommes donc plutôt sur des multiples entre x2 et x5, mais pour l’ensemble de nos sociétés », indique Jean-Christophe Dantonel.

iBionext, de l’idée jusqu’à la revente

Pour gérer ce risque opérationnel, iBionext a mis au point une méthode en quatre phases, relativement similaire à celle du pionnier en matière de Venture Studio dans la santé, l’Américain Flagship Pioneering, notamment derrière la création de Moderna.

La première phase est une phase d’exploration. Pour la mener à bien, iBionext travaille au plus près des centres d’innovation que sont les environnements académiques et hospitaliers. Lorsqu’une idée naît, elle entre ensuite dans une seconde phase qui est celle de la maturation. À ce stade, la société n’est pas encore créée, mais iBionext n’hésite pas à pré-investir pour tester une question scientifique ou sortir une preuve de concept. Si l’idée est validée, la phase 3 peut commencer. Cette étape correspond notamment à la création de la société et au recrutement du management. La dernière étape est celle de la croissance que soutient toujours aussi proactivement iBionext.

Tout l’enjeu du Venture Studio est de gérer et de prévenir les risques opérationnels pour créer des sociétés pérennes. « Entre la phase de maturation et la phase de création/série A, nous avons un taux d’attrition considérable, environ 70% des projets meurent, ceux qui sortent sont donc très solides. Si nous échouons à trouver la preuve du concept, si des concurrents sont déjà sur le champ ou si nous n’arrivons pas à trouver la bonne équipe de management, nous abandonnons le projet avant que le fonds n’entre en jeu », explique Jean-Christophe Dantonel, qui indique qu’iBionext apporte une attention particulière à la constitution des équipes.

Résultat, les six sociétés créées sont toujours vivantes et l’une d’entre elles, GrAI Matter Lab a déjà été cédée à un corporate. Parmi les autres startups créées, on trouve par exemple Tilak Healthcare, qui propose une application de surveillance de la vue pour les patients atteints de DMLA. « Pour Tilak, la clé a été de recruter des personnes qui venaient du jeu vidéo plutôt que de la santé afin de proposer quelque chose de ludique », partage Jean-Christophe Dantonel.

Le Venture Studio iBionext, un lieu physique

iBionext et toutes ses sociétés sont logés dans un espace de 5000 m² à Bastille, entre l’hôpital des Quinze-Vingts et l’hôpital Saint-Antoine. « La proximité physique est capitale à nos yeux. Si on veut prétendre apporter des compétences et expériences à nos startups, on doit pouvoir les croiser, tout le monde doit être au même endroit », avance Jean-Christophe Dantonel.

Ainsi, les entrepreneurs sont au plus près des associés et des équipes qui gèrent pour eux les fonctions support. « Grâce à notre accompagnement, le CEO peut se concentrer sur la croissance. Nous lui apportons notre réseau, nos compétences et nous gérons les ressources humaines, le juridique, la comptabilité, la finance ou encore l’IT en central grâce à une équipe d’une quinzaine de personnes », partage Jean-Christophe Dantonel.