« Ma première, et seule, expérience en tant que salarié était un stage de six mois, en fusion-acquisition au sein d’HSBC. C’était très formateur mais j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi. Ni la finance, ni le salariat. » Alors qu’il est encore étudiant en école de commerce à Lyon, Aurélien de Meaux crée sa propre société « avec un copain de promo. » Aujourd'hui, l'entrepreneur de 37 ans est à la tête de la startup Electra, qui déploie des bornes de recharge rapide pour véhicules électriques et vient d'être distingué par un MaddyAwards, dans la catégorie personnalité entrepreneuriale de l’année.
Avec son premier associé, ils fondent « Cheerz », une application qui permet d’imprimer les photos partagées sur les réseaux sociaux. « On voulait faciliter la création d’albums photos », souligne Aurélien de Meaux. Mais la mayonnaise ne prend pas. « On avait créé un poster qui allait récupérer les photos de profil des amis Facebook. Mais finalement, on s’est rendu compte que ce n’était pas les photos que les gens avaient envie d’imprimer et qu’ils voulaient des photos plus intimes. On a un peu galéré au début mais ça a été un bon apprentissage », se souvient-il.
Finalement, Cheerz devient un service d’impression tout court. Et en 2012, la société décolle. « Avec le développement de la 4G, les gens prenaient de plus en plus de photos avec leur téléphone. On a sorti une application d’impression qui est devenu le gros de notre business. » Dans le même temps, c’est la chute d’acteurs comme Kodak, qui ont raté le virage du web. « Notre application est devenue la première dans le domaine de l’impression en France. Peu de sociétés se sont intéressées au mobile », souligne le dirigeant. En 2020, Cheerz réalise 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et les deux cofondateurs décident de céder leur société à un groupe allemand.
« J’avais des fourmis dans les jambes »
« Je suis resté quelque temps avec eux pour accompagner la passation. Mais j’avais des fourmis dans les jambes et envie de remonter un projet », se souvient l’entrepreneur. A ce moment-là, Aurélien de Meaux se « passionne » pour les enjeux de mobilité. « Le lien entre digital et moyens de transport me fascine », confie celui qui prend pour exemple les trottinettes partagées ou les Cityscoot. Au fil de ses recherches, les chiffres sur la pollution des transports l’accablent. « La mobilité émet 32 % des émissions de CO2 en France et dans ce secteur, ce chiffre ne diminue pas. » L’entrepreneur se donne donc pour mission de réduire ces émissions. « L’électrification à grande échelle pourrait permettre de diviser par deux ce chiffre », assure-t-il.
Aurélien de Meaux rencontre « deux camarades » qui se passionnent pour les mêmes sujets et ensemble, ils créent Electra en 2021. Une startup dont le but est de massifier les bornes de recharges rapides pour véhicules électriques. « C’est le premier frein pour le développement de cette mobilité », assure le cofondateur. La promesse : recharger un véhicule en 15 minutes, en identifiant la localisation des bornes grâce à une application. Depuis sa création, la startup enchaîne les levées de fonds. 15 millions d’euros en 2021 d’abord. Avant de réunir 160 millions l’année suivante et 304 millions d’euros en 2023. « Nous avons besoin de beaucoup de cash car une seule station coûte 400 000 à 500 000 euros », souligne Aurélien de Meaux.
« A 23 ans, je n'avais rien à perdre »
Mais bien que sa nouvelle société soit en pleine évolution, l’entrepreneur concède qu’il était « plus facile » de se lancer en tant qu’étudiant. « A 23 ans, je n’avais rien à perdre. Maintenant j’ai une famille, trois enfants... Il ne faut pas trop réfléchir. »
Mais sortir de sa zone de confort et prendre des risques font partie intégrante de son mode de vie. A 17 ans, déjà, Aurélien de Meaux traverse la Manche pour aller apprendre l’anglais au Royaume-Uni. « J’ai grandi en banlieue parisienne, à Sèvres, j’ai eu une petite enfance tranquille, entouré de mes parents, de mon frère et de ma sœur. Je voulais quitter le cocon familial », raconte l’entrepreneur, qui, dès le lycée, à demander à vivre à l’internat avant de vivre quatre ans à l’étranger, en Angleterre, en Espagne et en Chine.
Des expériences qui lui ont permis « de s’ouvrir à d’autres cultures et de maîtriser l’anglais. » Ce dont il se sert désormais au quotidien pour « créer un réseau international de bornes de recharge. »