Initialement établi en 2016 entre Londres, Paris et Tel Aviv, Kamet Studio s’est progressivement reconcentré sur la France. À sa tête, on retrouve Stéphane Guinet et Michael Niddam, des entrepreneurs et business angels, aussi passés par les grands groupes, dont ils comprennent les rouages. Stéphane Guinet revendique une trentaine de participations à son actif personnel. « Au moment de monter Kamet Studio, j’avais déjà créé et revendu deux sociétés, et investi en tant que Business Angel dans une vingtaine de sociétés. J’avais envie d’une nouvelle aventure, et le multientrepreneuriat au plus proche des entrepreneurs, permis par la structure d’un startup studio, m’a attiré », raconte-t-il.
« Nous sommes des entrepreneurs qui fabriquent des sociétés », résume Stéphane Guinet. Dans le monde des startups studio, il est vrai que les définitions peuvent varier d’un acteur à l’autre, mais Kamet Studio a une vision claire du sujet. « Nous avons mis en place une méthodologie robuste, et à nos yeux, unique, qui permet de dérisquer au maximum les startups avant de les lancer », ajoute-t-il. Le startup studio revendique un taux de réussite de près de 100%, une prouesse dans l’amorçage, où la plupart des sociétés meurent dans les premières années.
Créateurs de startups
Stéphane Guinet est un ancien d’Axa et au début de l’aventure, la compagnie d’assurance avait investi 100 millions d’euros dans son startup studio. « Comme nous avions ces fonds, en plus de l’amorçage de nos startups, nous avons aussi suivi sur des tours de séries A et B, mais c’est quelque chose que nous ne faisons plus aujourd’hui », précise-t-il. Même si le studio continue à injecter des fonds au départ des projets, les fondateurs tiennent à préciser qu’ils n’ont jamais été un fonds. « Nous ne sommes pas des investisseurs, mais des créateurs. Contrairement à des fonds de VC, nous avons des actions ordinaires, comme nos cofondateurs », insiste Michael Niddam.
Cinq ans après le début de l’aventure, les associés ont racheté les parts d’Axa, et Kamet studio est aujourd’hui détenu à 100% par des personnes physiques. Depuis, le studio investit sur fonds propres, avec une logique evergreen. « C’est un modèle rentable, car comme nous rentrons dans les sociétés au tout au début, il n’y a que peu de coût du capital. En revanche, avoir un bon taux de réussite ne s’improvise pas », souligne Stéphane Guinet.
Les premières années, Kamet créait trois à cinq sociétés par an. Aujourd’hui, le portefeuille compte une vingtaine de sociétés, et le studio a fait le choix de réduire la voilure en termes de nouveaux projets. « D’une part, nous n’investissons plus que sur fonds propres. Il faut donc que nous puissions récupérer de l’argent, lors de sorties, avant de réinvestir. Mais surtout, nous avons construit un modèle dans lequel nous nous engageons dans la durée. Nous sommes personnellement très impliqués auprès des startups du portefeuille, car nous sommes convaincus que le diable est dans les détails. De fait, notre scalabilité a donc ses limites », explique Michael Niddam.
« En moyenne, cela prend dix ans de fabriquer et d’amener une startup à l’échelle. Il n’y a rien de plus dur que de monter une boite et de la faire grandir, mais c’est précisément notre job », avance Michael Niddam. Si toutes les sociétés issues du startup studio ne sont pas nécessairement connues du grand public, plusieurs sont pourtant bien passés à l’échelle. « Six ou sept de nos sociétés ont dépassé les 100 millions d’euros de valorisation, et au global, notre portefeuille représentera près de 300 millions de chiffre d’affaires fin 2024, dont plus de la moitié en ARR », ajoute Stéphane Guinet.
Trouver les entrepreneurs qui exécuteront l’idée
Les idées viennent presque systématiquement de Kamet Studio. Sur les 25 sociétés lancées, les fondateurs indiquent que seules une ou deux idées sont venues de l’extérieur. « Quand on a la conviction d’avoir mis le doigt sur un problème, on trouve une solution, et on cherche comment la fabriquer, tant sur le plan technologique, que monétaire ou réglementaire », explique Michael Niddam.
Parallèlement à cette étape, Kamet Studio cherche ses futurs associés, des entrepreneurs qui vont prendre le leadership opérationnel. La majorité initiale va aux cofondateurs et le studio prend une part minoritaire, mais importante du capital. « Nous restons très impliqués, nous coachons quotidiennement les startups et nous participons aux comités stratégiques », commente Michael Niddam. Concernant le choix des fondateurs, la sélection n’est pas scientifique. « Nous sommes sur de la matière humaine, c’est donc mécaniquement compliqué d’établir une méthodologie. Mais nous y dédions beaucoup de temps, nous regardons si les candidats ont les qualités nécessaires et surtout l’envie de travailler avec nous. Nous aimons bien associer des personnalités et des expériences complémentaires », détaille Stéphane Guinet.
Focus sur la Healthtech et l’Insurtech
Le startup studio s’intéresse à la Healthtech et à l’Insurtech. Au sein de la Healthtech, il se dédie, d’une part, à la digitalisation des parcours de soin, et d’autre part, à quelques sociétés plus scientifiques pouvant traiter des sujets tels que la donnée au service des diagnostics. Parmi les startups issues de Kamet Studio, on compte la plateforme de téléconsultation Qare, vendue en 2021 au leader européen du secteur, le britannique HealthHero, ou encore Padoa, qui digitalise la santé au travail.
Côté Insurtech, on peut citer Akur8, une solution basée sur l’IA pour les assureurs. Une startup devrait bientôt être annoncée dans la recherche thérapeutique et deux autres devraient également voir le jour d’ici la fin de l’année.