L’un est à Santa Clara, l’autre entre Cologne et Paris. Ils ont pourtant choisi Paris comme base. Brijesh Tripathi et Dali Kilani, deux ingénieurs passés par les plus grandes boites tech s’allient pour lancer FlexAI. Fondée à l’automne 2023, FlexAI a déjà su embarquer de nombreux investisseurs : Frst Capital, Motier Ventures, Partech et Karim Beguir, PDG d'InstaDeep.
FlexAI annonce boucler un nouveau tour de table de 28,5 millions d’euros mené par Alpha Intelligence Capital (AIC), Heartcore Capital, Elaia et la Bpifrance. Cette levée va permettre à Brijesh Tripathi et Dali Kilani, les fondateurs, de présenter un premier produit dans les prochains mois. Anciens voisins de bureaux chez Nvidia, Brijesh Tripathi et Dali Kilani ont pour ambition de répondre à un problème qu’eux-mêmes ont rencontré dans leur carrière.
FlexAI est né d’un constat simple : «Quand il y a beaucoup de demandes sur un sujet et peu d’offres, le réflexe n’est pas de construire plus mais de tirer avantage de ce qui existe déjà, il faut améliorer l’efficience», explique Dali Kilani, cofondateur de FlexAI. Il développe : «La complexité des ordinateurs nécessaires pour créer des modèles d’IA progresse de manière phénoménale, le niveau de savoir-faire pour en tirer des avantages ne suit pas, et puis il n’y a pas assez de cartes graphiques, notamment Nvidia, pour tout le monde. Les solutions les plus efficaces sont celles qui ont tout intégré, donc nous allons offrir une solution complète et la plus efficiente possible.» FlexAI vise en priorité les entreprises de l’intelligence artificielle qui développent leurs propres modèles et auront besoin de beaucoup de capacités de calcul.
«Hardware agnostic»
FlexAI vient également casser une barrière technologique majeure : depuis 10 ans, une majorité de chercheurs de l’IA ont construit leur expérience professionnelle avec Nvidia. De plus en plus de concurrents émergent avec d’autres solutions : AMD, Intel etc, mais «on ne peut pas demander aux professionnels de l’IA d’apprendre de nouvelles solutions», analyse l’ingénieur. «Pour que ce choix existe dans la pratique, il faut proposer une technologie qui vient abstraire les différences entre ces options.»
Pour Arnaud Barthlémy, fondateur d’Alpha Intelligence Capital, la promesse de FlexAI est double : «fournir aux développeurs une plateforme qui permet d’entraîner des modèles d’IA de manière simple et le faire d’une manière agnostique en terme de hardware.» Les développeurs sortent donc de leur dépendance aux fournisseurs hardware.
Avec cette levée, FlexAI veut aller encore plus loin. «L’objectif de notre pré-seed était de proposer de l’IA à tous facilement accessible grâce au cloud», développe Dali Kilani. Ce tour de seed va permettre à FlexAI de lancer son produit cloud sur le marché d’ici la fin de l’année 2024. Le deuxième but de la startup est de concevoir et développer ses propres serveurs «pour apporter un niveau supérieur d’efficience et d’optimisation sur le marché.» FlexAI ambitionne d’être l’un des fournisseurs leaders d’infrastructure IA. Le CV des deux fondateurs, à savoir ingénieurs chez Nvidia, Tesla, Apple ou Intel, est sans doute leur meilleur atout. «On comprend toute la chaîne : les modèles IA, les couches intermédiaires, le hardware !», renchérit Dali Kilani,
Paris, «le deuxième endroit le plus propice pour faire de l’intelligence artificielle dans le monde »
Basée à Paris, FlexAI a déjà des bureaux dans la Silicon Valley aux États-Unis et en Inde, à Bangalore. La startup a une stratégie commerciale globale dès le départ. Alors pourquoi ce choix de la capitale française ? «On a choisi de démarrer à Paris car il est clair maintenant que c’est le deuxième endroit le plus propice pour faire de l’intelligence artificielle dans le monde», affirme Dali Kilani. Un constat partagé par Arnaud Barthélémy : «Paris réunit les conditions pour qu’un projet fonctionne : la présence d’ingénieurs de qualité dans l’IA à tous les niveaux. Les financements et le capital sont là aussi alimentés par Bpifrance et la présence de fonds étrangers et, troisième élément, il y a des réseaux d’anciens, de Dataïku, d’Aircall, etc, qui reviennent en France. Enfin, il y a le côté international.»
L’autre avantage de Paris est de ne pas être en compétition avec les futurs géants de l’IA américains comme OpenAI, notamment dans la guerre des talents. «On arrive à récupérer des talents compétitifs au niveau mondial qui sont à Paris», raconte Dali Kilani. «Avec notre projet si ambitieux, on a recruté des collaborateurs de Google, de Deepmind…» Aujourd’hui, FlexAI compte déjà une quarantaine de collaborateurs. Pour AIC, fonds consacré à l’intelligence artificielle, c’est un investissement «fondamental, ambitieux et de long terme.» Une entreprise à suivre !