Une page se tourne pour Shine. Et pour cause, Nicolas Reboud et Raphaël Simon, les fondateurs de la fintech française, annoncent en exclusivité à Maddyness qu’ils lâchent les manettes de leur entreprise. A leur place, ce sont désormais Jean-Baptiste Sciandra et Fanta Duteïs qui exerceront respectivement les fonctions de président et de directrice générale de la société. Cette bascule à la tête de Shine est effective depuis le 8 mars dernier. Toutefois, les deux fondateurs vont conserver leur siège au conseil d’administration jusqu’à l’été.
Aux yeux de Nicolas Reboud, co-fondateur et désormais ex-président de Shine, c’était le bon moment pour passer la main. «Avec Raphaël Simon, ndlr), nous nous disons depuis des années que nous ne voulons pas que l’entreprise dépende de nous deux. Cela constitue un risque majeur pour la société de dépendre de seulement deux personnes, en cas d’accident par exemple. Cela fait donc trois ans que nous avons commencé à construire un Comex autour de nous. Depuis, il s’est élargi», explique-t-il à Maddyness. Avant d’ajouter : «Surtout, nous avons commencé à nous rendre compte depuis au moins un an que nous étions moins décisifs dans le fonctionnement de l’entreprise. C’était le signe que le processus de transition était bien entamé.»
Deux nouveaux dirigeants arrivés dans l’entreprise en 2021
Face à cette prise de conscience, Nicolas Reboud et Raphaël Simon ont commencé à évoquer leur départ auprès de Société Générale, le propriétaire de Shine depuis juin 2020 qui souhaiterait s’en séparer dans les mois à venir selon les rumeurs, au milieu de l’année 2023, avant de partager la nouvelle de la bascule à venir aux équipes à la fin de l’année écoulée. «Ce n’était pas une surprise pour nos salariés. Quand nous avons voulu prendre du recul, cela s’est senti. Et puis l’entreprise a beaucoup grossi : Shine est passé de 100 à 300 collaborateurs en trois ans. Cela a surtout touché les plus anciens salariés mais ça n’a pas déstabilisé l’entreprise. Les personnes nommées à notre place sont présentes depuis plusieurs années», observe le co-fondateur de la fintech tricolore.
Ces personnes qui ont pris la relève, ce sont donc Jean-Baptiste Sciandra et Fanta Duteïs, qui ont tous les deux rejoint l’entreprise en 2021. Le premier est notamment passé par BNP Paribas et October avant de rejoindre Shine en tant que directeur marketing, tandis que la deuxième a évolué au sein des groupes M6 et HiPay avant de devenir directrice financière de la fintech tricolore il y a trois ans.
Forts de leurs expériences respectives, les deux dirigeants, qui étaient déjà impliqués dans toutes les décisions stratégiques au cours des trois dernières années, ont désormais la responsabilité d’écrire le prochain chapitre de Shine. «Ce sont nos métiers, plus que nos personnes, qui nous ont conduit à être dans une position plus naturelle pour prendre la relève», estime avec modestie le nouveau président de Shine. Avant d’ajouter : «Très vite avec Fanta, nous avons ressenti une grosse pression. Et c’est assez logique puisque nous héritons d’un petit bijou qu’il ne faut surtout pas casser.»
A la conquête des TPE et PME
Et pour cause, la société française est considérablement montée en puissance depuis sa création. Au départ centrée essentiellement sur les indépendants, elle a depuis élargi son champ d’action et veut devenir le compte pro de prédilection des TPE et PME, ce qui n’est pas une mince affaire face à des acteurs comme Qonto, qui a récemment mis la main sur la startup Regate pour mieux adresser les besoins financiers des PME.
A ce jour, Shine assure compter plus de 150 000 clients. «Au cours des six dernières années, la société enregistré une croissance énorme. Tout ce que nous avons construit, c’est avant tout pour les clients. Mais nous avons très peu travaillé sur notre fonctionnement en interne. Or en trois ans, nous sommes passés de 100 à 300 salariés. Il faut donc davantage se structurer», observe Jean-Baptiste Sciandra. «C’est un point qui nous tient à cœur», renchérit Fanta Duteïs. Néanmoins, le nouveau tandem ne perd pas de vue ses enjeux business et entend continuer à diversifier la société sur de nouveaux segments de clients ainsi qu’à améliorer le revenu par client pour se rapprocher de la rentabilité.
Pendant que Shine continue à tracer sa route dans la fintech B2B (avec ou sans Société Générale ?), sans convoiter le statut de banque pour l’instant, les fondateurs vont prendre du recul pour se ressourcer. Avant de replonger dans le bain de l’entrepreneuriat ? «Nous serions ravis de recréer une boîte ensemble, mais je vais d’abord faire une pause par rapport à l’entrepreneuriat en ce qui me concerne. J’ai envie de laisser germer de nouvelles idées», indique Nicolas Reboud. Si l’entrepreneur français s’apprête à voguer vers de nouveaux horizons, nul doute qu’il continuera d’avoir un regard avisé sur les prochaines étapes du développement de Shine.