574 Invest : un nom qui peut intriguer et dont on a envie de connaître l’origine. Choisi pour incarner l’innovation, le nombre 574 représente en fait le record de vitesse du TGV. Lancé en 2019, 574 Invest est en effet CVC (Corporate Venture Fund) du groupe SNCF. La création de ce fonds a matérialisé la volonté du groupe, qui investissait déjà de manière indirecte dans l’écosystème startups, de s’en rapprocher davantage, afin de créer des synergies toujours plus fortes.
Derrière 574 Invest, deux objectifs érigés au même rang : la performance financière et la contribution à l’innovation au sein du groupe SNCF. Le fonds qui a déjà investi dans cinq startups, devrait prochainement annoncer un sixième investissement. Maddyness a rencontré Lucas Rudolf, le directeur de cette activité VC.
Du fonds de fonds à l’investissement en direct
Quand 574 Invest est lancé en 2019, cela fait déjà près d’une dizaine d’années que le groupe SNCF investit dans les startups. « Nous avons été parmi les premiers corporate à nous lancer dans ce domaine », commente Lucas Rudolf. Il y a dix ans, l’écosystème était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui, et le groupe commence d’abord à investir dans des fonds en tant que Limited Partners. « De cette manière, nous avons compris comment fonctionnait l’écosystème. Ensuite, nous avons eu une étape intermédiaire, en investissant toujours de manière indirecte, mais en étant le seul LP », raconte Lucas Rudolf.
Fin 2018, le groupe SNCF prend la décision stratégique d’aller plus loin dans l’investissement avec les startups. « La première phase de cette activité d’investissement était enrichissante, mais comme nous ne maitrisions pas directement la direction des investissements, les retours opérationnels étaient limités », explique Lucas Rudolf. « Nous sommes donc passés à la phase 2 : l’investissement en direct. Le lancement de 574 Invest s’est fait avec deux objectifs. Le premier était la recherche de performance financière et le second l’optimisation du retour opérationnel, c'est-à-dire du potentiel de collaboration entre les startups et le groupe », poursuit Lucas Rudolf. À l’époque, déjà dans le groupe, au sein de l’équipe M&A, il est en charge de monter la structure.
574 Invest, des investissements au service du groupe SNCF
Le fonds prend des participations minoritaires dans des startups en participant à des tours de séries A ou de séries B. « Nous faisons assez peu d’amorçage, car nous voulons pouvoir rapidement développer la relation opérationnelle », commente Lucas Rudolf. Il peut intervenir en qualité de lead et de suiveur, mais demande à être représenté au board, avec des tickets entre 1 et 5 millions d’euros, réinvestissements compris.
574 Invest investit dans les secteurs qui servent les objectifs du groupe SNCF. « Quand on parle de la SNCF, on pense souvent au train, mais le groupe, qui inclut aussi Geodis et Keolis, a des activités bien plus larges qui comprennent notamment le transport de voyageurs en bus, métro et tramway, le transport de marchandises ou encore de l’immobilier », partage Lucas Rudolf. Le fonds investit donc dans la thématique de la mobilité, mais aussi sur des sujets de deeptech industrielle et dans des startups qui œuvrent pour la transition énergétique.
Le CVC peut autant investir dans des startups qui travaillent déjà avec une société du groupe que dans des startups qui ne sont pas encore en contact avec le groupe. « Nous avons une ligne rouge, nous n’investissons pas dans une société si nous savons d’avance qu’il n’y aura pas d’interactions opérationnelles avec le groupe à court ou moyen terme », précise Lucas Rudolf, qui indique que le rôle de 574 Invest, est également de faire connaître les startups du portefeuille au sein du groupe et de faciliter les relations opérationnelles avec les différentes business units.
574 Invest vise entre un et deux investissements par an. Le fonds a notamment investi dans Electra, qui a, à nouveau, annoncé une levée record début janvier. Il est également actionnaire de XXII, une startup qui veut démocratiser la vision par ordinateur en intelligence artificielle, Hector, un service de voituriers en gares et aéroports et Fluctuo, sur des sujets de mobilité douce.
Le fonds prévoit de garder des participations minoritaires dans ses startups. « On ne se voit pas du tout comme l’anti-chambre du M&A. Nous ne nous interdisons pas de racheter une startup du portefeuille si cela s’avère stratégique, mais ce n’est pas l’objectif », confie Lucas Rudolf.