Le cloud computing est l’ensemble des ressources informatiques - stockage, calcul, logiciels, base de données - auquel on accède via Internet. Le cloud centralisé traditionnel stocke et gère toutes les données et ressources informatiques dans un data center, tandis qu'un cloud distribué répartit ces données et ressources sur plusieurs emplacements géographiquement dispersés.
« Le marché du cloud computing vaut aujourd’hui 1 trillion de dollars, avec une croissance annuelle de 20 %, encore accélérée par la montée des IA Génératives, qui génèrent une consommation d’énergie supplémentaire », explique David Gurlé, fondateur et ex-CEO de la licorne Symphony qu’il a quittée pour créer Hive en 2022.
La startup compte déjà 25.000 utilisateurs dans plus de 150 pays depuis le lancement de son cloud distribué en octobre 2023. Soutenue par l’INRIA et Bpifrance dans un objectif de construction d’un cloud souverain, alternatif, et durable, Hive vient de finaliser une levée de fonds de 12 millions d’euros en série A menée par SC Ventures, suivie par OneRagtime et des investisseurs privés.
Partager l’espace inutilisé des appareils pour les redistribuer dans un cloud participatif et durable
Les systèmes de cloud traditionnels et centralisés sont aujourd’hui questionnés en raison de leur coût énergétique phénoménal, et des problèmes de souveraineté numérique et de sécurité des données qu’ils posent, les serveurs étant victimes de cyberattaques de plus en plus fréquentes.
En parallèle, 10 milliards d’appareils sont connectés à Internet chaque jour, dont l’utilisation du disque dur et de la capacité de stockage est sous-exploitée pour le calcul : seulement 5 % des capacités d’un ordinateur personnel seraient utilisées, 10 % dans les data centers. « On se trouve face à un paradoxe : les ordinateurs sont de plus en plus puissants, de moins en moins utilisés, et on achète de plus en plus de serveurs qu’on utilise également moins. Je me suis donc demandé comment rééquilibrer le système, en imaginant un logiciel capable de fédérer les ressources numériques disponibles partout dans le monde, dans un contexte communautaire. Notre logiciel donne également de la transparence sur ces ressources hétérogènes et dispersées, comme si c’était un cloud distribué, mais décentralisé. »
Hive s’est adressé aux particuliers dans un premier temps. Les utilisateurs qui partagent leurs ressources sur ce cloud distribué bénéficient d’une réduction sur leur abonnement : s’ils partagent plus qu’ils n’utilisent, ils ne paient quasi rien. Hive peut ainsi se substituer à un abonnement iCloud, Google ou Dropxbox, en moyenne 30 % moins cher que les prix du marché. D’un point de vue environnemental, le logiciel ne produit aucune énergie supplémentaire puisqu’il n’utilise que la ressource existante. Le tout dans un environnement sécurisé avec les données de chaque utilisateur encryptées sur une clé personnelle.
Hive cherche désormais à adresser le marché des entreprises
Cette levée de fonds de 12 millions d’euros doit permettre de construire de nouveaux logiciels pour adresser le marché des entreprises et les aider à gérer efficacement leurs dépenses liées au cloud, à réduire leur dépendance à l’égard des serveurs traditionnels, et à diminuer la consommation d’énergie du secteur qui a déjà augmenté de 55 % en l’espace d’un an. « Les entreprises ont tout particulièrement besoin de notre produit : imaginez une grosse structure qui dispose d’une flotte de 100.000 ordinateurs de bureaux. Ceux-ci sont encore moins utilisés que ceux des particuliers, alors qu’ils sont allumés 24h/24. Il y a des ressources numériques gigantesques à mettre en réseau pour l’utilisation de stockage et de calcul interne de l’entreprise. »
Avec son produit HiveCompute, la startup souhaite entre autres répondre aux besoins de puissance de calcul pour l’IA Générative des entreprises. Hive souhaite également profiter de cette levée pour doubler ses équipes, déjà constituées d’une quarantaine de personnes, accélérer son expansion à l’international et investir dans les efforts de vente et de marketing pour atteindre les 100.000 utilisateurs d’ici la fin de l’année. « Les nouvelles générations sont de plus en plus conscientes de ce gâchis numérique, et notre cloud distribué offre une solution alternative, durable et souveraine », conclut David Gurlé.