Créé en 1999, Crédit Agricole Création est le fonds d’investissement du Crédit Agricole Centre-Est, l’une des 39 caisses régionales du groupe. Avec plus de 30 participations actives en portefeuille, le fonds investit dans les départements du Rhône, de l’Ain, de la Saône-et-Loire et dans le nord des départements de l’Isère, de la Drôme et de l’Ardèche. Crédit Agricole Création investit sans contraintes sectorielles, de l’amorçage à la série A dans des startups innovantes en recherche d’accélération industrielle ou commerciale. Pour en apprendre plus sur ce fonds régional, Maddyness a rencontré Laurent Saccucci, responsable des investissements.
Quatre à cinq investissements par an en early-stage
Créé il y a 25 ans, le fonds était au départ doté de 10 millions d’euros. « Nous avons été l’un des tout premiers fonds bancaires dédiés à l’investissement dans l’innovation », commente Laurent Saccucci. À l’époque, le Crédit Agricole Centre-Est souhaite soutenir l’ensemble de l’innovation sur son territoire. En 2018, un pivot est opéré pour se concentrer sur des investissements de type capital-risque uniquement et la taille des tickets augmente donc. « Avant 2018, les tickets étaient entre 50 000 et 200 000 euros. Depuis 2018, nous investissons entre 200 000 et 500 000 euros en tickets initiaux et nous pouvons monter jusqu’à 1,2 million d’euros par ligne », partage Laurent Saccucci.
Avec la caisse régionale Centre-Est du Crédit Agricole comme seul souscripteur, Crédit Agricole Création est un fonds evergreen. « Cela nous permet de proposer du capital un peu plus patient que d’autres fonds », souligne Laurent Saccucci. Le fonds déploie en moyenne 1,5 à 2 millions d’euros supplémentaires chaque année. Récemment, une enveloppe de 5 millions d’euros supplémentaires a été accordée, portant sa capacité d’investissement à 25 millions d’euros.
Crédit Agricole Création réalise entre 4 et 5 investissements par an sur des tours allant de l’amorçage à la série A. « Compte tenu de la taille de nos tickets, nous participons majoritairement à des tours d’amorçage », précise Laurent Saccucci. « Mais nous restons tout de même pertinents sur les tours de série A. En plus des fonds, les investisseurs viennent aussi chercher tout ce que nous pouvons mettre à leur disposition : le réseau bancaire, les financements non dilutifs, les assurances et toutes les autres expertises du groupe », ajoute-t-il.
Trois secteurs phares : greentech, santé et digital
Le fonds investit systématiquement en minoritaire et en suiveur. La caisse régionale du Crédit Agricole étant elle-même souscriptrice d’un certain nombre de fonds, les co-investisseurs sont souvent des fonds partenaires du groupe. Ces investissements en fonds de fonds innovation représentent 5 à 6 millions d’euros par an. Des partenariats qui permettent aussi de nourrir le dealflow du fonds Crédit Agricole. « Les fonds partenaires nous permettent d’accéder à certains tours de table. En plus de cela, nous sommes très bien identifiés dans la région lyonnaise, en tant que partenaire de proximité », ajoute Laurent Saccucci.
90% des investissements sont réalisés dans la métropole lyonnaise, mais le fonds co-investit également avec d’autres fonds régionaux dans les régions limitrophes. « Cela nous permet d’aller sur d’autres thématiques et de diversifier encore plus nos investissements », commente Laurent Saccucci.
Avec un fort prisme régional, Crédit Agricole création ne s’impose pas de barrière sectorielle, mais trois secteurs liés au tissu économique local ressortent malgré tout : les greentech, la santé et le digital, représentant chacune un tiers des investissements. « Récemment, les projets greentech ont pris de plus de en plus de place. Il y a quelques années, il était difficile de faire aboutir ces projets, mais avec le plan de France 2030, certains ont aujourd’hui la capacité de trouver les fonds pour passer la phase industrielle », partage Laurent Saccuci. « Lyon, qui a un historique important autour de la chimie, a pu attirer de nombreuses compétences dans ce domaine », ajoute-t-il.
Le fonds a notamment investi dans Mecaware, qui recycle les rebuts de production des gigafactories comme Verkor, Recyc’Elit, qui permet de recycler des textiles complexes ou Revcoo qui capture le CO2 à la sortie des cheminées industrielles.
Crédit Agricole Création est également en pointe sur les sujets de santé et notamment d’oncologie. « Sur ce secteur aussi, la ville de Lyon est un terreau fertile nourri par des entreprises comme Sanofi ou Biomérieux », commente Laurent Saccucci. Le fonds a par exemple investi dans Amolyt Pharma, une société spécialisée dans le traitement des maladies endocriniennes rares, qui a levé 130 millions d’euros en janvier dernier. Il a récemment cédé sa participation dans Mablink, revendu en début d’année au groupe pharmaceutique américain Eli Lilly.