« On ne peut pas parler de digitaliser le monde entier sans parler de confidentialité. Et pourtant, aujourd’hui, les blockchain sont publiques, tout comme la majorité des données utilisées par l’intelligence artificielle. » Rand Hindi, entrepreneur dans l’âme et passionné de code informatique depuis ses 10 ans, s’est rapidement intéressé au « chiffrement homomorphe », capable de crypter les données informatiques. En 2020, l’entrepreneur s’est ainsi associé à Pascal Paillier, inventeur d’un cryptosystème. Ensemble, ils ont lancé un logiciel nommé Zama, utilisant cette technologie pour préserver les informations des acteurs de la blockchain et de l’IA.
« Au départ, cette technologie avait plusieurs gros défauts. D’abord, elle était très lente, limitée en termes d’usages mais également très difficile à utiliser », souligne Rand Hindi. Pour simplifier son utilisation, les fondateurs de Zama ont développé des solutions en open-source, faciles à utiliser, et qui s’intègrent directement dans les outils de leurs clients. « Nous avons multiplié par 100 la vitesse de calcul des données chiffrées », indique Rand Hindi. Après quatre années de R&D, une première levée de fonds d’un million d’euros en 2020 puis une seconde de 7 millions d’euros en 2021, Zama se lance enfin sur le marché. Pour accélérer son développement commercial, la startup annonce une levée de fonds en série A de 73 millions de dollars auprès de Multicoin Capital et Protocol Labs, avec la participation de Metaplanet, Blockchange Ventures, VSquared, et Stake Capital, ainsi que des pionniers de la blockchain tels que Juan Benet (fondateur de Filecoin), Anatoly Yakovenko (co-fondateur de Solana), et Gavin Wood (co-fondateur d'Ethereum et co-créateur de Polkadot).
Se positionner dans le domaine de l’IA
« Le but est d’adresser les acteurs de la blockchain car notre technologie est mature pour ce secteur. Elle n’est toutefois pas encore assez rapide pour être intégrée dans des outils d’IA ou sur le cloud », indique Rand Hindi. Grâce aux fonds réunis lors de ce tour de table, Zama envisage donc de poursuivre ses travaux de R&D afin de continuer à améliorer son logiciel et adresser de nouveaux usages. La startup qui compte 70 salariés, dont 35 chercheurs, souhaite également recruter pour accompagner ses clients en production.
A terme, l’ambition de la société est donc de se positionner dans le domaine de l’IA. « La blockchain est une manière d’aborder le marché mais le but pour nous est d’aller au-delà, de développer notre technologie dans le cloud et l’IA. Dans 10 ans, la majorité de nos revenus proviendront surement d’applications dans l’intelligence artificielle », estime le dirigeant, qui envisage de développer de nouvelles solutions de chiffrement rapides dans les 2 ou 3 ans à venir. « Nous envisageons un monde où la confidentialité des données n’est pas une préoccupation secondaire, mais plutôt garantie par la conception. Et on ne peut pas imaginer des systèmes d’IA a l’échelle globale si on n’a pas les moyens de protéger leurs données », estime Rand Hindi.
« Ne pas être tributaires des soubresauts du marché »
Enfin, le reste des fonds levés par la société servira de trésorerie. « Grâce à cela, nous avons un peu de visibilité pour les prochaines années, sans être tributaire des soubresauts du marché. Nous devons créer de la pérennité le plus vite possible pour que nos clients aient confiance en nous. D’où l’intérêt de travailler également en open-source. Si Zama disparaît, nos entreprises clientes auront toujours accès à leurs données chiffrées. »