En analysant les données et tendances issues d’un échantillon de 10 343 startups, Numeum, syndicat et organisation professionnelle de l’écosystème numérique en France, dévoile un bilan positif de l’écosystème des startups françaises de la French Tech. En effet, l'étude constate une croissance soutenue de l’emploi, malgré un contexte économique mondial tendu et des financements moins accessibles. Avec plus de 36 000 postes créés par 16 800 startups, le marché de l’emploi n’a pas subi un décrochage, contrairement à ce qui pouvait être attendu, mais a bénéficié d’une croissance de 9,4%, contre 15% en 2022 et 14% en 2021.
« Le "décrochage" de 2023 n’est pas survenu, même si le second semestre de l’année 2023 démontre en effet une transition pour les startups françaises, de la croissance "à tout prix" vers la rentabilité. On ne recrute plus pour permettre l’hyper croissance, mais pour faire face à la demande client », précise Guillaume Buffet, administrateur chargé de la Commission startup de Numeum. « Ce réalignement a été plus rapide, dès le premier semestre, dans certains secteurs, ou par exemple, pour les startups ayant bouclé les opérations de levées les plus importantes de ces deux dernières années. Il s’est généralisé depuis, ce qui explique sans doute ce second semestre plus stable. »
Un bilan positif de l’emploi … à géométrie variable
Bien que le bilan soit favorable, la création d’emploi chez les startups françaises s’est pourtant montrée inégale sur l’année écoulée. Tout d’abord, si le premier semestre s’est montré particulièrement dynamique (20 700 créations d’emplois), le second semestre a été marqué par un ralentissement important (4 200 créations d’emplois), représentant seulement 17 % des emplois créés sur l’année.
Ensuite, il convient de remarquer des disparités territoriales et sectorielles : l’Île-de-France, qui concentre près de la moitié des startups françaises, a généré 60% des emplois créés pour atteindre aujourd’hui 7 900 entreprises et plus de 255 000 emplois. Dopée par la présence des fonds de capital-risque et de nombreuses structures d’accompagnement, la région confirme sa position dominante, au grand dam des régions géographiquement proches de la capitale.
« La carte de la répartition des startups en France démontre que les régions les plus proches de la capitale sont les moins créatrices de startups. Cela démontre la capacité d’attraction de la région capitale, et de Paris en particulier », précise Guillaume Buffet « Les structures d’accompagnement les plus emblématiques se situent dans Paris intra-muros et nombreuses sont les startups à se créer dans Paris, même si les fondateurs, et pour partie leurs équipes depuis la généralisation du télétravail, peuvent être issus d’autres régions. »
Même si la part des startups franciliennes diminue légèrement d’année en année au profit des autres régions, le reste du classement apparaît similaire à celui des années précédentes : l’Auvergne-Rhône-Alpes se hisse à la deuxième place du classement des régions, avec plus de 2 000 emplois créés en 2023, suivie par les régions Occitanie, PACA et Nouvelle-Aquitaine.
La GreenTech est le secteur qui génère le plus d'emplois
La GreenTech s’illustre en 2023 en générant 4 900 emplois, soit 20 % des créations au niveau national. Avec 2 900 emplois, la Fintech arrive en seconde position, suivie de près par la TransportTech et ses 2 700 nouveaux emplois. Plus de 43% des créations d’emplois de l’année proviennent de ces trois secteurs.
« Depuis plusieurs années, nous avons démontré avec Motherbase que l’Europe était la région du globe la plus dynamique en termes de création de startups Greentech, Cleantech et Climatech », rappelle l'administrateur de Numeum. « Ce sont aujourd’hui plus de 4000 startups du domaine que nous suivons sur le vieux continent ! Jusqu’à 2021, ces startups, particulièrement innovantes, peinaient pourtant à rencontrer leur marché. Depuis la fin de la crise Covid, le marché s’accélère. Les entreprises et les collectivités cherchent à limiter leur empreinte sur le climat et l’environnement et se tournent de plus en plus vers les startups du secteur. Les emplois suivent naturellement. »
Une dynamique positive pour 2024
Pour ce début d’année 2024, avec un échantillon de 14 262 startups, une dynamique positive en termes d’emplois semble se dessiner, avec 1250 créations d’emplois, soit une progression mensuelle de 0,4% malgré un fort manque de profils IT.
« La France subit une très forte pénurie de talents dans le domaine de la tech. On estime le déficit à plus de 180.000 pour ces prochaines années. Cette question est d’ailleurs l’occasion de tirer le signal d’alarme face au manque de plus en plus flagrant de jeunes filles et de femmes dans les filières scientifiques et technologiques en France », conclut Guillaume Buffet. « Enfin, les dynamiques d’emploi de ces deux dernières années démontrent qu’il est très difficile de faire des prévisions. Les inversions de tendances sont courantes et rapides. Les perspectives 2024 du secteur dans son ensemble sont positives selon cette analyse. D’autre part, les chiffres de l’emploi dans les startups en janvier laissent présager une tendance comparable à celle du second semestre, sur ce début d’année 2024. »