Décryptage par Maddyness avec l'ambassade du Royaume-Uni en France
écrit le 7 février 2024, MÀJ le 14 février 2024
7 février 2024
Temps de lecture : 8 minutes
8 min
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Pourquoi le Royaume-Uni mène la course à l’innovation en matière de climat et de développement durable

Alors que les objectifs de neutralité carbone se profilent à l’horizon, les fondateurs de projets liés au climat ont besoin d'une nouvelle plateforme pour innover et faire évoluer leurs projets. Le Royaume-Uni est bien placé pour assurer ce rôle.
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Cela fait des années que le Royaume-Uni participe à fixer le calendrier de la lutte contre le changement climatique. Le pays a ouvert la voie en matière de surveillance de la pollution de l'air avec son enquête nationale (National Survey) dans les années 1960. Puis, en 2008, il est devenu le premier pays à inscrire dans la loi des objectifs en matière d'émissions avec le Climate Change Act. Des accords internationaux tels que le protocole de Kyoto et la CCNUCC (convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) lui ont permis de collaborer avec des pays tels que la France dans son ambition de lutte contre le changement climatique et de transition vers la neutralité carbone.

Le gouvernement britannique reste déterminé à soutenir les fondateurs de projets liés au climat, au Royaume-Uni comme à l'étranger. Dans sa déclaration d'automne 2023, le ministre des Finances a annoncé un accélérateur de croissance pour les industries vertes (Green Industries Growth Accelerator ou GIGA) doté de 960 millions de livres. Ce projet s’intéresse d’abord aux capacités de fabrication dans les domaines de la capture, de l'utilisation et du stockage du carbone (CCUS), mais porte aussi sur l'hydrogène, l'éolien en mer, les réseaux électriques et le nucléaire.

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Le Premier ministre Rishi Sunak, qui s’est fait remarquer pour son soutien enthousiaste aux startups, a aussi soutenu l'initiative Cleantech for UK, une coalition de startups, d'investisseurs et d'entreprises, soutenue par Breakthrough Energy de Bill Gates. Son objectif ? Dynamiser l'innovation britannique en matière de technologies propres.

Les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles. Dans ce contexte, que réserve le Royaume-Uni aux startups qui cherchent à mettre au point des solutions innovantes pour transformer les comportements des consommateurs et des entreprises ? Nous nous sommes entretenus avec deux startups françaises, Greenly et Back Market, qui se sont installées au Royaume-Uni pour étendre leurs activités.

La demande en matière d'action climatique

Sans une demande généralisée, il est parfois difficile de faire décoller les projets. Or, le Royaume-Uni bénéficie d'un vaste marché de consommateurs et d'entreprises à la recherche de solutions climatiques.

C’est ce que Thibaud Hug De Larauze, PDG et cofondateur de la plateforme d’achat de produits technologiques reconditionnés Back Market, a constaté en étendant son activité au Royaume-Uni après son lancement initial sur le marché français. 

« Pour Back Market, le Royaume-Uni était le lieu idéal, car l'industrie du reconditionnement y est déjà bien établie. Nous savions que le pays serait ouvert à notre expansion, tant du côté des vendeurs que de celui des acheteurs », explique Thibaud Hug De Larauze. Le fait que l'achat d’ordinateurs ou de smartphones reconditionnés soit déjà normalisé constituait un avantage, et l’entreprise n’a pas eu à se démener pour éduquer et influencer le marché : celui-ci était déjà prêt.

La question de la durabilité n’explique pas à elle seule l’existence de ce marché solide : le souci de l'accessibilité financière a joué un rôle important dans son développement. « Pour de nombreuses personnes, l'achat de nouveaux objets technologiques n'est tout simplement pas envisageable en raison des prix exorbitants. Le reconditionné joue donc un rôle essentiel en comblant ce fossé technologique et en offrant une alternative bon marché », explique Thibaud Hug De Larauze

Les consommateurs ne sont pas les seuls à vouloir changer leurs habitudes pour plus de durabilité. Les entreprises aussi cherchent de nouveaux moyens d’améliorer leurs processus et de s'orienter vers la neutralité carbone, que ce soit par choix stratégique ou par obligation légale.

L’entreprise Greenly participe à cette transition, et s’est donné pour mission de rendre la gestion du carbone plus accessible. Pour Laetitia Carle, sa directrice d’exploitation, « trop d'entreprises étaient exclues du marché de la comptabilité carbone et ne pouvaient pas mesurer leurs émissions parce que les méthodes existantes étaient trop coûteuses. Nous avons donc créé une plateforme pour rendre ces procédés simples et précis, même pour les petites entreprises »

Cela s'est avéré particulièrement important sur le marché britannique, notamment parce que celui-ci est bien plus mature que les marchés européens en matière de comptabilité carbone. « Les entreprises y sont sensibles aux questions liées au réchauffement climatique et recherchent activement des solutions », explique Laetitia Carle. Cette évolution est en grande partie motivée par le Streamlined Energy and Carbon Reporting (SECR), une mesure qui oblige les grandes entreprises (celles de plus de 250 employés, avec un chiffre d'affaires de 36 millions de livres ou un bilan de 18 millions de livres) à publier des informations sur leur consommation d'énergie et leurs émissions de carbone dans leurs rapports annuels. « Ces régulations sont beaucoup plus abouties qu'en France », souligne Laetitia Carle. 

Et pourtant, Greenly a aussi été avantagée par le fait que la concurrence britannique dans ce domaine est limitée, et moins rude. « Il n'y a pas de concurrent local suffisamment grand pour contrôler les parts de marché », explique Laetitia Carle. Cela a placé son entreprise dans une excellente position, lui permettant d'obtenir un retour sur investissement bien plus important que sur des marchés plus concurrentiels.

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Les talents scientifiques et spécialisés

Il est un autre facteur de taille, qui distingue le Royaume-Uni du reste de l’Europe : la force de son réseau de talents. Pour les acteurs des secteurs du climat et du développement durable qui cherchent à recruter les meilleurs scientifiques et spécialistes, il représente un atout considérable.

Pour Greenly, il était important de bénéficier d’une culture favorable au travail à distance, mais l’entreprise a également choisi d’investir dans un bureau central à Londres, où les employés peuvent se réunir. « Cela favorise la culture d’entreprise, les performances et l'échange d'idées. C’est moins le cas aux États-Unis, où tout est beaucoup plus dispersé », explique Laetitia Carle.

Les entreprises installées au Royaume-Uni bénéficient de la présence de dizaines d'universités majeures, à la pointe de l'innovation climatique. Oxford University fait partie des chefs de file. Son Environmental Change Institute est une des plus anciennes organisations interdisciplinaires dédiées à la recherche de solutions climatiques, et son Wadham College a accueilli l'année dernière le premier Planet Positive Lab en partenariat avec Founders Factory, une société de capital-risque qui soutient les fondateurs d'entreprises climatiques en phase de démarrage. Il faut également mentionner Cambridge University et Imperial College London, qui se classent toutes deux dans le top 10 mondial pour l’enseignement des STEM, selon QS. Plus au nord, la réputation d’Edinburgh University croît à mesure qu’elle soutient des startups innovantes dans le domaine du climat. En partenariat avec l'Edinburgh Earth Initiative, elle accueille chaque été un accélérateur de startups d'une durée de 12 semaines, qui vise à soutenir et à développer les innovations lancées dans le cadre de l'université.

L'écosystème de la collecte de fonds pour le climat

Talents et marché mis à part, où sont les financements adéquats pour développer votre idée ? Les startups qui s'installent au Royaume-Uni bénéficient d'un vaste réseau de capitaux, largement supérieur à celui du reste de l'Europe. En 2023, le Royaume-Uni investissait 1,1 milliard de dollars dans des startups climatiques en phase de démarrage, ce qui le plaçait derrière les États-Unis et l'Allemagne en termes de volume total. Ce chiffre a augmenté de plus d'un quart par rapport à 2022, ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis.

Au-delà du volume, il faut aussi souligner la nature de ce capital. Les technologies climatiques requièrent des investisseurs orientés vers le risque, qui n'ont pas peur des longs délais et du risque technologique plus conséquent qui accompagne le fait de travailler sur le climat.

Laetitia Carle, chez Greenly, y a vu un des principaux avantages à s'installer au Royaume-Uni. « Le marché est plus dynamique qu’en France », explique-t-elle, en soulignant que de nombreuses succursales européennes de grands fonds américains sont installées au Royaume-Uni, et notamment à Londres.

Être physiquement installé au Royaume-Uni présente donc des avantages quand il s’agit d’avoir ces conversations. « Le fait que votre équipe et votre produit se trouvent au Royaume-Uni a un poids certain lorsque vous vous adressez à des investisseurs. Ils peuvent rencontrer l'équipe et assister à une démonstration en personne. Ce sont de petites choses qui aident », explique Laetitia Carle.

S'implanter au Royaume-Uni est une décision stratégique que de nombreuses startups, en particulier européennes, envisageront à un moment ou à un autre de leur parcours. La taille du marché britannique, la force de son écosystème de collecte de fonds et la qualité de ses talents en font une formidable opportunité pour certaines entreprises. Pour celles qui cherchent à développer des solutions climatiques rapidement afin de faire face à l’urgence, il est difficile d'ignorer ces atouts.

Le service commercial de l'ambassade britannique à Paris apporte son soutien aux entreprises françaises qui souhaitent s'implanter au Royaume-Uni. Cliquez ici pour en savoir plus.

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