La startup française Share My Space, qui déploie des stations de télescopes pour surveiller l'espace et anticiper les menaces de collision posées par la prolifération des débris spatiaux et des satellites, a annoncé mardi avoir levé 10 millions d'euros et changé son nom en Aldoria. Ces nouveaux financements ont été levés auprès des fonds Starquest Capital, spécialisé dans la finance verte, Expansion Ventures, de Wind Capital, du Conseil européen de l'innovation, de Bpifrance et de Space Founders, une émanation du CNES. Cette levée porte à 22 millions d'euros les financements de la jeune pousse créée en 2017.
L'agence spatiale européenne (ESA) dénombre 36 000 débris de plus de 10 centimètres et un million de plus d'un centimètre qui tournent en orbite à 28 000 km/h autour de la Terre. Mais aussi 9 000 satellites actifs en orbite et 40 000 en 2030, observe Romain Lucken, le PDG d'Aldoria. Autant de risques de collisions potentielles, sans compter les manœuvres hostiles de satellites, ou celles destinées à développer l'économie du service en orbite, qui requièrent un repérage précis des objets en orbite basse.
De 6 stations de télescopes à 12 à l'horizon 2025
La société dispose de six stations de télescopes, et en prévoit 12 d'ici 2025, répartis dans le monde pour scruter tant l'orbite basse, à quelques centaine de kilomètres de la Terre, que l'orbite géostationnaire à 36 000 kilomètres. «On est présent sur quatre continents, ce qui nous permet d'avoir une couverture complète de l'arc géostationnaire, et une couverture partielle des orbites basses. Maintenant, on veut produire beaucoup plus de données et étendre notre réseau de surveillance pour avoir une vision complète de la situation orbitale avec un taux de revisite quotidien», explique Romain Lucken à l'AFP.
L'an passé, Aldoria a effectué 230 000 mesures sur 5 000 «objets», dont une centaine qui n'étaient pas référencés dans les catalogues publics publiés par les États-Unis, et d'anticiper 2 500 «rapprochements» pouvant mener à une collision, affirme Romain Lucken. Les télescopes permettent de voir des débris correspondant à la taille de «deux iPhone côte-à-côte en orbite basse ou une boîte à chaussures en géostationnaire» et de détecter une situation de collision potentielle «jusqu'à 15 jours avant», selon lui.
Ces nouveaux financements doivent permettre à la startup toulousaine de développer son «système d'information orbital» permettant de traiter les données en temps réel, de compléter son réseau et de développer de nouveaux capteurs infrarouges permettant de s'affranchir de la couverture nuageuse. La prévention des risques de collision en orbite est source d'un marché de 4 milliards de dollars à l'échelle mondiale, tant pour les besoins militaires, des opérateurs de satellites ou de lanceurs, que des assurances, souligne le patron d'Aldoria, qui revendique 20 clients dans sept pays.